Elvira : Kee’vah des clans unifiés de Tiphs

  • Titre : Elvira : Kee’vah des clans unifiés
  • Autrice : Tiphs
  • Éditeur : Plume Blanche
  • Catégorie : fantasy

J’ai connu Tiphs en tombant sur ses sublimes illustrations sur Facebook. Son art magique, merveilleux et onirique m’a séduit immédiatement. En la suivant, j’ai vu paraître ses romans Allunia. À quelques jours du salon du livre de Wallonie, je planifiais un tour sur le stand des Éditions Plume Blanche que j’avais déjà considéré sur d’autres événements sans jamais franchir le pas de l’achat. Je ne saurais dire pourquoi j’ai attendu si longtemps de découvrir son catalogue. Sans doute y a-t-il trop de choix alléchant. Couplé à mon côté indécis, je finissai pas passer mon chemin. Bref, j’hésitais entre le premier tome d’Allunia et Elvira avant le salon à Mons, la balance penchant un peu plus vers le second. Le destin m’a poussée d’une tape amicale dans le dos, car le premier était épuisé le dimanche. Elvira : Kee’vah des clans unifiés se déroule dans le même univers qu’Allunia et peut se lire indépendamment malgré quelques éléments révélateurs de l’histoire précédente.

Elvira s’enfuit de Querb Torpaq pour échapper aux commanditaires de l’assassin qui vient de tenter de la tuer dans son sommeil. Chamboulée, la Keev’ah rejoint de justesse l’un des clans dissidents du Grand Nord. Là, le chef la place sous la protection du veilleur, Rhün, qui la déteste. Bientôt, les voix de l’entremonde l’enjoignent à rentrer, car la guide spirituelle ne peut rester loin de ceux et celles qu’elle doit préserver grâce à sa magie. Une lutte entre le devoir et les désirs tapis au fond de son cœur commence. Un combat qui ne sera pas le seul à être mené, car les griffes de ses détracteurs se referment sur elle.

Apprenant la venue de l’autrice à la Foire du Livre de Bruxelles, j’ai sorti Elvira de ma pal dans l’optique de me procurer Allunia en fonction de mon appréciation. Ayant eu un mois de mars difficile, il me restait plus de cent pages au moment de m’y rendre le vendredi. Je n’ai pas attendu la fin de ma lecture tant j’étais subjuguée par le récit et surtout l’écriture pour acheter le premier tome de la série. Dynamique, fluide et vivante, la plume de Tiphs dessine un équilibre parfait entre l’action, les descriptions et la psychologie des personnages. Dès les premières pages, elle m’a donné envie d’écrire, de réussir à insuffler autant d’émotions et de substances en peu de lignes. Les scènes se déroulaient sous mes yeux comme si j’avais été happée par les voiles colorées des aurores boréales, spectatrice de cette aventure, de cette fuite vers la liberté, vers la chance de pouvoir vivre en restant soi-même. Une quête pleine de rebondissements, de douceur, de colère, de bonheur, de tristesse, d’injustice. J’ai versé des larmes tant cette histoire m’a bouleversée.

« Une Kee’vah ne montre pas ses faiblesses, Elvira. Une Kee’vah n’a pas de faiblesses. »

La Keev’ah guide le peuple à l’aide des âmes passées dans l’entremonde. Celles-ci imposent leur suprématie sur son esprit. Choisie par elles, la Kee’vah possède souvent une différence corporelle qui l’a démarque des autres. Elvira est une albinos. Dès son plus jeune âge, sa mère, Nash, la façonne, l’éduque à endosser son rôle à la perfection. Celui d’une guide spirituelle placée au-dessus de tout.es par sa prestance et son comportement. Elvira doit cacher ses émotions, rester humble et garder une certaine distance avec les citoyens. Elle ne doit pas utiliser ses pouvoirs pour sauver les vivants, malgré la peine qui lui étreint le cœur face aux visages éplorés de parents craignant la maladie de leur enfant ou les situations désespérées. Maintenir le masque impassible d’une reine à la fois humaine et divine lui pèse énormément. Elle désire ressentir, laisser couler ses sentiments sur le devant de la scène.

Au contact des membres du clan dissident (et particulièrement de Hanne et Rhün), elle va saisir les rênes de son avenir. De ses propres choix, pas ceux de Nash ou des matriarches qui manipulent chacun de ses actes et des aspects de sa vie. Ce chemin l’amènera vers des secrets oubliés de tous. Une mémoire perdue et terrifiante.

Ce roman n’est pas seulement l’épanouissement d’une femme emprisonnée psychologiquement. Il aborde des thèmes comme les préjugés que la rencontre, les relations et l’ouverture d’esprit peuvent démolir. A mes yeux, le sujet le plus important est celui à partir duquel l’histoire découle, se (dé)construit et s’incarne en Elvira : la vision de la femme par la société. On a beau se trouver dans un univers où des matriarches dirigent le clan ayant le plus de pouvoir au nord d’Allunia, les traditions reproduisent les conceptions sur le rôle de la femme qui sont issues de notre monde patriarcal. Je tairai lesquelles pour ne pas trop en dire.  

« Nous sommes faites pour vivre comme nous l’entendons, non pour correspondre à vos attentes »

Cette particularité intervient dans le développement douloureux, puis doux entre Elvira et Rhün. Le veilleur désire tant protéger son village qu’il voit d’un mauvais œil l’arrivée de la Keev’ah. Pourtant, les événements vont les rapprocher. Ils vont découvrir le vrai visage de l’autre, leurs faiblesses et leurs forces mutuelles. Un lien se noue progressivement entre eux.

En bref, l’histoire d’ Elvira : Kee’vah des clans unifiés est un roman vibrant d’émotions, à l’image des aurores boréales illuminant les montagnes enneigées. J’ ai adoré du premier au dernier mot. Tiphs manie la plume avec autant de maîtrise que ses crayons de couleur pour peindre un récit centré sur le dépassement de soi, de son éducation, des préjugés et du passé avec des révélations et un final poignants. 

5 commentaires sur “Elvira : Kee’vah des clans unifiés de Tiphs

    1. Le travail de Tiphs est vraiment fabuleux. La deuxième couverture, celle de l’édition collector est sublime également. Si jamais tu passes le pas, je te souhaite une lecture aussi palpitante que la mienne. 🙂

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