Bad Karma (Bayou détective, #1) de C. C. Mahon

  • Titre : Bad Karma (Bayou détective, #1)
  • Autrice : C. C. Mahon
  • Éditeur : auto-édition
  • Catégorie : policier, fantastique

Ayant reçu le premier tome de la série Bayou détective de C. C. Mahon dans le cadre du partenariat avec Les Plumes de l’imaginaire, je l’ai sélectionné dans ma PAL du Pumpkin Autumn Challenge dans le Menu Automne Frissonnant. L’histoire se passe en Louisiane, riche en fantômes et démons, elle était parfaite pour la catégorie Ghost Hunt.

Noter que Bayou détective se déroule après la trilogie Bayou Fantasy que je n’ai pas lue. Je n’ai pas été gênée lors de ma lecture, car l’autrice insère certains éléments du passé des deux détectives privés. Ça pourrait s’apparenter au divulgâchage. Toutefois, j’ai tellement apprécié les personnages que ça m’a donné envie de me plonger dans le récit de leur rencontre.  

Prudence et Moore se rendent à Beau Séjour pour enquêter sur un mystérieux fantôme qui balance des objets à la tête des touristes. Juju, imminent sorcier et ami, leur a seulement demandé de vérifier la véracité des faits et la présence réelle d’un spectre à exorciser. Cependant, le professionnalisme de Moore le pousse à découvrir l’identité et le meurtrier du poltergeist au grand dam de sa collègue qui redoute son expérience passée avec le monde surnaturel. Leur investigation va déterrer plus d’un secret terrifiant et scandalisant.

L’univers de Bad Karma se déroule au cœur de La Louisiane historique avec ses plantations de cannes à sucre dirigées par les maîtres blancs qui exploitent les esclaves noirs. De nos jours, Beau Séjour est devenu un lieu touristique qui privilégie la suprématie des maîtres à la réalité des opprimés. La majestueuse demeure est mise en avant alors que le quartier des esclaves est soigneusement dissimulé sous la végétation. Enfin, c’était la gestion de l’ancien directeur : Auguste Gauthier. Sa remplaçante, Grace Morgan, a une tout autre vision. L’application de ses décisions semble coïncider avec le début des événements mystérieux.

« Ce n’est pas parce que le passé est désagréable qu’il faut le glisser sous le tapis. »

Le récit oscille entre sphère humaine et fantastique. À un moment, on se demande si l’origine des maux prend sa source dans la première, l’instant d’après, on croit que la vérité se trouve dans la seconde. J’ai adoré la façon dont l’autrice tisse la toile de cette intrigue. Même si les thèmes (racisme, esclavagisme) et la trame de fond ont déjà été exploités par pléthore d’écrivain.es, sa manière de tricoter l’histoire m’a entraînée dès les premières pages. D’autant plus que ses protagonistes sont attachants.

Prudence a abandonné ses études. Les épreuves qu’elle a endurées ont baissé l’estime en ses capacités. Elle se sent plus fragile qu’elle ne l’est. C’est pourquoi Juju lui a fabriqué un bracelet protecteur. Au fil de l’enquête, elle va apprendre les ficelles du métier de détective. Les bons, comme les mauvais côtés. Son empathie rend l’exercice du rôle d’actrice difficile. Elle n’aime pas interroger les personnes ébranlées par la disparition de leur proche ni mentir pour obtenir des informations sans éveiller la méfiance. À travers ce personnage, C. C. Mahon exploite la complexité et la noirceur de l’âme humaine par la question : doit-on rendre justice à un criminel qui a été assassiné ?

Moore est un ancien policier originaire de New York. Né pour investiguer, il se reconvertit en détective privé et entraîne son amie pour l’aider à reconstruire une confiance en elle. Il croit en ses aptitudes et est déterminé à lui prouver. Prudence le nomme le chevalier servant, car il a une nette tendance à protéger la veuve et l’orphelin et à courir délivrer la princesse en détresse. Derrière sa droiture se cache un homme qui n’hésite pas à tirer profit de son côté beau gosse pour charmer les suspect.es et leur extorquer les indices.

J’aime leur duo. Leur amitié est palpable dans leurs gestes, leurs paroles et leurs disputes. Ils se taquinent en jouant sur leur différence du Nord et du Sud. Cette touche d’humour donne une légèreté au roman dont le style fluide élabore une atmosphère tantôt énigmatique tantôt terrifiante.

En bref, j’ai dévoré Bad Karma. Si le décor des plantations ne lui confère pas un cachet original, la construction de l’intrigue et son duo attachant ont verrouillé mon âme, à coup de signes Hoodoo, dans le monde élaboré par C. C. Mahon. Les tomes suivants et la série précédente sont d’or et déjà inscrits à ma wishlist.   

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