Le secret du Tsar de C. C. Mahon

  • Titre : Le secret du Tsar
  • Autrice : C. C. Mahon
  • Éditeur : Autoédition
  • Catégories : thriller fantastique, historique

L’hiver ayant finalement rejoint ma contrée en janvier, j’ai profité de la présence de la neige pour sortir Le secret du Tsar de C. C. Mahon. Une lecture de saison. Je remercie l’autrice des Plumes de L’imaginaire pour ce service presse et sa confiance !

1709. Nina débarque avec un groupe de serfs à Saint-Pétersbourg. Le Tsar délaisse Moscou pour construire sa nouvelle capitale sur les berges de la Neva. Loin de la ville rutilante qu’elle deviendra, la jeune femme découvre une cité en chantier où la boue et les insectes pullulent. Accompagnée de son amie Mikhaela qu’elle veut protéger à tout prix, elle mentira sur ses compétences de couturière pour la suivre aux cuisines où elle fera la rencontre du vieux Boden. L’étrange coupeur de légume et boucher. Dans cette ville en construction, des disparitions de jeunes femmes inquiètent Nina. Lorsque le tour de Mika arrive, elle est prête à tout pour la retrouver.  

Ce court roman nous plonge dans le récit dès les premières pages. Ensuite, le rythme devient plus lent en raison de la galerie de personnages qui nous sont présentés au fil des rencontres de Nina. Quand le malheur frappe son amie, je n’ai plus réussi à lâcher le livre bien que le déroulement de ce thriller fantastique reste classique. La plume de C. C. Mahon est efficace et brosse les scènes à coup de pinceau épais de noirceur et de réalisme. Elle exploite les lieux, les berges vaseuses d’un fleuve, et les techniques de construction de manière intelligente. Tout s’imbrique à la perfection. Vu la longueur du texte, je ne m’étalerai pas sur le world-building. Je vous laisse le découvrir en apprenant ce que cachent le Tsar et les disparitions des serves.

Le secret du Tsar est une histoire d’amitié. Nina accompagne Mikhaela dans ce nouvel endroit pour la protéger. Travaillant depuis de nombreuses années ensemble, elle ne peut lâcher son insouciante amie pleine de vie. Prudente, la jeune couturière prend des risques en se faisant passer pour une autre. Peu croyante, l’apparition de fantômes va fragiliser son monde et lui donner la confiance d’Ielenna. Contrairement à mes craintes, celle-ci sera une alliée. J’apprécie grandement que C. C. Mahon évite de tomber dans l’habituelle rivalité entre femmes, trop souvent employée dans la situation des deux serves ou dans d’autres genres.  

En bref, si Le secret du Tsar s’édifie sur la structure classique d’un thriller fantastique, l’autrice nous brode une histoire captivante. Si vous avez besoin de ce type de lecture, foncez.

Publicité

L’ombre de la foudre (#1) d’Alexandra G. Lauryne

  • Titre : L’ombre de la foudre (#1)
  • Autrice: Alexandra G. Lauryne
  • Éditeur : autoédition
  • Catégorie :urban fantasy

Débuter dans le monde du livre, c’est comme se propulser dans l’immensité de l’espace. C’est pourquoi je me suis proposée pour lire et chroniquer le tout premier roman d’Alexandra G. Lauryne. Une nouvelle autrice qui a le courage de se lancer en autoédition. Je la remercie chaleureusement pour sa confiance et espère l’aider à briller tels les constellations et les astres de notre ciel nocturne.

Après une enquête rudement menée sur les agissements véreux de gérants d’hôtels de luxe, Cassandra s’apprête à rentrer à Paris avec sa meilleure amie, Iris, et son amoureux, Fred quand un rêve prémonitoire l’incite à repousser son départ. Une fois dans le vol BA158, celui-ci disparaît des radars au niveau du fameux triangle des Bermudes. Durant ce laps de temps, Cassandra rencontre une déesse grecque emblématique qui l’invitera à accepter son destin et ses pouvoirs.

Ce roman d’urban fantasy prend sa source dans la mythologie grecque et principalement du mythe de la prophétesse Cassandre. L’autrice indique clairement qu’elle le remet à sa sauce pour notre plus grand plaisir. J’avoue avoir été relire le récit de la devineresse, car celui-ci était plutôt flou dans mon esprit. C’est mon petit péché mignon de vérifier les bases utilisées, détournées ou écartées par les auteur.rices. Je trouve cela toujours intéressant de voir comment iels élaborent leur histoire sur des légendes qui possèdent souvent des centaines de versions et dont on ne connaît qu’une poignée.

Je m’égare un peu, revenons à nos moutons olympiens. J’ai adoré sa manière d’intégrer les dieux grecs dans son roman qui exploite la notion du libre arbitre et l’espoir de voir en l’être humain une créature capable de s’extraire de la fange maléfique dans laquelle il s’embourbe. Bref, de faire le bien en prenant soin d’eux et de la Terre en quittant cette attitude autodestructrice qui anime bon nombre d’entre nous.

Ces thématiques sont l’enjeu de la partie d’échecs jouée par deux dieux. Une partie dont seule la première manche vient de finir. Et comme beaucoup de premier tome et de début de match, on ressent cette mise en place des pions : de notre trio et du rôle des passagers de l’avion. On assiste au développement des pouvoirs de l’élue, qui n’apprend pas à les maîtriser, mais qui doit dépasser sa peur la plus tenace, celle qui régit sa vie depuis son enfance.

Cassandra possède le don de prémonition. Elle reçoit ses visions soit en méditant soit en rêvant. Des songes qui s’apparentent souvent à des terreurs nocturnes. Suivant les conseils de sa grand-mère, Hélène, elle a toujours dissimulé son pouvoir par crainte d’être rejetée et étiquetée en tant que sorcière. La seule autre personne qui connaît son secret est Iris. Cassandra ose, néanmoins, se confier à son amant, Fred pour le convaincre de repousser le vol. Elle fera des pas titanesques pour dévoiler ses capacités et en être fière.

Les prémonitions font rarement l’objet d’un pouvoir ultra puissant dans les romans. L’urban fantasy n’est pas au cœur de mes lectures. Pourtant, j’ai l’impression que ce genre recourt bien plus souvent à des dons explosifs (magie élémentaire, par exemple) que passif qui engendre des scènes moins spectaculaires.

L’ombre de la foudre ne déroule pas sous nos yeux des actes époustouflants ou dignes de scénarios hollywoodiens. Si les passagers de l’avion disparu forment une armée, il n’y a pas de bataille emplie de sang et de bâtiments qui s’effondrent. Bon, il y a quand même certains épisodes violents et glauques (notamment de scènes d’intimidation), mais l’ensemble du récit s’apparente plus à un thriller humain que fantastique. Alexandra G. Lauryne a fait le choix de la subtilité en employant la sournoiserie et la manipulation. Une méthode bien plus efficace que des feux d’artifice qui nous éblouit qu’un court instant.

En opposition aux agissements de l’ombre, les exploits de « l’armée » collent parfaitement à la thématique défendue par la romancière. D’où les choix scénaristiques judicieux. Le but est d’inciter les humains à devenir une version meilleure d’eux-mêmes. Cela serait incohérent d’user de la violence. Les passagers prêtent main-forte à Cassandra et repousse le mal en posant des actes de bravoures sans violences. Et c’est là, l’originalité de l’histoire qui nous montre le chemin de l’évolution positive. Malgré les bassesses de l’ennemi, les héros ne s’abaissent pas à leur niveau et le font en gardant leur libre arbitre. L’un des points qui m’ont subjugué concerne les secrets de la déesse. Lorsque l’avion atterrit sur l’île, celle-ci ne divulgue pas l’objectif de la mission de Cassandra. Une manière d’éviter à la jeune femme de se sentir obligée d’endosser son rôle, car un enjeu pareil ne peut que mettre la pression sur les épaules d’une belle âme.

Une belle âme qui n’est pas pour autant une faible princesse. Cassandra défend la justice grâce à ses articles percutants qui dénoncent les malversations. C’est dans ce cadre qu’elle rencontre Fred. Celui-ci souhaite qu’elle dévoile les dessous nauséabonds de son entreprise. S’il se présente comme un protecteur au début du livre, j’ai été ravie de voir qu’il n’endossait pas le rôle de chevalier servant qu’il pensait être. Notre Cassandra peut se défendre seule. Elle n’est pas une princesse en détresse. L’amour entre eux fait partie intégrante de l’histoire. Toutefois, je n’ai pas ressenti l’attachement et ce qui découle des épreuves qu’ils traversent. Mon petit cœur de pierre a encore frappé. Cependant, j’apprécie grandement la fin du premier tome les concernant.

Fred a un côté espiègle. Il recourt à la boutade pour consoler Cassandra. Cependant, ses tentatives sont maladroites, car la légèreté ne convient pas aux sujets importants pour elle, comme toutes les femmes en fait. Je pourrais illustrer cela par cette phrase : un bouquet de fleurs n’effacera jamais nos problèmes ! Fred possède un don pour le mentalisme et l’hypnose. Cependant, on ne voit jamais ses capacités en action. Il n’apprécie pas Iris qu’il trouve étrange. Il se méfie des dieux et a un côté colérique.

Iris est mon personnage préféré grâce à son tempérament marginal. Positive, elle protège Cassandra sans l’étouffer. Elle est là en soutien lorsqu’elle en a besoin. Elle lui prodigue soins et pâtisseries à souhait. Gourmande, Iris croque la vie à pleines dents en profitant du moment présent. Dès le départ, un mystère s’installe autour d’elle, même si on le devine. J’aurais aimé plus d’interactions avec Cassandra. Ses apparitions m’ont paru trop courtes et peu nombreuses, bien qu’adéquates au récit. Tout comme Hélène que j’aurais adoré voir plus présente, car elle m’a conquise dès son intervention à l’écran.

L’antagoniste se révèle détestable et j’aime ça. Je ne lis pas ou ne regarde pas souvent d’histoire sur la mythologie grecque. Pourtant, les exemples qui surgissent dans ma mémoire le présentent tous comme un grand dieu respecté. Je remercie Alexandra G. Lauryne de l’avoir enfin dépeint comme l’horrible personnage qu’il est : un pervers qui se croit tout permis. Même si elle lui prête des idées écologiques bénéfiques pour la planète, cela n’a pas adouci mon regard sur cet être que trop d’hommes ont pris en exemple au cours de notre Histoire. J’aimerais souligner le fait qu’elle n’a pas employé l’habituel antagoniste divin pour construire son récit. Nous verrons bien ce que nous réserve le tome 2, mais éviter de diaboliser Hadès fait du bien.

La plume incarne les émotions fortes comme la colère et l’injustice avec brio. En quelques lignes de dialogue, le portrait des personnages est dressé avec justesse. On sait à qui on a affaire. Cependant, la description ou le résumé des faits se glissent un peu trop dans la narration à mon goût, notamment concernant l’enquête menée par Cassandra aux Bermudes. Toutefois, certains de ces passages sont nécessaires malgré la sensation de longueur, en raison de leur cohérence et de leur poids dans l’histoire. Je pense, par exemple, aux questionnements et à l’investigation faisant suite à la disparition de l’avion. Il aurait été incongru que l’autrice passe cela sous silence ou trop facile qu’un sortilège d’oubli soit jeté à l’ensemble de la population terrienne. Par ailleurs, cet épisode témoigne des recherches pointues de la romancière sur le domaine de l’aviation et de ses procédures. J’avais l’impression de regarder un reportage sur l’un des avions disparus dans le triangle des Bermudes. Cette capacité à se fondre dans l’univers qu’elle exploite se retrouve également dans les apartés des dieux qui empruntent à la prose des grandes pièces du théâtre classique. J’ai ressenti la prestance et la grandiloquence des divinités de l’Olympe. Le seul petit bémol que je retiens concerne l’absence de l’écriture de Cassandra. Journaliste reconnue, elle est dépeinte comme ayant la plume aussi acérée et droite que l’épée de la justice. J’aurai aimé lire le début de l’article dénonciateur des malversations du complexe hôtelier en exemple, car notre héroïne se montre bien douce tout au long du roman. J’aurai adoré voir cette facette matérialisée.

En bref, le premier tome de L’ombre de la foudre emprunte une direction originale qui sied parfaitement à la thématique principale : rendre l’humain meilleur grâce aux actes de bonté qui lui vient du cœur. Prônant la subtilité au spectaculaire, l’autrice nous offre un roman d’urban fantasy sortant des sentiers battus. Malgré quelques longueurs au départ, j’ai eu des difficultés à lâcher cette revisite du mythe de Cassandre par la suite. 

La Candeur de la Rose (Les Chroniques des Fleurs d’Opale, #1) d’Ielenna

  • Titre : La Candeur de la Rose (Les Chroniques des Fleurs d’Opale, #1)
  • Autrice : Ielenna
  • Éditeur : Graphein Editions (auto-édition)
  • Catégorie : fantasy

J’ai reçu La Candeur de la Rose part 1 d’Ielenna dans l’une des box livresques d’Escape with a book. L’autrice étant présente au Salon du Livre de Wallonie à Mons, j’en ai profité pour le sortir de ma PAL malgré le peu de temps que me laissait septembre pour lire. Heureusement, je l’ai fini la vieille de l’événement au cours duquel je me suis procuré le second tome avec une magnifique dédicace.

Diphtil échappe de justesse au massacre de son village par le royaume d’Edenor. Elle se réfugie dans un monastère humain qui l’accepte uniquement à cause d’une prophétie. La marque sur son front l’identifie comme la descendante de la déesse Dorina. Le prêtre Sarin l’éduque telle une noble pour de noirs desseins. Désireuse de liberté, Diphtil fuit avec son frère et Astiran avec qui elle s’est liée d’amitié pendant ses années de captivité. Arrivera-t-elle à se souscrire à son destin ?

Ce premier opus se présente comme une longue introduction. Si l’attaque de Faritè nous propulse directement dans l’action, la suite prend son temps pour poser les pavés du chemin qui conduit Diphtil vers sa destinée. L’univers est plutôt simple et rapidement dépeint. Cinq races coexistent. Elles descendants chacune d’une divinité élémentaire. Le royaume d’Edenor (les humains) déteste les Neltiads (peuple du vent). En tout point identiques à leur voisin d’un point de vue anatomique, les Neltiads arborent des tatouages caractéristiques sur leurs bras dont est dénuée notre protagoniste. Outre cette différence, Diphtil porte une marque sur le front que Sarin identifie comme divine.

Les dix premières années de captivité sont résumées. Ainsi, on ne vit pas vraiment la naissance de l’amitié entre Diphtil et Astiran. Ce dernier a atterri chez son oncle qui l’exploite à la forge. Les moments qu’il partage avec la jeune Neltiade, lui sont précieux et le guidera à prendre son destin en main. Les deux âmes sont le reflet l’une de l’autre par la soif de liberté qui coule dans leurs veines.

Diphtil a beau avoir tout ce qu’elle veut : un toit au-dessus de la tête, une bonne éducation, des robes somptueuses, elle déteste l’idée de devoir obéir à une quelconque prophétie. Comme dans les romans qu’elle lit, elle désire être libérée par un prince charmant avec qui elle convolera en mariage. Elle sera bien surprise de voir que son sauveur sera son frère, Naid, qu’elle croyait mort. Elle n’hésite pas à le suivre, espérant tourner le dos à un destin prédit par Sarin et les divinités. Un long voyage commence où les rencontres seront tantôt enrichissantes, tantôt funestes.

La cruauté du monde la rattrape bien vite. Diphtil a beau avoir connu le sang lors du massacre de Faritè, elle est la douceur et la naïveté incarnée. Elle voit le bon en chacun, même en Yasalin avec laquelle elle ne cesse de se quereller en raison de leur caractère opposé. Elles sont similaires.  

Commandité par Sarin, Yasalin est une magicienne avide d’or et libertine. Elle dispose de son corps comme elle l’entend, à l’horreur de la prude Diphtil, qui se révèle pourtant entreprenante une fois les lacets de son corset desserrés. Si les miroirs inversent les traits, ils reflètent également des similitudes. Les deux femmes partagent toutes deux une force et une fragilité qui s’expriment de différentes manières et qui les rapprocheront au fur et à mesure des interactions et des révélations.

L’histoire de La Candeur de la Rose ne repose pas seulement sur les intrigues et les coups bas, mais aussi si la relation intime des quatre voyageurs, prenant un tournant romantique. L’amour entre Astiran et Diphtil est évident malgré les détours que leur histoire emprunte. Par moment, j’avais juste envie de secouer notre héroïne tant son aveuglement était immense. J’ai apprécié les taquineries verbales que nos deux tourtereaux se lancent. Ce qui m’a le plus étonné (positivement), c’est le comportement d’Astiran.

Le jeune homme espiègle qui n’ose avouer son amour caché depuis dix ans, se révèle prévenant plutôt que belliqueux face à Naid. Le frère ultra-protecteur voit d’un mauvais œil le rapprochement de l’humain avec sa sœur. Astiran n’entre pas dans son jeu et souhaite sincèrement se faire apprécier de ce raciste et, ce par respect pour Diphtil.

Une deuxième histoire de cœur se forme entre Naid et Yasalin. Bien plus tumultueuse qu’entre Diphtil et Astiran. La mage est mon personnage préféré du tome. J’adore le flou que l’autrice entretient à son sujet tout en ne dissimulant pas le tempérament de la sorcière. Yasalin vit avant tout pour elle. Alors que sa puissance est exceptionnelle, elle n’attaque pas de front les voyageurs, mais joue la carte du rapprochement pour connaître les raisons du commanditaire de sa mission. Je me suis délectée de son double-jeu et de ses répliques. Comme le premier couple, elle porte l’étendard de la liberté, du choix de son destin. Elle l’incarne par son rôle féministe dans le roman.

 « — Plus violent qu’une épée, plus vicieux qu’un poison : si vous désirez tuer une femme, offrez-lui une robe »

L’originalité de cette fantasy aux teintes de romance s’incarne dans la plume d’Ielenna. Je préviens tout de suite que tout le monde ne l’appréciera pas. Sa prose sonne tels les classiques de la littérature, avec une poésie qui lui est propre. La narration au vocabulaire soutenu est celle de Diphtil, éduquée comme une aristocrate. J’ai été déstabilisée par cette narration à la première personne à un moment donné, car celle-ci s’avère omnisciente. Lorsqu’on ne suit plus le groupe, elle ne change pas de narrateur. Je me suis souvenue du prologue qui présente le récit comme une lettre de Diphtil à sa fille, et de la nature divine du ce personnage. Cela n’est donc pas totalement incohérent vu comme ça.

En bref, si vous aimez les plumes poétiques au vocabulaire soutenu qui rappellent les classiques de littérature. Si vous adorez les histoires de destin et de liberté. Si les récits de fantasy où romance et tragédie se mêlent vous plaît, si vous désirez voir la pureté se teinter de noirceur, alors La Candeur de la Rose, part 1 est fait pour vous.

Revival (#1) d’A.D. Martel

  • Titre : Revival (#1)
  • Autrice : A.D. Martel
  • Éditeur : Autoédition
  • Catégories : science-fiction, young adult

Revival est un service presse lu dans le cadre du partenariat avec les Plumes de l’imaginaire. Je remercie chaleureusement A.D. Martel pour sa confiance.

Arya reçoit pour son douzième anniversaire le célèbre jeu à réalité virtuelle, Revival, au grand dam de son aînée, Julie. Malgré les problèmes financiers que son achat par son inconscient de père, engendre, cette dernière n’a pas cœur à supprimer le sourire radieux de sa sœur. Pourtant, elle aurait dû agir. Lors de la présentation officielle par le concepteur du jeu, Slanders Storm, un bug empêche les déconnexions. Enlever la nanodiode de la tempe entraîne la mort du joueur. Julie est prête à tout pour ramener Arya, même à s’allier à Samuel pour entrer dans Revival

L’univers de Revival est plutôt ordinaire. Le décor met en scène une jungle regorgeant de créatures dangereuses et de villes qui permettent aux joueurs de se reposer. Deux races existent dans le jeu : les humains et les Meijbek. Peu d’informations sont données sur ces deux peuples et même sur le monde que l’on découvre au fur et à mesure de l’avancée de Julie (qui aura pour pseudo Jill). Le world-building s’apparente, ainsi, à tout jeu existant avec, en paysage, un mix entre fantasy (par la magie des Meijbek, les armures, les commerces ambulants, les caravanes, etc.) et militaire contemporain (avec des armes à feu et des pantalons treillis).

Le récit se concentre vraiment sur la recherche d’Arya et le développement de Julie en tant que personnage. Noob (débutante en langage de gameur) et pas du tout intéressée par les jeux, elle commet pas mal d’impairs qui ne vont pas lui faciliter la vie virtuelle. Commençons par décrire le personnage IRL. Julie est une adolescente de 16 ans qui vit dans les H.L.M.  Elle passe son temps à se rendre invisible dans la rue pour échapper aux harcèlements continus, en se cachant sous la capuche de son sweat gris. À l’école, elle ne fréquente personne et se concentre sur ses études pour quitter cette vie de misère. Son job lui permet à peine d’économiser pour viser l’université. Depuis le départ de sa mère, elle a pris les rênes du foyer en endossant les corvées et l’éducation de sa sœur. C’est cette responsabilité exacerbée pour une ado qui la pousse à risquer sa vie pour sauver sa sœur. Dans le jeu, elle va devoir briser ses habitudes. Elle en est même obligée, car elle fait l’erreur de revêtir la peau d’une Meijbek à fortes poitrines, ce qui attire indéniablement et malheureusement, les regards des autres.

A.D. Martel profite de cette apparence pour dénoncer les comportements outrageants des joueurs. En évoquant déjà le harcèlement de rue dans la vraie vie, elle met en évidence le sexisme des hommes vis-à-vis des joueuses qui ont, pourtant, autant d’atouts et de talents qu’eux aux manettes. Elles ne devraient pas être réduites à des prostituées ou à des rôles mineurs, ni subir les propos dégradants auxquels elles font face quotidiennement et qui pousse, trop d’entre elles, à revêtir un avatar masculin. Encore heureux, l’autrice inclut une joueuse qui excelle grâce au personnage de Nikita. Il est juste dommage qu’elle doive emprunter un comportement cruel et belliqueux pour être badass. En gros, elle écrase lesinvisibilisée hommes pour se faire respecter, ce qui est cohérent avec la réalité et les représentations de femmes fortes depuis quelques décennies. Je me demande comment elle va évoluer dans le second tome.

« —  Les travers des hommes se reflètent aussi bien dans la vie réelle que virtuelle… Et souvent, c’est encore pire dans la virtuelle… »

Revenons à Julie/Jill. Affublée d’un physique hyper sexualisé, elle est de plus de niveau 1 alors que les autres joueurs ont pu accumuler de l’expérience. Ainsi, elle va devoir suivre les conseils avisés de Samuel et trouver des alliés pour accomplir sa tâche sans mourir. Sa route croisera à plusieurs reprises, celle de Shadowhunter, un mystérieux personnage, aux préjugés sexistes, dont on peut se douter de la réelle identité. Il lui propose un pacte et l’aide à évoluer, car il est touché par sa franchise et sa cause, mais est-ce la seule raison ? On le saura peut-être dans la suite de l’histoire. Sera-t-il un allié ou un ennemi au final ? Le doute plane lorsque Julie découvre l’une de ses facettes.

Samuel est un ami d’enfance de Julie qu’elle a perdu de vue lorsque sa famille a déménagé suite au succès professionnel de son père. Il entretient l’allure rebelle de l’adolescence et une distance avec ses parents. Leur cohabitation est difficile d’autant plus, qu’il a un complexe d’infériorité vis-à-vis de son petit frère qui semble tout réussir dans la vie. Il n’est pas seulement un geek confirmé, il est talentueux dans le domaine du codage informatique et ne s’intéresse pas uniquement à Revival pour une question de divertissement si bien qu’il ne recule devant rien pour assouvir ses penchants scientifiques. Même pas à torcher les fesses de Julie. Oui, vous avez bien entendu ou plutôt lu ! C’est l’un des aspects que j’apprécie chez A.D. Martel. Elle aurait pu recourir à un subterfuge de science-fiction telle une capsule dans laquelle le corps humain obtiendrait les éléments essentiels à sa survie ou elle aurait pu taire cette partie. Non, elle ne renonce pas à inclure cette réalité dans le roman : comment maintenir en vie et en bonne santé Julie le temps de sa plongée dans le jeu alors que le monde ressemble au nôtre ? Si cette question est exclue par les concepteurs de Revival (des hommes bien évidemment), elle pense même à la gestion des menstruations. Ce caprice de la nature qui est invisibilisé dans la littérature de l’imaginaire ou à peine mentionnée, alors qu’elle fait partie intégrante des femmes.  

Cette partie sera introduite par la tornade arc-en-ciel nommée Chloé. La best friend de Julie qui débarque pour la sauver du pervers Samuel qui la retient captive ! (Enfin, c’est ce qu’elle croit en déboule sans prévenir.) Cette fille a un sacré tempérament. Elle n’hésite pas à se battre pour son amie, même avec violence. Elle est déterminée et possède un don d’actrice qui cache sans doute une réalité moins reluisante. Je l’ai adorée dès son arrivée dans le roman et j’espère en savoir plus sur elle dans le second opus.

Enfin, parlons d’Arya. Capricieuse benjamine, elle représente une thématique sombre dans le récit : celle du harcèlement scolaire. Si elle est si prompte à entrer dans les jeux vidéo, c’est pour fuir l’obscure réalité qu’elle dissimule à sa sœur dont les épaules sont déjà bien chargées depuis qu’elle gère la maison. On ressent assez vite la solitude de la gamine que Julie néglige par responsabilité.

Comme d’habitude (depuis un an), la plume de la romancière m’a transporté dès les premières lignes. Grâce à une entrée en matière efficace, elle nous plonge dans les enjeux du récit avec une facilité déconcertante. Avec une belle fluidité, elle le parsème de sujets qui lui tiennent à cœur comme l’écologie, la banalisation du viol, l’inversion bourreau/victime. L’univers du jeu vidéo aidant, mon esprit construisait une image teintée d’animation japonaise. Surtout lors de la rencontre entre Samuel et Chloé que j’ai entièrement visualisée sous des traits de manga. Probablement en raison de l’apparence colorée de la jeune femme, mais aussi par la vivacité de l’écriture.

En bref, si Revival ne réinvente pas les histoires décrivant des jeux virtuels et possède un world-building plutôt simple, le style d’A.D. Martel réussit à captiver par une construction de personnages attachants et authentiques qui se font les porte-parole des problématiques sociétales importantes tels le sexisme, le harcèlement de rue, scolaire et le sentiment d’impunité des joueurs derrière les écrans. Le premier tome de cette duologie pose les bases d’une histoire solides dont il me tarde de lire la suite.

Nova et Juliette, un Halloween pas comme les autres (#1) de Victoria May

  • Titre : Nova et Juliette, un Halloween pas comme les autres
  • Autrice : Victoria May
  • Éditeur : Éditions Leonis (auto-édition)
  • Catégories : fantastique, young adult

Si vous êtes du genre à détester la période d’Halloween pour ses histoires horrifiques qui vous empêchent de dormir la nuit sans veilleuse, alors Nova et Juliette de Victoria May est fait pour vous. Oui, vous ne rêvez pas. L’autrice a réussi à associer la fête de Jack O’Lantern avec la douceur que l’on rencontre dans la période suivante au pied du sapin.

Nova est déterminée à regagner sa place d’héritière du clan Damona. C’est elle l’aînée. Pourtant, sa sœur la dépasse en puissance et en habilité magique. La jeune sorcière réalise un rituel censé lui apporter cette gloire perdue, elle se retrouve propulsée dans un monde parallèle où elle est accueillie par Juliette, une adolescente recluse chez elle. L’amitié naissante va se transformer en un lien fort qui perdurera au-delà des frontières.

Lorsque j’ai commencé le récit à une heure tardive, je pensais en lire un chapitre ou deux malgré sa taille. Le sortilège lancé par Nova m’a embarqué dans cette relation apaisante, si bien que je ne me suis pas vue tourner les pages. Le roman ne comporte, pourtant, ni monstre ni aventure extraordinaire où le suspense serait insoutenable. C’est une source de pur bien-être qui remonte le moral après une longue semaine. Il est parfait pour un moment cocooning enveloppé dans un plaid bien chaud et une tasse de thé.

Les personnages sont nuancés, forts et authentiques. Nova est un vrai rayon de soleil. Malgré sa rancune envers sa sœur, elle incarne l’optimisme et la positivité grâce à sa franchise et à son honnêteté. Son origine magique apporte cette touche d’enchantement qui rappelle les balades en forêt : la côtoyer permet de se ressourcer, de revenir à la simplicité, de profiter de l’instant présent et des cadeaux de la nature. Issue d’une société matriarcale, Nova se retrouve confrontée au monde de Juliette, dont la grisaille des immeubles étouffe la verdure.

Juliette, quant à elle, incarne une entité lunaire. Elle s’est enfermée dans le monde virtuel suite aux relations horribles qu’elle a subies. L’adolescente s’attache à faire respecter l’ordre sur son forum préféré et elle déguste les fanfictions basées sur l’univers de sa série adorée : Les Royaumes oubliés. Angoissée et peureuse, elle souffre de cette solitude. Affronté les autres, tenir debout face à eux l’a rend anxieuse. Juliette possède, pourtant, la force de briller dans la nuit triste qui l’entoure. Nova va l’aider à s’en rendre compte et à retrouver confiance en elle. Popcorn (je me devais de mentionner le chat) apportera sa touche de douceur et de soutien.  

En plus du thème de l’amitié, l’autrice aborde des notions historiques et magiques qui lui sont chères. Si Halloween est devenu la fête des monstres terrifiants, elle rappelle à travers le personnage de Nova, qu’il s’agissait avant tout d’une célébration en communion avec la nature. Samhain était loin d’être démoniaque pour les peuples anciens, tout comme la sorcellerie blanche ou verte.

En bref, Nova et Juliette, un Halloween pas comme les autres est un écrin de douceur. C’est frais, tendre et mignon. Cette novella nous rappelle que l’amitié est une source de pouvoir incroyable contre la solitude et la noirceur engendrée par autrui. La magie des liens est puissante.

Bad Karma (Bayou détective, #1) de C. C. Mahon

  • Titre : Bad Karma (Bayou détective, #1)
  • Autrice : C. C. Mahon
  • Éditeur : auto-édition
  • Catégorie : policier, fantastique

Ayant reçu le premier tome de la série Bayou détective de C. C. Mahon dans le cadre du partenariat avec Les Plumes de l’imaginaire, je l’ai sélectionné dans ma PAL du Pumpkin Autumn Challenge dans le Menu Automne Frissonnant. L’histoire se passe en Louisiane, riche en fantômes et démons, elle était parfaite pour la catégorie Ghost Hunt.

Noter que Bayou détective se déroule après la trilogie Bayou Fantasy que je n’ai pas lue. Je n’ai pas été gênée lors de ma lecture, car l’autrice insère certains éléments du passé des deux détectives privés. Ça pourrait s’apparenter au divulgâchage. Toutefois, j’ai tellement apprécié les personnages que ça m’a donné envie de me plonger dans le récit de leur rencontre.  

Prudence et Moore se rendent à Beau Séjour pour enquêter sur un mystérieux fantôme qui balance des objets à la tête des touristes. Juju, imminent sorcier et ami, leur a seulement demandé de vérifier la véracité des faits et la présence réelle d’un spectre à exorciser. Cependant, le professionnalisme de Moore le pousse à découvrir l’identité et le meurtrier du poltergeist au grand dam de sa collègue qui redoute son expérience passée avec le monde surnaturel. Leur investigation va déterrer plus d’un secret terrifiant et scandalisant.

L’univers de Bad Karma se déroule au cœur de La Louisiane historique avec ses plantations de cannes à sucre dirigées par les maîtres blancs qui exploitent les esclaves noirs. De nos jours, Beau Séjour est devenu un lieu touristique qui privilégie la suprématie des maîtres à la réalité des opprimés. La majestueuse demeure est mise en avant alors que le quartier des esclaves est soigneusement dissimulé sous la végétation. Enfin, c’était la gestion de l’ancien directeur : Auguste Gauthier. Sa remplaçante, Grace Morgan, a une tout autre vision. L’application de ses décisions semble coïncider avec le début des événements mystérieux.

« Ce n’est pas parce que le passé est désagréable qu’il faut le glisser sous le tapis. »

Le récit oscille entre sphère humaine et fantastique. À un moment, on se demande si l’origine des maux prend sa source dans la première, l’instant d’après, on croit que la vérité se trouve dans la seconde. J’ai adoré la façon dont l’autrice tisse la toile de cette intrigue. Même si les thèmes (racisme, esclavagisme) et la trame de fond ont déjà été exploités par pléthore d’écrivain.es, sa manière de tricoter l’histoire m’a entraînée dès les premières pages. D’autant plus que ses protagonistes sont attachants.

Prudence a abandonné ses études. Les épreuves qu’elle a endurées ont baissé l’estime en ses capacités. Elle se sent plus fragile qu’elle ne l’est. C’est pourquoi Juju lui a fabriqué un bracelet protecteur. Au fil de l’enquête, elle va apprendre les ficelles du métier de détective. Les bons, comme les mauvais côtés. Son empathie rend l’exercice du rôle d’actrice difficile. Elle n’aime pas interroger les personnes ébranlées par la disparition de leur proche ni mentir pour obtenir des informations sans éveiller la méfiance. À travers ce personnage, C. C. Mahon exploite la complexité et la noirceur de l’âme humaine par la question : doit-on rendre justice à un criminel qui a été assassiné ?

Moore est un ancien policier originaire de New York. Né pour investiguer, il se reconvertit en détective privé et entraîne son amie pour l’aider à reconstruire une confiance en elle. Il croit en ses aptitudes et est déterminé à lui prouver. Prudence le nomme le chevalier servant, car il a une nette tendance à protéger la veuve et l’orphelin et à courir délivrer la princesse en détresse. Derrière sa droiture se cache un homme qui n’hésite pas à tirer profit de son côté beau gosse pour charmer les suspect.es et leur extorquer les indices.

J’aime leur duo. Leur amitié est palpable dans leurs gestes, leurs paroles et leurs disputes. Ils se taquinent en jouant sur leur différence du Nord et du Sud. Cette touche d’humour donne une légèreté au roman dont le style fluide élabore une atmosphère tantôt énigmatique tantôt terrifiante.

En bref, j’ai dévoré Bad Karma. Si le décor des plantations ne lui confère pas un cachet original, la construction de l’intrigue et son duo attachant ont verrouillé mon âme, à coup de signes Hoodoo, dans le monde élaboré par C. C. Mahon. Les tomes suivants et la série précédente sont d’or et déjà inscrits à ma wishlist.   

La Rose de ronces et de fer de Marine Stengel

  • Titre : La Rose de ronces et de fer
  • Autrice : Marine Stengel
  • Éditeur : auto-édition
  • Catégorie : fantasy

Le Rose de ronces et de fer est l’une des réécritures de contes de Marine Stengel. Je remercie chaleureusement l’autrice de m’avoir confié son roman dans le cadre du partenariat avec Les Plumes de l’imaginaire. J’ai profité du Pumpkin Autumn Challenge et de son menu Automne de l’Étrange pour le sortir.

Enfermée dans les cachots de Kaarlade depuis ses trois ans, Jane a appris à survivre. Cette prison n’est pas normale. Empêchant ses hôtes de côtoyer la lumière du soleil, le maître des lieux les pousse aux combats. De temps en temps, des nobles viennent les moissonner pour le pire. Jane a établi des règles pour éviter d’être sélectionnée. Elle a toujours réussi à échapper à ce destin, jusqu’à l’arrivée de Rauzan. L’homme l’a choisi et il ne veut qu’elle. Il va façonner sa Rose pour assouvir son plan. Contrer la Reine Aleza, source des maux qui touchent le royaume.

Le roman est divisé en deux parties. La première pose les bases avec l’arrivée de Jane au château, son entrainement et ses premiers crimes. On passe les années rapidement et l’autrice esquisse un rapprochement entre Rauzan et sa Rose. La mise en place est un peu longue, mais elle permet de comprendre l’univers, les règles et les menaces qui pèsent sur le royaume. La seconde partie enclenche la mission contre la reine qui invite ses sujets à un bal dans le but de trouver des épouses à ses fils : Lucius et Erik.

Le cadre de l’histoire jongle entre décor médiéval propre aux contes de Disney et éléments issus de notre monde tel l’électricité et la médecine. Ici, nulle plante ou décoction préparée par des sorcières. Les docteurs maîtrisent le bistouri. Ils utilisent un équipement avancé sur Jane pour modifier son apparence et son corps. Le but ? Lui conférer une beauté fatale (c’est le cas de le dire vu son nouveau « métier » d’assassin) et une peau inaltérable. Malgré les coups, aucun hématome ou égratignure ne la marque.

Employer la chirurgie esthétique sur une femme pour qu’elle rentre dans les canons de beauté de la société aurait pu me faire grincer les dents. Heureusement, Marine Stengel contrebalance ce fait par la réaction de Jane.

« Je sais qu’il veut m’entendre dire merci, ou bien, que je suis belle. Mais cette fille, ce n’est pas moi. Il m’a enlevé mon identité, changé le corps que j’avais entraîné et qui m’appartenait. Il a modifié la couleur de mes yeux, de mes cheveux… Rauzan a complètement effacé Jane. »

Jane va devoir se réapproprier sa vie. À Kaarlade, elle connaissait les règles et avait réussi à devenir quelqu’un, même si elle n’était pas libre. Elle se tenait à carreau malgré son amour propre et la fierté formée par ses victoires successives. Avec ce nouveau visage, elle va devoir se reconstruire et trouver sa place, soit en fuyant, soit en adhérant au plan de Rauzan. C’est bien entendu la deuxième option qui sera choisie. En voulant sauver les citoyens maudits, Jane va endosser une nouvelle identité. Levana signe le début de sa véritable naissance.

Sous les traits de la cousine de Rauzan, Levana va découvrir la cour et ses secrets. De créature emprisonnée, elle va, enfin, pouvoir décider de son destin grâce à sa force. J’ai adoré ce personnage tout en mesure. Elle s’adapte aux situations avec facilité grâce à son expérience dans les cachots et au château.

D’un abord froid et distant, Rauzan est l’archétype du manipulateur qui dissimule un cœur tendre. Derrière ses répliques sarcastiques, on se rend vite compte qu’il n’est pas aussi démoniaque que le conçoit Jane au début. Même s’il reste dominateur et agit comme un propriétaire envers elle. Au fil des pages, on comprend qu’il a une soif de justice. Il déteste voir les citoyens s’endormir et dépérir sous la magie de la reine. C’est sa peine et son empathie qui vont convaincre Jane de le suivre, et ce même s’il cache la deuxième raison qui le pousse à combattre la souveraine.  

N’étant déjà pas une grande fan de romance, j’ai d’autant plus de difficultés à apprécier celles qui utilisent le syndrome de Stockholm pour réunir intimement les protagonistes. Surtout que dans La Rose de ronces et de fer le rapprochement entre eux m’a paru peu naturel, contrairement à l’amitié naissante entre Levana et Lucius. Pourtant, ce dernier est le reflet de Rauzan.

Lucius est le premier fils royal. Digne, il a une attitude froide envers les sujets. Il se drape dans le protocole pour parler avec les autres. Cependant, il a droiture des rois justes qui vivent pour servir leur peuple. Il est proche de Rauzan.

Le cadet, Erik est tout le contraire. Il se pavane auprès des donzelles et tente de séduire Levana. Nonchalant, il cache du mépris sous son sourire étincelant. C’est un enfant gâté. Sa méchanceté est héritée de sa mère.

Aleza est la reine au cœur de glace que l’on s’imaginait pour ce récit. Sèche à l’intérieur, elle affiche une image de bienséance devant les nobles. Malgré son passé et les révélations qui en découlent, j’ai eu du mal l’apprécié en tant que personnage. Elle n’est plus que le Mal incarné dans le présent. Ses nombreuses absences, une fois que Levana et Rauzan arrivent au palais, ne m’aident pas à la considéré comme l’antagoniste principal et marquant de l’histoire. Erik en fait un bien meilleur.

En bref, j’ai adoré le world-building de La Rose de ronces et de fer, qui insère des éléments de la science-fiction dans ce conte à la sauce moderne, ainsi que sa protagoniste principale. Le développement rend le récit addictif. Toutefois, la romance et le manque de substance de l’antagoniste égratignent de ses épines le tableau merveilleux.   

Je vais choper mon boss (#2) d’A.D. Martel

  • Titre : Je vais choper mon boss (#2)
  • Autrice : AD Martel
  • Éditeur : autoédition
  • Catégorie : comédie romantique

Après avoir dévoré le premier tome des aventures sentimentales d’Alexis, j’ai sauté rapidement sur le second livre qui clôt avec surprise, humour et brio cette romance.

Comme d’habitude, je vous conseille de vous plonger dans cet avis lorsque vous aurez lu le précédent tome. Ce serait malheureux de vous gâcher les éléments croquants de cette délicieuse comédie.

Alexis se réveille dans l’appartement de David Langlois avec une gueule de bois carabinée. Comment est-il arrivé chez lui ? Et pourquoi est-il tout nu sur son canapé alors qu’un gamin, Henry, mange son bol de céréales en compagnie de sa licorne ? Notre garde du corps n’est pas au bout de ses surprises lorsqu’il rencontre Lise, une adolescente malmenée par sa mère, et qu’il retrouve Nadège, la voisine de palier de son collègue !

La fin de la première partie nous avait laissés avec une tonne de questions : comment Alexis va-t-il réintégrer son poste après son erreur à New York ? S.J. pardonnera-t-il son comportement envers Andrew ? Risque-t-il de se faire émasculer par Christine ? En parallèle des interrogations personnellement liée au petit cœur d’Alexis, la menace pesant sur le boss d’Électronic Dreams ressurgit sous la forme de la berline noire qui rôde dans le quartier de David.

Déboussolé et perdu, Alexis accepte la proposition du premier de la classe et reste loger chez lui malgré l’exigüité des lieux. En remerciement, il s’investit dans la cuisine et endosse le rôle de garde du corps à son insu. Entrer dans l’intimité de David va bousculer les idées préconçues qu’Alexis portait dans le premier tome. A.D. Martel déconstruit avec habilité les apparences. Elle montre ce que la chemise à carreaux parfaitement repassée de David dissimule.

Nous vivons dans une société de tabous et de faux-semblants. Les humains revêtent des masques pour cacher leurs sentiments et leur authenticité. Ils font de leur mieux en dépit des émotions négatives et de la dure réalité qu’ils subissent. Ils affichent un sourire dans les moments où ils aimeraient pleurer toutes les larmes de leur corps.

David entre dans cette catégorie d’homme qui donne le meilleur de soi-même malgré les difficultés qui pèsent sur ses épaules. Son extrême gentillesse résulte de ses efforts et des épreuves du passé. Il est prévenant et possède une qualité que peut de personnes ont : l’altruisme. Quand il offre son toit, qu’il tend la main, il ne demande rien en retour. Il est prévenant sans être invasif, ce qui déroute un Alexis aux nombreux secrets. Pourtant, David n’est pas aussi pur que les premières interactions le laissent entendre. La lumière ne peut vivre sans obscurité. Progressivement le masque de bonté se fissure. Cela commence par le cynisme pour dissimuler les blessures, juste avant d’éclater pour laisser déborder la noirceur. Une ombre triste qui m’a juste donné l’envie de surgir dans le roman pour réconforter notre pauvre David.

Dans le premier tome de Je vais choper mon boss, David m’avait déjà tapé dans l’œil alors qu’il s’agissait d’un personnage secondaire (voire tertiaire ?). Je ne sais pas si c’est l’atypisme de ce genre de personnage dans la comédie romantique qui m’a touchée où si les compétences en écriture de l’autrice ont un tel niveau d’expertise dans la manipulation qu’elle a réussi à tisser, l’air de rien, son filet pour que David capture mon cœur. Vous l’aurez compris, plus je lisais et entrais, comme Alexis, dans le monde de son collègue, plus j’adorais ce protagoniste.

Les nouveaux personnages ne sont pas en reste dans cette aventure. La mignonne attitude d’Henry m’a fait sourire à plusieurs reprises. Ce petit bonhomme muet en raison de ce qu’il a vécu et possède, comme son père, une vraie force (surtout avec sa copine Licorne). Sans mot, il arrive à véhiculer ses sentiments avec puissance.

Lise est un vrai ouragan. De primes abords, on pourrait croire qu’il s’agit juste d’une adolescente rebelle qui a de mauvaises relations avec une mère tout aussi perdue que sa fille. Cependant, les apparences sont tout aussi trompeuses pour elle que pour David. Derrière le mur d’enceinte qu’elle a construit, se cache un oiseau blessé par la vie. Ses querelles avec Alexis, en plus d’être divertissantes, témoignent de l’insécurité que la présence de l’homme engendre chez elle. Elle considère David comme un père et la venue d’un autre chaton éclopé de la vie dans la famille l’effraie au plus haut point.

Enfin, nous retrouvons l’adorable grand-mère du chapitre un : Nadège. On apprend pourquoi elle ne pouvait plus venir au café. Elle secoue et soutient Alexis à plusieurs reprises au cours de cette nouvelle aventure. On découvre une mamie pleine d’énergie qui n’a pas sa langue dans sa poche, surtout quand il s’agit de fermer le bec aux préjugés sur les personnes âgées.

À travers ces relations qui se font, se défont et se reconstruisent, A.D. Martel nous parle de liens familiaux, de la force de ceux qui ne découlent pas du sang. Elle nous parle de solidarité, de rédemption. Alexis va comprendre ses erreurs ou plutôt, celles-ci vont lui exploser en pleine face avec une telle puissance qu’il lui faudra du temps pour les digérer. Toutefois, il se donnera à fond pour réparer les dégâts qu’il a causés. Il s’investira dans la protection de David et Henry, et même de Lise qui subit des horreurs dans le milieu scolaire.

Et S.J. Park dans tout ça me direz vous ? Il est toujours bien présent dans ce roman et on découvre une autre facette de l’homme. Derrière l’impassibilité de son visage, se dissimule un chat qui aime jouer avec les souris. Et la souris dans ce tome, c’est Alexis bien sûr. Cependant, il ne le malmène pas au point de le faire pleurer, je vous rassure. Il y a une même une volonté de lui faire comprendre les choses tout en se vengeant un peu quand même des émotions que les actes de son garde du corps lui font ressentir.

Je pourrais sans doute encore écrire pas mal de choses sur la deuxième partie de Je vais choper mon boss. La chronique parait plus de deux semaines après ma lecture passionnée qui m’a valu des heures de sommeil en moins. Mon cerveau rencontrait des difficultés pour ordonner les mots et formuler mon opinion sur cette histoire bouleversante, renversante et riche en humanité. Elle m’a émue par la force de ses personnages. Ceux-ci sont construits avec réalisme et authenticité. La manière de les découvrir à travers leurs interactions, leurs silences et leurs actes est juste : wouah (une interjection vaut parfois mieux que des mots pour exprimer son ressenti). Les thèmes de la solidarité et de la solidité des liens hors sang sous-tendent l’ensemble du récit qui a insufflé un malstrom d’émotions allant du rire à la colère en passant par la tristesse et l’amour. Bref, cette duologie entre dans mes lectures favorites.

L’Harmonie (La Dernière Guerre des Dieux, Le conte des Sept Chants, #4) de Cécile Ama Courtois

  • Titre : L’Harmonie (La Dernière Guerre des Dieux, Le Conte des Sept Chants, #4)
  • Autrice : Cécile Ama Courtois
  • Éditeur : Auto-édition
  • Catégorie : fantasy

Je remercie chaleureusement Cécile Ama Courtois de m’avoir une fois de plus fait confiance pour lire et chroniquer le tome final de sa saga au double titre. D’abord éditée sous Le Conte des Sept Chants, puis rebaptisé La Dernière Guerre des Dieux suite à une volonté de se rapprocher du type d’histoire, le quatrième opus clôture 14 ans d’écriture, d’élaboration du monde et de personnages. En regardant en arrière, on peut comprendre pourquoi ce récit épique a pris autant de temps tant il est riche et diversifié tout en restant cohérent.

Si vous n’avez pas lu les précédents livres, je vous déconseille de lire ma chronique, car certains éléments seront divulgâchés. Vous êtes prévenus.

Après la lecture d’un résumé bienvenu, nous reprenons l’histoire à l’endroit où elle s’est arrêtée au troisième tome. Edoran, accompagné de ses nouveaux acolytes (Bohr et Xano), retourne sur Gahavia par le portail ouvert par Mork Örn. Ils ont pour mission de sécuriser les lieux pour aménager le quartier général de la sorcière Xinthia Laska. Jouer le rôle du démon Bahran lui coûte de plus en plus cher, endommage profondément son âme. Toutefois, il se doit de s’y coller jusqu’au bout. Surtout quand Saraë débarque pour récupérer le dernier chant.

En parallèle, les autres porteurs du chant se dirigent vers l’Arcoa Calya pour opérer le rituel auprès d’Hermanus tandis que les troupes de l’armée coalisée continuent à défendre le pays des Elfes et à repousser l’ennemi malgré de nombreuses pertes.

Les premiers chapitres défilent et remettent en mémoire les pions sur l’échiquier de cet affrontement final. On retrouve ainsi les différents personnages clés du roman, ce qui permet d’éviter un sentiment de confusion. On sait qui est où, et son but. Les principales scènes sont : le camp de Xinthia, la bataille des Gahaviens et le palais des Elfes. Je viens de les énumérer par ordre de tension dramatique, celle que j’ai ressentie personnellement.

La réunion entre Edoran et Saraë est pour moi celle qui est la plus intense et la mieux travaillée. La reine se laisse capturer pour donner une chance à ses amis Olbur et Thésis de quitter le camp des Evinshorkiens avec le dernier chant. Autant vous dire que j’ai détesté ce moment pour deux raisons. D’un, car pour moi, Saraë renonçait après avoir vu Edoran/Bahran et de deux…. Je ne vous l’exprimerais que de cette manière : on sait pourquoi Olbur était nommé l’Inattendu par l’Unique. En tête à tête avec la sorcière, les deux amants vont combattre leur propre démon. Le métamorphe résiste à l’envie de prendre sa bien-aimée dans ses bras et celle-ci lutte contre la tentation d’user de son pouvoir pour dégommer son ennemie, ce qui la plongerait dans les Ténèbres.  

Pendant ce temps, la bataille fait rage et les nombreuses pertes dans l’armée alliée essoufflent l’espoir. Cependant, les chefs ne fléchissent pas. Contrairement à d’autres romans de fantasy qui décrivent des scènes de combats où épées et haches virevoltent à souhait, Cécile Ama Courtois a choisi de prôner l’intelligence et la bravoure. Les stratégies ingénieuses qu’elle place dans la bouche des êtres considérés comme les plus fragiles prouvent que l’ensemble des peuples de Gahavia sont utiles au combat malgré les apparences. Même les nains surpassent leur fameux amour-propre pour la victoire.

Abordons enfin le rituel de l’Harmonie. Celui-ci m’a un peu déboussolé, car il se déroule sans encombre et assez vite (avant la moitié du roman). Je me suis retrouvée dans le même sentiment que les Evinshorkiens qui y avaient survécu. Que s’est-il passé ? Et que va-t-il advenir ?

La reconstruction. C’est comme cela que l’on peut nommer la deuxième partie de l’histoire qui m’a donné l’impression de lire un long épilogue. Trop long. Si la formule de « prologue » avait bien fonctionné pour le premier tome de la saga, je n’y adhère pas cette fois-ci. L’effet « découverte » n’existe plus et même si j’aime les personnages, je suis le genre de lectrice qui a besoin d’enjeux et de revirements pour avancer. Or, ceux qui sont proposés tel le renoncement de Saraë n’en constituent pas de vrais. Et par vrais, j’entends ceux pour lesquels on doute, on retient notre souffle, on se questionne sur la réussite à le dépasser, à y arriver et à atteindre l’objectif. Je me suis retrouvée à m’accrocher à certains éléments parlant de noirceur avec l’espoir de voir un revirement brutal, comme ceux que l’autrice nous a fait vivre précédemment, mais je me suis vite rendue compte que ça n’arriverait pas, parce qu’elle avait choisi la paix, la puissance de l’Harmonie et l’ouverture d’esprit. C’est sa décision et je la respecte, même si elle ne me convient pas décrite dans autant de pages qui contiennent aussi un bon nombre de récapitulatifs des moments forts de la série. J’avoue que si, cette histoire n’était pas narrée par la plume de Cécile que j’adore, j’aurais sans doute refermé le livre bien avant le point final.

Avec cette écriture fluide et dynamique qui dépeint en profondeur l’âme de ses personnages, elle nous parle de résilience, de rédemption, de transcendance de la différence et du passé. L’Harmonie ayant épargné des membres de la Horde de Mork Örn, les Gahaviens doivent apprendre à connaître ses êtres, à aller au-delà des apparences et à comprendre que la tyrannie emprisonne mentalement certains citoyens et les obligent à exécuter des tâches abjectes par crainte ou par éducation : ils ne se rendent pas compte qu’ils peuvent accéder à des droits et aux valeurs qui dorment au fond de leur cœur. Ils y aspirent sans réellement sans réaliser qu’ils peuvent vivre autrement.

Au bout du récit principal, le tome nous offre des histoires que je nommerai presque des spin-off sous forme de nouvelles. Elles mettent en scène des personnages secondaires : notamment Malcolm et Viane. Je m’attendais à les revoir, mais bien plus tôt que cela. J’ai aimé ces retrouvailles et rencontrer la petite Vaël qui annonce une nouvelle ère.

En bref, L’Harmonie clôture trop vite une série déroutante et riche en émotions. Une sage qui commence tel un faisceau de lumière mangé par les noirceurs les plus abyssales pour ressurgir avec plus d’éclat. L’univers construit par Cécile Ama Courtois mériterait d’être approfondi à la manière de J.R.R. Tolkien, grâce à de nouvelles histoires qui nous permettraient d’arpenter ce monde et peut-être les autres de l’Ambar Neldëa que l’on n’a pas encore pu découvrir.   

Je vais choper mon boss d’A.D. Martel

  • Titre : Je vais choper mon boss (#1)
  • Autrice : A.D. Martel
  • Éditeur : autoédition
  • Catégorie : comédie romantique

J’ai réussi à sortir de ma panne de lecture. L’envie revenant, j’ai décidé de me lancer dans le service presse qu’A.D. Martel m’a gentiment proposé début juillet. D’un, car c’est une histoire légère et de deux, parce que l’extrait du premier tome de cette série ( Je vais tuer mon boss) m’avait interpellé par sa belgitude, c’est-à-dire : la localisation à Bruxelles et l’humour. Je précise que Je vais choper mon boss n’est pas une réelle suite, mais plus un spin-off qui peut se lire indépendamment. Étant donné qu’il s’agit de romance, il n’y a pas de grands spoils vu qu’on sait que les protagonistes meurent tous à la fin ! C’est le principe même d’une Happy Ending. Bon, j’arrête de dire des âneries à cause de la chaleur, place à Je vais choper mon boss :

Depuis toujours, Alexis Janssens et sa sœur, Christine, s’entendent comme chien et chat. Ils se défient, se disputent, se réconcilient en boucle sur une piste de marathon pour prouver qui est le meilleur. Alors quand celui-ci décide de postuler au job de garde du corps du nouveau PDG d’Electronic Dreams (Sung-Jae Park), c’est en partie pour lui prouver sa force. En partie, car il a complètement craqué sur le Coréen. Après un entretien pour le moins…atypique, il le prendra pour cible. Arrivera-t-il à l’entraîner dans son lit ? Saura-t-il le protéger comme il se doit lorsqu’une situation dangereuse se profile, surtout quand les soupçons portent sur des êtres chers ?

L’autrice nous plonge dans une histoire riche en rires et en détournements. Elle joue sur des clichés et des comportements stéréotypés pour, tout à coup, renverser la situation en l’intégrant dans le contexte, le fil conducteur du chapitre. Ainsi, mes émotions ressemblaient à un yoyo : je souriais là où une seconde auparavant je levai les yeux au ciel. Très vite, je me suis retrouvée incapable de lâcher le roman tant il me faisait du bien.

Élaborer des personnages nuancés, profonds et humains n’est pas une tâche facile dans l’écriture d’un récit. C’est eux qui touchent l’âme des lecteurs et qui les emmènent dans une valse de sentiments et d’aventures qui les marquent, et ce, même si l’histoire porte l’étiquette du déjà-vu. Étant à mon troisième roman d’A.D. Martel cette année, et la première dans une comédie romantique, je salue et j’admire son habileté à créer de tels protagonistes.

Dans Je vais choper mon boss, on découvre un Alexis à la fois cynique et justicier dès les premières pages. Il sauve une mamie indécise de l’impatience d’un gars en costard, pressé d’avoir son café. Plus on avance, plus cette belle image s’effrite . Sous la couche du héros, ancien militaire de carrière, il est imbu de lui-même. Il connaît ses charmes et en joue auprès de la gent féminine pour arriver à ses fins (sans dépasser les limites de la bienséance, bien sûr), il a un côté m’as-tu-vu ? L’apparence et l’image qu’il montre aux autres sont importantes pour lui. Il adore attirer le regard sur son corps, sa beauté, sa force. De plus, le machiavélisme coule dans ses veines. Quand il n’apprécie pas quelqu’un, il recourt à la menace et au harcèlement. Le pauvre David Langlois en fait les frais tout au long du récit alors que c’est un ange sensible qui le défend au lieu de le dénoncer, car la sécurité du patron et de l’entreprise lui tient à cœur.

Si Alexis est détaillé tel un kaléidoscope, Sung-Jae Park est, quant à lui, plus opaque. Il revêt le costume habituel du Big Boss asiatique dont les émotions restent personnelles. Ils dévoilent quelques expressions seulement devant ses amis et un peu plus en face d’Alexis. Cependant, il n’est pas moins douloureux de lire ses interactions à travers le regard de son garde du corps préféré. On ressent le poids que la succession à la tête d’Electronic Dreams, pèse sur ses épaules. Il incarne l’homme qui doit rester droit dans ses bottes, qui ne s’ouvre pas facilement, d’autant plus que chaque parole, chaque attitude, et même, sa vraie identité peuvent avoir des retombées négatives sur des centaines d’employés.

La plume d’A.D. Martel est efficace et témoigne de sa belgitude. L’humour est de la pure dérision de notre pays. Tout est passé sous ce filtre, des immeubles vitrés, aux comportements jusqu’à l’hygiène des tables de pique-nique. Les coups bas entre les personnages (Alexis VS Christine et Alexis VS Bruce) sont juste exquis.

En bref, Je vais choper mon boss est une comédie romantique aux délicieux accents d’humour belge. À travers une histoire drôle et pleine d’émotions, elle secoue les clichés et les préjugés grâce à des personnages authentiques qui ébranlent de manière intelligente et subtile les visions. Même notre protagoniste n’en ressortira pas indemne. Vivement la suite !