Sous la loupiote de Janvier 2023

Janvier diffuse une lueur précieuse et blanchâtre qui invite à nous rouler en boule sous la couette bien chaude avec un bon livre. J’ouvre ce bilan mensuel pour présenter mes lectures du mois. Vous verrez en avant-première les petites étoiles qui ont éclairés mon chemin dans l’aventure imaginaire ainsi que les bouquins qui ne feront pas l’objet d’une chronique.

Les romans :

J’ai lu trois services presse. Le second opus de Revival d’A.D. Martel m’a accompagné lors du passage de l’an. Les températures glaciales et le retour de la maudite neige m’ont donnés l’envie de rejoindre la Russie de C.C. Mahon avec Le secret du Tsar. Enfin, désirant diversifier mes lectures, je suis retournée vers le polar en découvrant la plume de ma compatriote Ziska Larouge avec L’affaire Octavia Effe que j’ai dévoré.

Après un an sans avoir touché un livre en anglais, j’ai sorti de ma PAL le deuxième tome de The Invisible Library. J’ai mis deux semaines à terminer, The Masked City, pour deux raisons. La première concerne le manque de temps, car j’ai suivi des stages d’écriture en soirée. La seconde est inhérente au récit. Je vous expliquerai cela dans ma chronique.

Zoé prend la plume m’a fait sortir de ma PAL La rumeur des racines de Julie David, suite à son commentaire sur mon bilan du Pumpkin Autumn Challenge. Une plongée dans la forêt japonaise et son folklore si captivant.

Non-fiction :

L’un des stages dont j’ai parlés plus haut était consacré à la fantasy. Étant bonne élève, j’ai suivi le conseil d’approfondir ses connaissances en lisant des mythes fondateurs. J’ai emprunté sur Lirtuel Les naissances du monde – Mythologies chinoise, indienne, égyptienne, romaine, et les héros grecs de Jean-Charles Blanc, Claude Helft, Florence Noiville. Si certains écrits furent juste un rafraîchissement de ma mémoire, d’autres mythologies (Chinoise) constituent une découverte. Un passage m’a marqué, car il y a un côté visionnaire dans la conception de l’homme. Une version explique qu’ils seraient né des…puces d’un dieu. Le parallèle avec ce parasite est plutôt judicieux dans notre monde actuel.

Chaque soir, je lis la note descriptive d’une créature dans Le grand livre des esprits de la nature écrit par Richard Ely et magnifiquement illustré par Fréderique Devos.

Qu’avez-vous lu en janvier ? Avez-vous déjà lu l’un de ces livres ? Aimez-vous les mythes et quelles sont vos références favorites ?

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Le trésor du Pink Lady (De rouage et de sang, #2) d’A.D. Martel

  • Titre : Le trésor du Pink Lady (De rouages et de sang, #2)
  • Autrice : A.D. Martel
  • Éditeur : Scrinéo
  • Catégories : jeunesse, steampunk

Je suis fière d’avoir lu peu de mois après sa sortie le second et dernier tome De rouages et de sang. J’ai la sale habitude de commencer des séries en mettant un temps dingue à poursuivre celles qui comptent déjà plusieurs livres parus. J’aimerai beaucoup arrêter de m’éparpiller. Le Pumpkin Autumn Challenge m’a bien aidée en 2022 avec sa sous-catégorie Deux citrouilles en valent mieux qu’une du menu Automne douceur de vivre. Celle-ci demandait de lire soit une duologie soit d’en lire un livre. Vu que j’avais lu Les disparus d’Arkantras au début de l’année, j’ai profité pour le placer la suite dans ma PAL du PAC.

Le roman reprend là où l’histoire s’est terminée dans le premier opus. Comme d’habitude, je vous déconseille de lire cet avis si vous n’avez pas lu le précédent tome.

Rowena, M. Gratouille et Œil de Pirates ont réussi à s’échapper sur un navire pour quitter la milice d’Arkantras. Mais leur répit est bref, car il sont encerclé par leurs aéronefs. Les chances de fuir une seconde fois semblent minces quand des pirates surgissent ! Le trio, rejoint par Eugène, se retrouve ainsi sur le Pink Lady pour le pire comme le meilleur. Côtoyer cet équipage particulier pourrait bien s’avérer salutaire et ouvrir leur horizon de bien des manières.

Le trésor du Pink Lady nous fait entrer dans le monde de la piraterie où l’avidité règne. Sauf que les apparences sont parfois trompeuses. Butcher est autoritaire et fière. Elle dirige ses hommes d’une main de velours dans un gant de fer comme le prouvent à maintes reprises le respect et la crainte de Seth et de Carl. Nos deux compères ont un côté bêta, surtout quand ils veulent montrer leur méchanceté alors que ce sont des cœurs tendres. C’est ce qui sauve dans un premier temps Rowena au moment de l’abordage du vaisseau. Car oui, le but des pirates n’était pas de secourir les pauvres d’Arkantras, mais de piller le bateau et d’emprisonner les passagers. Ému par la présence de cette adolescente, Seth l’enferme dans une cabine à part. L’aplomb et la détermination de notre héroïne la pousseront à affronter l’impitoyable Capitaine Butcher en lui proposant son aide pour réparer le Pink Lady grâce à ses talents de mécanicienne. Cela lui donnera également du temps pour retrouver Gratt et Œil-de-Pirate.

En intégrant l’équipage du navire, Rowena va faire montre de courage pour défendre les gens qu’elle aime, même à son amie défunte. Habituée aux rues d’Arkantras, elle conquiert rapidement le cœur des deux matelots et du cuisinier. Hercule est un géant aux difficultés d’élocution. Sa bonté est vraiment touchante et possède la force de faire flancher Butcher lorsqu’elle dépasse les bornes.

À côté de ces êtres ambivalents qui revêtent, pour la plupart, une attitude de méchant pirate pour la forme, nos amis évoluent. Rowena va découvrir la puissance des liens familiaux, ceux qui ne découlent pas du sang. Eugène va faire un bon gigantesque en avant. Au départ, il a une soif de justice et souhaite à tout prix réaliser le vœu de Beatrice : aider les plus pauvres. Il commence avec Rowena. Toutefois, il se rend compte que la gamine est bien plus mature que lui. Il finit par comprendre qu’elle est comme un poisson dans l’eau. Elle a appris à survivre alors que lui s’y noie. L’éducation du journaliste et la réalité de ses sentiments se heurtent. Cependant, il entrevoit, puis acquiert les principes de vie qui lui apporteront le bonheur : profiter du moment présent, savoir apprécier les petites joies, s’affranchir du regard d’autrui, vivre comme on l’entend sans craindre ce que les autres diront. Eugène est sans doute le personnage qui évolue le plus. Rowena affirme une personnalité déjà exposée dans le premier tome, tandis que lui change de niveau. Quant à Œil-de-Pirate, il ose enfin se confronter à son passé. Il accepte ses faiblesses et sa lâcheté pour agir dans le bon sens grâce à son amour pour Rowena et à la franchise de Butcher qui se bat de toutes ses forces pour protéger ses trésors !

Un trésor bien énigmatique au départ qui se révèle original quand on le découvre. C’est une richesse à préserver, une richesse qui apporte de l’espoir sous les nuages qui dissimulent la beauté des étoiles.

Les aventures de Rowena sont relatées avec une plume dynamique et fluide. Les scènes sont dépeintes avec une efficacité redoutable pour sculpter les ambiances et jouer avec nos émotions. Il y a un épisode en particulier qui m’a fait craindre le pire. Je me résonnai au moment de lire les phrases menant vers la résolution : « C’est un jeunesse, elle ne peut PAS faire ça ».

En bref, Le trésor du Pink Lady est une aventure mêlant piraterie et tendresse avec brio. En prenant de l’altitude, nos héros découvrent l’immensité de la planète et du cœur humain. L’espoir d’une vie meilleure flotte comme étendard et rassemble ces êtres si différents en une famille unie qui veulent protéger leur monde. Une histoire pleine de rebondissements dans laquelle la cruauté est sabordée par l’amour et l’union.

Sur l’écorchure de tes mots de Pascaline Nolot

  • Titre : Sur l’écorchure de tes mots
  • Autrice : Pascaline Nolot
  • Éditeur : Éditions du Chat noir
  • Catégorie : young adult

Après l’excellent Rouge et même si je lis moins de young adult ou la magie est absente, je n’ai pas hésité à me procurer Sur l’écorchure de tes mots sur le site des Éditions du Chat noir au moment de soldes.

Il y a six ans, un drame déchire la famille Castel. Défigurée à vie, Emma vit recluse avec sa mère. Son traumatisme l’empêche de sortir. Le regard des autres sur sa face monstrueuse la paralyse. Pourtant, elle ose se rendre à l’enterrement de celui qui l’a sauvée lors de l’accident. Le destin la pousse à revoir son frère, Sid. Une rencontre fugace, sans mots, qui marque un nouveau départ pour eux.

Dès les premières lignes, le mal-être d’Emma m’a serré le cœur. En quelques minutes, le contexte est brossé avec brio. On a envie de connaître ce qu’il s’est passé et comment elle va évoluer après avoir croisé son frère. Cette histoire de seconde chance est rondement menée. L’autrice dépeint des comportements qui paraissent de prime abord, ordinaires, mais qui cachent des problèmes plus profonds qui sont à la source de la rupture familiale. Je n’ai pas envie de divulguer le thème qui se dissimule derrière eux, car je préfère que vous viviez cette révélation étonnante comme je l’ai vécue. Je pense que ne pas s’y attendre permet également de mieux sensibiliser au sujet les lecteur.rices. Après que ceux-ci se soient attachés aux personnages.

Rompre avec le passé n’est pas chose aisée, surtout quand celui-ci est marqué sur son visage au fer rouge. Cependant, Emma en a marre de la situation. Elle en a marre d’espérer un changement de la part de Sid qui la fuit depuis l’accident. De ce fait, elle décide de couper définitivement les ponts par une lettre d’adieu dont il ne tient pas compte. Loin de les éloigner, cela va les rapprocher, grâce aussi par l’intermédiaire d’un ange : Maïsane.

Il s’agit de la meilleure amie d’Emma, qui va surprendre Sid dans une position douteuse. Cette fille est lumineuse, positive et ne se fie pas aux apparences. Au début, j’avais un peu peur que son rôle se limite à une amourette avec Sid qui servirait à un rapprochement avec sa sœur. Si elle est bien une intermédiaire, mes appréhensions ont vite été levées par ses mots percutants qui filent tel un flèche, droit au cœur. Son honnêteté et sa franchise en font presque un être irréel, surtout qu’elle semble dépourvue de défauts. Cette absence de noirceur m’a, toutefois, fait un bien fou. Probablement en raison de la négativité qui émane d’Emma et de Sid.

Emma s’enfonce dans sa grotte dont les murs sont tapissés de livres. Déjà petite, elle les dévorait par bibliothèque entière. Elle adorait en particulier le théâtre dont elle déclamait les proses. Elle espérait fouler les planches en récitant ses actes préférés. Un rêve partit en fumée en même temps que son visage. La jeune femme n’en a pas délaissé l’amour de la littérature pour autant. Elle a un blog Les mots écorchés, sur lequel elle partage les extraits qui entrent en résonance avec ses émotions, et ses propres écrits. Ce site est sa fenêtre ouverte sur le monde, son échappatoire qui lui donne l’impression de vivre en dépit des haters et des pervers. Les références bibliographiques parsèment le roman de manière judicieuse.

Il est amusant de noter que les mots écorchés sont aussi l’apanage de Sid. Lui, ne s’épanche pas sur le Net. Il n’a d’ailleurs aucun compte sur les réseaux sociaux qu’il fuit pour rester libre. Une belle illusion, car la réalité est tout autre. Le garçon peine à exprimer ses véritables sentiments. Dès qu’il souhaite partager une émotion sincère, celle-ci se bloque dans sa gorge, se distord et sort par sa bouche avec dédain ou rigolade. L’esbroufe lui confère un côté rebelle et l’attitude d’un adolescent immature et impertinent qui se fout de l’école et du monde du travail. Pourtant, il souffre de cette situation. De son incapacité à s’exprimer, à soulager les épaules de son père qu’il voit se courber sous les menaces patronales qui l’obligent à appliquer des décisions qui vont à l’encontre de ses valeurs. Il souffre de sa faiblesse face à la catastrophe, alors qu’il n’avait que 11 ans à l’époque !

En bref, Sur l’écorchure de tes mots est un livre d’espoir, de rédemption et d’amour qui prouve que rien n’est définitif. Un mot, un regard, une main tendue peut libérer la parole, la rendre droite, douce et guérisseuse. Emma et Sid trouvent tous deux le chemin de bonheur qu’ils vont parcourir ensemble pour balayer à jamais la honte qui pèse sur leur cœur.

Faites vos jeux de Julia Richard

  • Titre : Faites vos jeux
  • Autrice : Julia Richard
  • Éditeur : Éditions du Héron d’Argent
  • Catégorie : Thriller

J’ai exhumé Faites vos jeux de ma pal pendant l’automne, où il attendait depuis la Foire du livre de Bruxelles de 2019. Il s’agit de ma première lecture de la ME le Héron d’Argent.

Huit personnes se réveillent autour d’une table. Attachées à une chaise, les yeux bandés, elles apprennent le destin funeste qui les attend. Elles sont enfermées dans une maison close. Seul deux d’entre elles pourront sortir. Parmi elles, un loup détient une partie du code. Le pire ? Elles ont toutes un détonateur inséré dans le cœur. Une télécommande qui confère aussi un pouvoir précis qu’elles devront découvrir grâce aux boîtes qui ne s’ouvrent qu’à certaines conditions.

Ce roman reprend les bases de tout huis clos appelant au meurtre pour survivre. Pourtant, il s’en détache par les comportements des personnages. Contrairement à d’habitude, je ne vais pas m’attarder sur les psychologies et l’évolution de ceux-ci en raison de la construction de la narration qui est multiple. Ce thriller est partagé en huit sections, sous-divisées en chapitre. Une partie égale un joueur. Ce choix nous fait découvrir les pensées intimes du narrateur et le portrait qu’il dresse de ces malheureux colocataires. Si les identités sont variées, nous n’avons pas de réel psychopathe qui profiterait de ce moment pour libérer ses envies de meurtre. Il y a juste une femme psychologiquement instable, mais qui n’est une menace que pour elle-même.

Le contexte du huis clos démarre donc sur des personnes relativement « normales ». L’intérêt repose sur l’évolution des relations de ces inconnus qui sont amenés dès le début à douter à cause de la présence d’un loup. Ce doute qui ronge les cerveaux les plus doués et affûtés. Ce doute qui est alimenté par les morts inattendues. Ce doute qui crée un effet de meute, car ce qui est le plus évident pour des êtres normalement constitués de notre société est de refuser de tuer. Des stratégies de groupe sont mises en place. Pourtant, la pression va amener des actes communs sordides, des comportements anormaux que les survivants vont devoir supporter sur leur conscience. Pression accentuée par la connaissance ou non de son pouvoir ou celui des autres.

La tension augmente lorsque les mémoires et les langues se délient. Des liens entre les personnages sont dévoilés. Cependant, il y a plus intrigant : c’est le lien entre certains prisonniers et la maison. Tous ces éléments alimentent les discussions et les théories sur l’identité du loup.

En bref, Faites vos jeux est une expérience sociale glauque qui présente des comportements interpellant de la part de personnes sans déviances psychologiques. La partie se déroule étrangement pour un jeu de la mort. Ne vous attendez pas à un jeu subtil de manipulations à la Liar Game ou une boucherie comme Battle Royal. Si le suspense ne m’a pas captivé, j’ai apprécié découvrir l’évolution psychologique et les tournures dramatiques et dérangeantes des situations créées par ces humains.

Filles du vent de Mathilde Faure

  • Titre : Filles du vent
  • Autrice : Mathilde Faure
  • Éditeur : Charleston Édition
  • Catégorie : young adult

Jusqu’à présent, mes lectures des Éditions Charleston s’étaient soldées soit par l’indifférence soit par un échec. Filles du vent, acquis lors de l’Op All Star 2021 est le premier roman que j’apprécie vraiment. Ce n’est pas un coup de cœur à proprement parler, mais je me suis laissé transporter par l’histoire de ces adolescentes placées. Je l’ai lu dans le cadre du Pumpkin Autumn Challenge, menu Automne rayonnant, le don des Merriwick.

Lina, Assa et Céline sont trois adolescentes placées dans un foyer à Argenteuil. Elles sont toutes différentes. Pourtant, une chose les lie : l’invisibilité dans laquelle elle grandisse. Un jour, Lina embarque ces colocataires dans une fugue pour libérer leur voix, celle des filles placées que l’on ignore jusque dans les manifestations féministes. Elles vont parcourir la France en placardant leurs revendications sur les murs.

« …la violence, c’est le silence. »

Le livre passe tour à tour la plume aux trois femmes. Cette narration à multiples points de vue nous permet d’entrer dans l’intimité, l’histoire, le mal être de personnes en partie représentatives de la situation des foyers. Ces jeunes qui sont retirées du milieu familial pour diverses raisons, trop souvent sordides, et qui doivent survivre dans cette société marginalisante. Une société qui les exclut par leur statut, qui leur appose une étiquette et qui veut soi-disant de les aider. Je vais tenter de dresser le portrait des protagonistes au mieux.

Lina est le point de départ de cette fugue-mission. Elle souffre de ne pas trouver sa place dans le monde. Elle est perdue et porte un masque pour se protéger. Elle s’habille en jogging pour repousser les hommes dont elle adopte la violence langagière et comportementale. Elle ne supporte plus cette situation. Lorsqu’elle entend parler de la manifestation Nous Toutes, celle-ci résonne en elle. Son cœur vibre à cet appel. Pourtant, elle ne se sent pas représentée par cette assemblée de femmes quand elle s’y rend en douce. Où sont les adolescentes comme elle ? Celles qui ont subi la violence des hommes ? Celles qu’on a placées sous surveillance des éducateurs ? Celles qu’on accompagne avant de les lâcher dans la nature une fois la majorité atteinte ? Cette césure supplémentaire, avec des sœurs de combats, la bouleverse et fait grandir en elle le désir de trouver sa voie, sa place dans ce monde. Mais comment peut-elle y arriver alors qu’elle se sent incapable d’exprimer son ressenti ?

La musique (surtout le rap) est une source de liberté. Les paroles font écho en elle. Elle se sent pousser des ailes. Lina s’interroge de plus en plus et veut en apprendre plus sur les figures féministes, dont Gisèle Halimi dont les actes l’impressionnent et l’inspirent. Pour assouvir sa soif secrète de lecture, elle s’infiltre chez Assa.

Assa est une adolescente effacée. Studieuse et calme, elle tranche avec le profil belliqueux et rebelle des autres pensionnaires. Elle ressemble à un lac dont la surface tranquille dissimule le bouillonnement de la vie. Elle s’est fixé un but  et compte bien y arriver. Toutefois, elle rentre trop dans le moule de la société et n’ose pas exprimer ses revendications maintenant ! Elle est capable d’élaborer des exposés sur les mouvements féministes, mais elle ne montre pas la hargne et la volonté de défendre ses sœurs contrairement à ce qui l’a amenée dans ce foyer. L’obstination de Lina va lui ouvrir les yeux. L’action, c’est maintenant et pas dans un hypothétique demain ! Assa symbolise l’histoire. Ses connaissances vont aider ses compagnes d’aventure à comprendre ce qu’elles ressentent. Et celles-ci vont lui permettre de vivre au présent.

Céline est sans doute la plus paumée du groupe. Elle croit être libre alors qu’elle est manipulée par Malik qui la prostitue. Elle se laisse embarquer par Lina et Assa sans savoir au départ ce qu’elles ont en tête, et c’est ce qui va la sauver. Elle réalise l’horreur du monde dans lequel Malik l’a enchaînée. Elle comprend que son corps et sa volonté ne lui appartenaient plus. Ce voyage va lui redonner les ailes que les hommes lui avaient volées.

Leur prise de parole dans l’espace public va délier les langues d’autres adolescentes placées. Leurs actions vont montrer qu’elles peuvent être entendues, devenir visibles, être écoutées et faire partie des mouvements féministes, et ce, sans violence. J’ai particulièrement aimé l’action finale !

« Être courageux, c’est sortir du rang, résister à un ordre que l’on trouve injuste. Le courage, c’est assumer sa différence. C’est refuser d’être invisible. »

Vous l’aurez compris, ce roman regroupe de thèmes qui me sont cher et qui sont exposés avec une sensibilité crue. L’autrice évite les filtres pour parler des comportements exécrables des hommes, dont le viol sur mineur, la violence conjugale et le féminicide. Filles du vent pourrait être considéré comme un recueil sur le féminisme vu qu’il inclut des bribes de l’histoire du féminisme à travers des portraits de femmes tout en parlant des actions récentes comme le #metoo.

En bref, Filles du vent s’est révélé une lecture importante qui lève le voile sur une partie de la population féminine invisibilisée. En donnant la parole à Lina, Assa et Céline, Mahtilde Faure bouscule nos idées et nous prodigue l’élan pour changer les choses. L’action de ces trois adolescentes, sans être entièrement représentatifs des situations des ados placées, est galvanisant par sa sincérité et son authenticité.