Revival (#2) d’A.D. Martel

  • Titre : Revival (#2)
  • Autrice : A.D. Martel
  • Éditeur : autoédition
  • Catégorie : science-fiction

En finissant le premier tome de Revival, je ne pouvais pas m’arrêter sur ce cliffhanger ! Même si on se doute des commanditaires de cet acte, le suspens sur comment nos protagonistes vont s’en sortir est bien présent. Je remercie A.D. Martel de m’avoir confié le second opus de cette duologie fort sympathique en émotion et en thématiques abordées.

Samuel et Chloé affrontent leurs kidnappeurs, usant ruse et folie, pour retrouver Julie et l’aider à sauver sa sœur dans le jeu. Notre joueuse en herbe apprend la méthode la plus rapide pour accomplir sa mission. Pourra-t-elle y arriver quand ceux qu’elle aime risquent de souffrir de cette solution ? Les obstacles les plus terribles ne prennent pas forcément l’apparence de créatures terrifiantes.

C’est avec plaisir que j’ai plongé à nouveau dans les aventures de nos trois personnages et, surtout Chloé, dont j’étais tombée sous le charme. Si le livre précédent l’avait esquissé comment une tornade possédant d’excellentes compétences d’actrices pour dissimuler ses secrets, A.D. Martel accentue ses couleurs et ses traits pour lui donner la profondeur que j’attendais. Chloé témoigne d’une habilité hors pair à manipuler les hommes. Grâce aux préjugés envers les femmes, elle en désarme plus d’un avec classe. Elle fait preuve d’un courage que certains qualifieraient de folie, pour sauver sa meilleure amie. Elle a souvent une longueur d’avance sur tout le monde, car elle voit à travers les combines politiques et elle comprend les enjeux qui poussent le ministère de la Justice à vouloir exploiter le programme de Samuel à son compte. Cette fille de diplomate révèle également des failles. Son impulsivité, sa droiture et son intelligence ne l’empêchent pas d’avoir des faiblesses. Malgré le désir d’indépendance, elle a besoin d’une épaule sur laquelle se reposer de temps en temps. À force de jouer un rôle, le poids des épreuves finit par fissurer le masque qu’elle porte.

Quitter l’antre sécurisé de sa cave déstabilise Samuel. La confrontation avec les kidnappeurs va briser la naïveté du jeune homme. Poussé par ses rêves, il n’a jamais pensé aux conséquences de ses actes. Les poursuites judiciaires et la puissance de ceux qui les brandissent devant son nez l’effrayent au point de casser son aplomb. Sans Chloé et son frère, Gabriel, le jeu se serait arrêté là pour lui. J’ai particulièrement apprécié cette nuance dans les caractéristiques de Samuel, car elle signifie qu’un génie dans le domaine de l’informatique et un excellent joueur de jeux vidéo n’implique pas d’être un fin stratège. Samuel est incapable de prévoir les déplacements des pions sur l’échiquier de la vie réelle et les chemins possibles pour échapper aux loups. Chloé l’impressionne malgré les piques qu’elle ne cesse de lui envoyer. Pourtant, son comportement outrageant ne le dérange plus autant, mais ses croyances limitées le poussent à refouler ses sentiments naissants, ce qui engendre un jeu du chat et de la souris plutôt plaisant.

Le second tome nous permet de connaître mieux d’autres personnages esquissés lors du précédent livre. Derrière ses allures de dure à cuire, Nikita gère son équipe avec des principes d’égalité et d’entraide. Julie n’est pas traitée différemment et est secourue quand le moment se présente. Le doux et espiègle Alaric a un petit côté manipulateur vis-à-vis de Nikita. Disons qu’il aime profiter des situations et de son attitude protectrice envers ses équipiers. Remy est adorable malgré son aspect de gros barbare muet. Ce type de personnage semble être récurrent chez Martel (voir Le trésor du Pink Lady) qui tient à inclure le plus de profils différents dans ses romans.

Enfin, Shadowhunter se dévoile de plus en plus dans sa relation avec Julie. Il a un cœur volcanique, mais comme il ne sait pas résister à Julie, il doit souvent souffler sur la lave pour tempérer ses réactions et éviter d’assouvir ses pulsions. Sa véritable identité est révélée et s’éloigne de ce que j’avais pensé au départ, même si l’autrice joue avec cette première impression.

D’ailleurs, elle excelle dans la manipulation des apparences. Julie apprend à se méfier des avatars dans la première partie de l’histoire. Ceux-ci sont une représentation et non un portrait réel des joueurs. Ils sont l’incarnation virtuelle de leurs désirs.

En créant Revival, Slanders offre aux citoyens la possibilité de repartir de zéro tout en mettant l’ensemble des personnes sur le même pied d’égalité. Ainsi, tous évoluent à partir du niveau un et personne n’est avantagé par une couleur de peau, une famille riche, une enfance difficile, etc. Commencer le jeu et incarner un avatar ramène les gens au moment où la civilisation ne s’était pas encore construite. On devient ainsi ce que l’on souhaite en gommant les malus de la vraie vie. A.D. Martel réussit à nous faire aimer ou détester les personnages et à ancrer l’image de leurs désirs en nous, si bien que c’est cette image qui prévaut quand elle dévoile leur véritable identité. Les émotions qu’ils nous ont fait ressentir et leur cœur, leur âme, supplantent l’apparence marquée par leur physique, leur sexe, leur âge, leur handicap…

La volonté de Slanders appuie un problème lié à la société que l’on avait déjà effleuré grâce à Arya. Il offre une seconde chance de se construire et d’atteindre une meilleure version de soi-même, tout en fuyant la réalité horrifique que la vie revêt pour certains. Le jeu est une échappatoire. La naïveté de Julie va éclater complètement en étant confrontée à ce fait et les chemins qu’elle va emprunter ne la laisseront pas indemne.

En bref, le second opus de Revival, met en scène les impacts des désirs générés par les inégalités sociales, historiques et par les hasards de la vie. L’autrice déjoue les préjugés en manipulant les apparences grâce à des personnages profondément humains dont la complexité bondit à la face de notre héroïne.  

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