La chute du Magentist (Les Royaumes Ephémères, tome 2) de Geoffrey Claustriaux

  • Titre : La chute du Magentist (Les Royaumes Ephémères, tome 2)
  • Auteur : Geoffrey Claustriaux
  • Éditeur : Livr’S Éditions
  • Catégorie : fantasy

Mue par l’envie d’avancer dans mes séries, j’ai sorti le deuxième tome des Royaumes Ephémères de Geoffrey Claustriaux que je m’étais procuré à la Foire du Livre de Bruxelles de 2023. Évitez de lire cette chronique sans connaissance du premier livre, car certains éléments ne peuvent être dissimulés.

David Mellow était un garçon ordinaire… jusqu’à ce qu’il décède dans un accident de la route et se réveille dans un monde inconnu, nommé par ses habitants « les Royaumes Éphémères ». Dans cet univers parallèle au nôtre, les nouveaux venus se voient dotés de capacités magiques défiant l’imagination. À son arrivée, David est recueilli par Balin, un mage millénaire qui va devenir son mentor. Il va également se lier d’amitié avec Milia et Matthew, malgré la rivalité qui les oppose. Toutefois, sur un coup de tête, il décide de quitter le groupe et de rejoindre la caste des Fulvus, des mages utilisateurs d’animaux. Pendant ce temps, Matthew et Milia partent à la recherche de Balin, qui a mystérieusement disparu…

Sans surprise, nous reprenons l’histoire où elle s’est interrompue. David se lance corps et âme dans son apprentissage chez les Fulvus. Le clan invoque des créatures fantastiques auxquels ils se lient pour les aider dans la vie comme dans les combats. Cette magie demande autant de dextérité que de contrôle de soi, sinon l’animal risque de faire ce qu’il lui plaît. L’intégration de notre héros se déroule bien à deux exceptions près. Il s’attire les foudres des jumeaux maléfiques et il s’inquiète de la disparition de Balin que ses amis Milia et Matthew sont partis sauver.

David témoigne d’une prudence et d’un caractère avisé développés depuis ses actions irraisonnées du premier tome. Des comportements qui avaient eu des conséquences terribles qui l’ont marqué. Au fil de La chute du Magentist, il va devenir plus sage, plus mature et les épreuves qu’il va traverser le rendront plus fort mentalement, ce qui va l’aider à ne pas renoncer. L’amitié est une valeur primordiale pour lui et il n’hésitera pas à l’affronter pour la sauver.

On retrouve les alliés de L’ascension du jeune fauve. Milia et son côté protecteur. La jeune femme va dévoiler sa sensibilité, mais aussi son habilité à développer des stratégies. Une aptitude qui tranche avec son impulsivité. Matthew vacille et s’enfonce dans les profondeurs de la vengeance qui le ronge depuis la disparation de son clan.

Touche de couleurs égayant les Ténèbres qui se déploient dans ce roman, Nagmi m’a touché en plein cœur. Notre petit gnome de magma décoche des sourires grâce à sa maladresse et sa bienveillance. Ne vous fiez pas à cette image, il est l’énergie du groupe, le courage incarné qui possède bien plus de puissance que la première impression couchée sur le papier par l’auteur. J’adore quand les personnages d’une faiblesse apparente se révèlent fiables. Personne n’est insignifiant. C’est tellement important de le dire, de le raconter, même quand il s’agit de personnages secondaires.

Un deuxième élément narratif que j’ai apprécié dans la suite de ce récit concerne la sensibilité des hommes. Le romancier brise les codes du patriarcat en les faisant pleurer SANS le pointer une seule fois au cours de sa narration. Habituellement, si l’un d’eux ose montrer son chagrin, il y a toujours bien quelqu’un. e pour dire « c’est normal », ou pour souligner « comme c’est beau. » Ici, Geoffrey Claustriaux laisse simplement les larmes couler, sans jugement, sans le souligner, ce qui participe bien plus à la normalisation des sentiments éprouvés et vécus par la gent masculine.

En bref, la chute du Magentist sculpte la vengeance dans un récit où l’amitié vacille et s’endurcit pour éviter l’inévitable. La noirceur s’invite et certains personnages en sont d’autant plus scintillants. Les émotions sont libérées, elles s’écoulent et s’épanouissent sur les visages de tous dans ce récit bouillonnant d’imagination.

Les Nouvelles Portes de l’imaginaire – AJILE 2023 (anthologie)

  • Titre : Les Nouvelles Portes de l’imaginaire – AJILE 2023
  • Auteur.ices : Maya Bonnier, Nathanaël Donné, Christelle Jansen, Hanaé-Lou Kerkhofs, Michelle Stuyven, Lou-Anne Usewils
  • Éditeur : Livr’S Éditions
  • Catégories : nouvelles, fantastique

Les précommandes de février chez Liv’S éditions annonçant la parution d’un second volet, j’ai sorti de ma pal Les Nouvelles Portes de l’imaginaire – AJILE 2023 qui contient six textes écrits par des auteur.ices en herbe. Cette anthologie a été réalisée en collaboration avec l’association bruxelloise AJILE.

Comme à mon habitude, j’ai lu une nouvelle par jour, me laissant bercer par ces débutant.es, ces inconnu.es que j’aimerais encore rencontrer dans mes aventures livresques dans le futur pour certains d’entre eux. Malgré des plumes parfois académiques, j’ai été touchée tour à tour par l’émotion, l’originalité, la maîtrise stylistique et la simplicité. Toutes les nouvelles ne me laisseront pas un souvenir intense, cependant, elles méritent d’être découvertes.

J’ai particulièrement apprécié la douceur et la force de l’amour fraternel/la sororité dans La nouvelle chance de Nathanaël Donné. Cette histoire est trop chou alors qu’elle aborde la thématique du deuil et du pouvoir de la musique. À croire que les planches de la scène m’ont capturée dans ce recueil, car Danza Danza, stellina de Christelle Janssen m’a envoûtée de ses entrechats et pointes machiavéliques qui témoigne de la cruauté de l’univers des ballets. Enfin, Le miroir maudit de Lou-Anne Usewiks m’a renvoyé à l’époque des contes merveilleux et moralisateur en dénonçant la cupidité du narrateur en quelques lignes.

La voleuse des toits de Laure Dargelos

  • Titre : La voleuse des toits
  • Autrice : Laure Dargelos
  • Éditeur : autoédition
  • Catégorie : fantasy

J’ai découvert La voleuse des toits grâce à la toute première box livresque que j’ai acquise chez Escape with a book. Il était grandement temps que je sorte cette jolie brique de ma pal, surtout quand on sait que les droits du roman ont été rachetés par les Éditions Rivka entre-temps après le succès de Prospérine Virgule-Point et la Phrase sans fin qui me fait diablement envie. J’évitais de me le procurer tant que je n’avais pas ouvert La voleuse des toits. Cette chronique est réalisée sur la version autoéditée.

Véritables piliers de la société, les règles écarlates ont prohibé toutes formes d’expression : l’art, la littérature et la musique n’existent plus. Chaque jour, la milice multiplie les exécutions pour asseoir l’autorité du régime. Demoiselle respectable le jour et voleuse la nuit, Éléonore Herrenstein s’élève contre l’ordre établi. Elle qui espère rejoindre la rébellion et renverser le gouvernement, la voilà brusquement fiancée à l’un des hommes les plus puissants du royaume. Qui est donc Élias d’Aubrey, cet être impénétrable qui semble viser le pouvoir absolu ? Et pour quelles sombres raisons sa famille dissimule-t-elle une mystérieuse toile, peinte un demi-siècle plus tôt ? Éléonore ignore encore que sa quête l’entraînera bien plus loin qu’elle ne l’imagine. Dans un voyage au-delà du possible…

Le roman est structuré en trois parties qui correspondent presque à une trilogie regroupée en un seul livre. Je dis presque, car pour réussir une bonne série, chaque tome doit avoir sa propre histoire qui s’intègre dans le fil principal sans pour autant nous sauter aux yeux dès le premier roman. Or ici, nous n’avons qu’une unique trame découpée entre plusieurs personnages. Nous suivons d’un côté Plume et Elias et de l’autre un groupe de rebelles.

Dès les premières lignes qui mettent en scène la furtivité de Plume (Éléonore Herrenstein) au sein de la nuit, j’ai été happée par l’histoire. Toutefois, quelques longueurs ont fini par me détacher du texte auxquels j’espérais me rattacher par la suite. Surtout que j’avais deviné l’un des gros retournements de situation avant la moitié du livre. Si la passion n’est pas revenue, j’ai apprécié le sentier obscur que l’autrice a choisi pour atteindre la fin de l’histoire et qui évitait une facilité scénaristique que d’autres n’auraient pas hésité à emprunter pour redorer l’image de l’antagoniste.

Plume est la fille de l’ancien ambassadeur du pays d’Orme. Logée dans les beaux quartiers de Seraën, elle se sent prisonnière des murs de la cité qui la protège de l’ennemi, Valacer. Alors, elle profite de la nuit pour se balader sur les toits. Elle brave l’autorité de l’Oméga en dessinant à la craie et en pénétrant dans les bas-fonds. Une liberté qui lui sera d’autant plus chère quand elle deviendra la fiancée d’Elias d’Aubrey, un héritier de La Ligue écarlate qui terrorise le peuple sous le joug de l’Oméga.

« Elle était devenue une voleuse des toits qui, à la nuit tombée, usait de l’obscurité pour dérober au gouvernement une part d’espoir. Un morceau de ciel étoilé qu’elle glissait sous son oreiller et qui l’accompagnait dans chacun de ses songes. »

Nous avons une héroïne pure dont les graines de la révolte ont germé grâce à une injustice et s’enracinent au fil de ses interactions avec Elias et les rebelles pour éclore en espoir. Cependant, nous sommes loin d’une donneuse de leçon éclairée sur tout. Intrépide, Éléonore est aussi fataliste et terriblement rêveuse. Les deux ne sont pas incompatibles. Lorsque la flamme de l’espoir vacille dans son cœur, il suffit du souffle d’une personne proche d’elle ou une situation inextricable pour la raviver. Sa détermination reflète la naïveté de la jeunesse, ce manque d’expérience et de lucidité qui permet d’envisager l’ensemble des conséquences d’un acte. Ainsi, elle apprendra à ses dépens (et à ceux des autres) que tout symbole de révolte ou toute solution empreinte de justice engendre des causes multiples, bonnes comme tragiques. 

Elle apprend à danser dans cette vie grise avec Élias. Ce seigneur ténébreux est l’archétype du beau gosse méchant au passé douloureux. Manipulateur, sarcastique, violent, il ne comporte pas de réelle surprise par rapport à son évolution psychologique. Leur relation m’a à la fois plu et déplu. Les affronts, les joutes verbales et leurs omissions m’ont égayée par leur nature. La romance m’a laissée de marbre, car je pense qu’elle n’était pas nécessaire au développement de l’histoire. La psychologie de Plume qui accepte le mariage au début du roman uniquement par obligation dessinait une femme qui n’a pas besoin d’amour pour s’attacher aux autres. Honnêtement, je l’aurais bien vue agir de la même manière par amitié que par amour. Je n’ai pas cru au développement de ce enemies to lovers. Mais, La voleuse des toits reste un roman young adulte. Et comme la majorité des récits ciblant ce public la romance doit impérativement s’établir dans les pages. Je pense que ce genre peut se passer de ce trope, se départir de cette obligation. Une histoire d’amitié peut tout aussi être poignante que l’amour entre deux personnes.  

Mis à part ce petit désagrément, j’ai adhéré au thème qui défende l’expression artistique et sa force symbolique. J’ai adoré la manière dont l’autrice a tissé ses trois lois dans son univers et l’intrigue, en dévoilant les réelles raisons de leur promulgation. Des règles qui s’arment de la propagande, de la censure pour faire régner la peur. Un système qui garde les chiens gémissants en laisse grâce à la haine de l’étranger. La guerre contre Valacer, la nation ennemie, démontre l’efficacité de l’utilisation d’une sorcière pour justifier les maux et les actes des tyrans.  

« – Je n’ai pas peur de la justice des hommes, déclara Finhen. Elle n’est qu’une institution fragile qui, sous prétexte d’œuvrer pour le bien, se révèle très souvent arbitraire. Elle a beau porter le nom de justice, elle n’est jamais juste… »

Le seul élément qui m’a dérangée concerne la notion de talent inné pour la peinture. Personne ne sort de l’utérus de sa mère un pinceau à la main et la capacité de reproduire le monde avec une perspective et des proportions parfaites. Affirmez ça, c’est éliminer toutes les heures, tous les jours, les mois, les années d’entraînement et d’assiduité pour arriver à dessiner correctement. Même les prodiges sont des amateurs sans répétition.  

En bref, La voleuse des toits place son intrigue dans une ville emprisonnée par les ambitions d’un dictateur qui use de la haine de l’étranger et de la peur pour assouvir son emprise sur un peuple divisé. À travers les mésaventures de Plume et Élias, l’autrice dévoile le dessin préparatoire esquissé sur la toile de son monde en diluant progressivement les couches de peinture qui dissimulent les desseins de l’Oméga. Une histoire et un univers simple, mais divertissant, quoiqu’un peu long.

L’automne des aspirants (Le Manoir de Castlecatz, tome 1)

  • Titre : L’automne des aspirants (Le Manoir de Castlecatz, tome 1)
  • Auteur : Alain T. Puysségur
  • Éditeur : Scrinéo
  • Catégories : jeunesse, fantasy

Un livre avec des chats ? Une magnifique couverture de style Art nouveau signée Maud Chalmel ? Une thématique liée à l’automne ? Il ne m’en fallait pas plus pour tomber sous le charme de ce roman avant même d’avoir lu le résumé.

Lu dans la cadre du PAC, menu Automne des bois et au-delà. Catégorie Pomme alors ! C’est le goût de la tarte aux amaudes.

Une nouvelle année de cours débute au Manoir de Castlecatz ! Kovhan rêve depuis toujours d’y entrer et de devenir Aspirant. Mais pour lui qui maîtrise si mal l’indispensable Maggocculture, triompher des épreuves d’admission n’est pas une tâche facile.

Il y a pourtant pire.

Une menace plane sur Castlecatz cet automne : des incidents magiques se multiplient, certains félins rapportent même avoir aperçu une horrible créature rôder dans les couloirs… Heureusement, le jeune chat peut compter sur Bruyne, son amie gourmande et malicieuse, ainsi que sur Lexios et Serenya, toujours prêts à lui filer un coup de patte !

J’aimerais parler en long et en large de L’automne des aspirants. Je pense toutefois qu’il s’agit du genre de roman dont on ne doit pas trop en dire pour laisser la place à l’émerveillement. Découvrir ce riche univers au fur et à mesure de l’apprentissage de Kovhan et ses amis m’a ramenée dans mon enfance où je passais mon temps dans le monde enchanté avec les animaux et bien entendu mes chats. L’un des points que j’ai le plus appréciés à côté du système tripartite magique et des personnages concerne l’absence d’anthropomorphisme. Nos félins se comportent comme des chats. Ils marchent à quatre pattes, font leur toilette et mangent sans couverts. Cela peut paraître idiot, mais j’ai souri à voir nos apprentis Maggocatz rester fidèles à l’animal. D’autant plus que je les imagine rejoindre notre monde par la suite pour nous protéger. Mais ça, ce n’est que mes envies et mes rêves. 😉

Quoi de mieux qu’un roman pour apporter de la bienveillance et développer l’imagination chez l’enfant (oui, j’ai toujours 10 ans dans ma tête) ? De la bienveillance, Le manoir de Castlecatz en est rempli par son inclusivité et les thématiques abordées à travers les personnages.

Kovhan vient d’une famille qui cultive de l’herbochat depuis des lustres. Il veut choisir son propre destin malgré les difficultés que sa différence engendre. Notre jeune chat possède des écailles sur son pelage. Un trait atypique et mystérieux qui va en rendre plus d’un méfiant et méchant envers lui. Toutefois, cela ne lui confère pas un réel handicap, car il est habitué à supporter le regard d’autrui, c’est autre chose qui constitue un obstacle d’envergure… un élément que je ne peux malheureusement pas révéler, mais qui entre dans le concept des efforts et de la détermination à développer pour atteindre ses objectifs en surmontant les faiblesses. Dans notre société, on rabaisse trop souvent ceux qui ont des difficultés avec de la pitié nauséabonde. Vous savez le : ce n’est pas grave si tu n’y arrives pas, car tu as/es… terminez la phrase par tout ce qui vous passe par la tête. Kovhan incarne le jeune qui part avec des handicaps dans le challenge de la vie et qui va devoir garder une volonté de fer jusqu’au bout.

Heureusement, il se fait des amis en or. Tout d’abord Bruyne, une angora qui n’a pas sa langue dans… zut un chat n’a pas de poche ! Rencontrée sur le chemin du manoir, elle témoigne d’un courage aussi immense que son estomac. Et c’est peu dire ! Cette gourmande au palais délicat cache un secret qui m’a rappelé le trouble du comportement alimentaire. Si le sujet n’est pas vraiment approfondi, la chatte illustre bien le mal-être causé par un poids familial sur les habitudes et les façons de contourner le problème. Ces stratégies de défense que le cerveau met en place pour nous faire croire que tout va bien, on gère. Bruyne déborde d’énergie positive, d’impulsivité (bonjour les plans foireux). Découvrir un pan de son histoire et les raisons de sa gourmandise m’a déchiré le cœur.

Lexios est muet ! Toutefois, il ne souffre aucunement de son handicap et communique avec tous grâce à un instrument qui imite ses miaulements à la perfection. Enfin, Serenya est la féline calme et modérée du groupe. Étant donné qu’elle interagit peu et développe rarement ses réflexions, j’ai un peu de mal à me faire une idée sur elle. J’espère qu’on n’en saura plus dans le second tome.

Ce manque de nuance et d’approfondissement m’a chiffonnée concernant l’opposante directe de Kovhan. Dhareze endosse le rôle de la peste hautaine qui ne cesse de le rabaisser et qui tente par tous les moyens de le faire renvoyer. J’aurais aimé qu’on creuse une autre facette pour contrebalancer l’image de la méchante.

En bref, L’automne des aspirants est un premier tome aux couleurs aussi chaudes que sa couverture. Les premiers pans d’un univers riche nous sont dévoilés grâce à une histoire dont les héros ne sont pas des chats ordinaires, mais extraordinaire. Une inclusivité bienvenue dans le monde des romans jeunesses. Je me plongerai avec plaisir dans la suite qui sort en février. 

Samhain au clan des Damona (Nova et Juliette, tome 2)

  • Titre : Samhain au clan des Damona (Nova et Juliette, tome 2)
  • Autrice : Victoria May
  • Éditeur : auto-édition
  • Catégorie : fantastique

À l’annonce de la préparation du second tome des aventures de Nova et Juliette, j’étais impatiente de me le procurer, au point de limite harceler l’autrice. Désolée Victoria, mais c’est ta faute d’écrire des histoires chaleureuses comme du chocolat chaud avec de la chantilly ! J’ai glissé Samhain au clan des Damona dans ma pal du PAC dans le menu Automne douceur de vivre, catégorie Poupée de souvenir automatique à votre service !

Un an après leur séparation, Juliette a repris sa vie en main. En suivant les conseils de la psychologue, elle s’est inscrite à des cours de théâtre et arrive à mieux gérer ses émotions devant les autres. Toutefois, les nouvelles amitiés qui s’esquissent n’effacent pas la solitude causée par le départ de Nova. Un jour, Popcorn et elle sont convoquées à Iskanbar par la famille de son amie pour la sauver.

Dès les premières pages, j’ai retrouvé l’écriture délicate de l’autrice avec plaisir. On découvre une Juliette qui a pris confiance en elle. L’adolescente se reconstruit petit à petit alors qu’un an auparavant, elle s’isolait. Quand elle arrive au clan des Damona, elle rencontre la sœur de Nova. Malgré son jeune âge, Nine arbore un sérieux et une érudition témoignant de son statut d’héritière. Cependant, le masque de responsabilité se fendille lorsque son aînée disparaît. À force de la côtoyer, Juliette se rend compte de sa fragilité, du fait qu’elle n’est encore qu’une enfant dont les désirs émergent.

À l’image de la Samhain qui marque le passage d’une période à la suivante, cette seconde novella aborde le changement. Celui de la mort et du deuil. Nova bosse comme une acharnée pour reprendre son titre d’héritière du clan sous les conseils de son arrière-grand-mère. Quand Balda décède, elle perd ses repères, sa confiance et son rêve s’éloigne. Elle doit apprendre à vivre sans sa mentore. C’est d’autant plus difficile pour la jeune sorcière que les liens familiaux sont brisés. Jalousie et incompréhension ont grignoté l’amour.

Heureusement, l’amitié est vivace. Il transcende les mondes, guérit les âmes en peine et ouvre les yeux vers de nouveaux horizons. L’amour pousse au dépassement de soi et des règles, même celle de la magie.

Cet univers proche de la nature dont Nova nous a parlé dans le premier opus, nous le découvrons dans toute sa splendeur à l’approche de Samhain.

En bref, Samhain au clan des Damona célèbre le pouvoir guérisseur de l’amitié. Une puissance qui permet de retrouver sa sérénité, de surmonter le deuil mais aussi d’évoluer. C’est l’histoire de deux sœurs qui se (re)découvrent et osent défendre leurs rêves.

Harias, l’elfe asservi de Grenat Marine

  • Titre : Harias, l’elfe asservi
  • Autrice : Grenat Marine
  • Éditeur : auto-édition
  • Catégorie : fantasy

C’est la première fois que ce blog voit apparaître la chronique d’un livre que j’ai bêta-lu. J’ai connu Harias, l’elfe asservi sous sa première mouture avec ses faiblesses et ses forces. Je ne vais pas pouvoir dévoiler les secrets de son évolution. Toutefois, l’exercice de lire les deux versions est hyper intéressant. J’ai l’impression d’être dans les petits secrets de l’autrice en connaissant les autres fins. Je suis aussi subjuguée par la manière dont elle a réussi à surpasser les obstacles soulevés lors de la lecture commentée. Mon avis sera sans doute teinté d’une subjectivité inhabituelle, surtout que Grenat Marine est une amie. Je vais tenter de vous transmettre au mieux les raisons pour lesquels vous devez lire ce rubis.

Harias sert Iphanor depuis le berceau. Une situation qui lui convient et qu’il n’a jamais remise en question jusqu’au jour où son maître reçoit une invitation royale. Son monde bascule pour le pire comme pour le meilleur. Saura-t-il affronter ce qui surgit du passé et du fond de son cœur ?

L’intrigue prend place dans le royaume de Rim Nîr où l’inégalité règne. Parce qu’il est né métis, Iphanor ne peut quitter le domaine de son père. Or, il rêve de liberté, de devenir quelqu’un de respecté. Lorsque le souverain l’oblige à accomplir une mission en compagnie de Rosélias et Nazarine, le jeune elfe est fou de joie. Loin d’être aussi naïf que son maître, Harias craint pour lui et fera tout pour le suivre, même affronter le fouet et les pires bassesses. L’univers de ce roman de fantasy paraît de prime abord basique avec ces elfes, humains et nains qui y vivent selon les règles de la société. Son originalité repose sur le protagoniste et les thématiques abordées qui sont intégrées parfaitement au monde ainsi que dans les interactions des personnages.

Au lieu de suivre un héros avide d’aventures, de liberté ou de reconnaissance (en gros, Iphanor), Grenat Marine nous propose de voir à travers les yeux d’un serviteur qui souhaite rester bien à l’abri dans le giron de son maître. Un élu malgré lui qui ne projette aucune ambition honorable si ce n’est protéger son précieux. Nous avons donc affaire à une créature conditionnée par la société. Fidèle jusqu’au bout de ses oreilles pointues, il ne peut concevoir un monde sans Iphanor. Imaginez le choc qu’il va subir au cours de ses mésaventures qui vont bousculer sa vie bien rangée en dépit de ses imperfections ! Le doute va s’immiscer au fil des rencontres et des épreuves. Sa loyauté qui lui fait confondre altruisme et servitude va évoluer vers une autre forme. Bienveillance, consentement, amitié et famille au-delà des liens du sang vont éclore dans son univers auparavant restreint.

Harias n’est pas le seul dont la bulle va éclater au cours de cette aventure. La naïveté et l’effronterie d’Iphanor vont prendre un sacré coup face à la réalité. Cependant, il va avoir du mal à l’admettre et à changer. Il va comprendre que les apparences et les titres peuvent être trompeurs. À l’image de Nazarine l’enjôleuse dont la superficialité des débuts dissimule un courage sans borne et une souffrance profonde derrière les robes soyeuses qu’elle porte.

La plume vivace de Grenat Marine dépeint une fresque où la rencontre entre des inconnus brise les conditionnements imposés par une société nauséabonde. Les vérités ressurgissent des entrailles de la Terre pour anéantir l’histoire des vainqueurs devenus dictateurs.

En bref, Harias, l’elfe asservi nous entraîne dans un récit aux questionnements contemporains plongé dans un univers de fantasy. Le royaume de Rîm Nir prônant l’inégalité et le racisme vacille lorsque deux mondes se rencontrent. Ce récit met en scène des créatures qui vont apprendre à vivre pour eux-mêmes grâce à l’amitié et au respect.

La Pelle de l’Imaginaire

  • Titre : La Pelle de l’Imaginaire
  • Autrices : Lyly Ford, Cécile Ama Courtois, Virgnie T., Mariann Helens, Eva de Kerlan, Florina L’Irlandaise, C. C. Mahon
  • Éditeur : Auto-édition
  • Catégorie : nouvelles

À l’approche d’Halloween, les Plumes de l’Imaginaire ont sévi à nouveau en sortant une deuxième anthologie. Cette fois-ci, elles ont choisi un outil de circonstance. Qui dit veille de la Toussaint, dit cimetière. Et quoi de mieux qu’une bonne pelle pour déterrer les mots afin de les aligner pour créer des histoires fabuleuses ? Je remercie les Plumes pour leur confiance.

La Pelle de l’Imaginaire met en scène cet outil sans pour autant nous entraîner uniquement entre les tombes. D’ailleurs, la vieille amie du fossoyeur n’est pas la seule à apparaître. Après tout, il existe plus de sortes de pelles que celle qui nous vient à l’esprit. Le recueil nous fait tour à tour passer dans les genres du thriller, de l’horreur, de la fantasy et d’urban fantasy. Certaines autrices telles Florina l’Irlandaise et C. C. Mahon explorent leur univers déjà paru. N’ayez crainte, ces nouvelles peuvent se lire indépendamment. Et si vous hésitiez à vous lancer dans leurs œuvres, pourquoi ne pas justement essayer cet ouvrage ? Cela ferait une belle entrée en matière. Surtout qu’il y en a pour tous les goûts : enquête, magie, violence, espoir, trahison, rédemption, humour, légende et féminisme.

A Pelle Moi de Lyly Ford

Une comptine s’élève dans le jardin. Enfantine, réconfortante, et puis, c’est le choc. En un couplet, on comprend à qui ou plutôt à quoi on a affaire. J’ai adoré la narration et son point de vue original. On suit une psychopathe qui use de charme et de violence dans un récit horrifique à la fois brusque, sensuel et léger. L’écriture est rythmée et fluide. On se laisse bercer par l’appel malgré le bain de sang. Ne cherchez pas de moral à cette histoire ni de thème. Ce n’est qu’un pur concentré de mal, d’impureté et de puissance qui nous amène pourtant vers une Happy Ending. Mais pour qui ? Je vous laisse le découvrir.

La Pelle de la Forêt de Cécile Ama Courtois

Dans cette nouvelle, on retrouve l’amour de l’autrice pour la forêt, la musique et la fantasy. Meredith est avide de réaliser son rêve. Elle veut devenir magesse ducale à la cour d’Armadail. La première étape pour y arriver s’avère ardue, puis étonnante. Pourtant, cette épreuve n’est rien comparée à ce qui l’attend.

Cécile Ama Courtois construit un univers bien ficelé dont les règles sont utilisées à fond. Entendez par là que les lois magiques ne servent pas de jolis pots de fleurs décoratifs. Elle montre par là, l’assiduité qu’elle apporte pour un court texte. Chose dont je ne doutais point pour avoir lu quasiment toute sa bibliographie. Elle travaille toujours avec un soin pointilleux le world building et ses personnages afin de transmettre des messages importants. Dans un style dynamique, virevoltant et intense, elle nous rappelle de ne pas nous fier aux apparences. 

Enquête à la Pelle de Virginie T.

Asty désire son indépendance. Elle exergue que ses parents traqueurs de démon la surprotègent. Dans cet univers d’Urban Fantasy, les policiers demandent de l’aide aux êtres surnaturels pour résoudre des crimes étranges. En se rendant compte de la négligence des hommes de loi par rapport à une affaire, la jeune femme se met en tête de s’en occuper. Georges, son coéquipier fantomatique, la suit à contrecœur par peur, mais avec douceur. J’ai adoré cette aventure palpitante et ce duo atypique où humour et amour se mêlent. En plus, il paraît qu’on va bientôt les retrouver !

Le Croquemort de Bentsonville de Mariann Helens

Nous plongeons dans un récit teinté de western. Sarah est croquemort à Bentsonville. Lorsque les villageois commencent à voir des revenants, elle est pointée du doigt. Le Shérif vient la confronter dans son antre. Mauvaise idée. Les secrets ne meurent pas six pieds sous terre.

Ce récit met en scène la force des femmes qui s’unissent contre l’orgueil masculin. La misogynie n’a qu’à bien se tenir. Les terres sacrées amérindiennes ne s’allient jamais avec les êtres sans scrupules.

Le Paradis à la Pelle d’Eva de Kerlan

L’autrice nous propose une délicieuse comédie où un fantôme fraîchement démoulé se retrouve embrigadé dans une drôle d’affaire. Déboussolé par sa mort précoce, Eden rencontre Phinéas qui lui explique comment atteindre le paradis, et Diane, une chasseuse de démon autoritaire, mais juste, qui va lui ouvrir les yeux sur son mentor défectueux.

Ce récit risque de vous faire mourir de rire tant les situations sont cocasses et la naïveté d’Eden est affolante. J’ai passé un excellent moment à les suivre tous les trois. D’autant plus que la fin est délectable et inattendue.

Opération Panthère et Pelles de Florina L’Irlandaise

Cette nouvelle est issue de la duologie d’urban fantasy Daemonius. À la recherche de son frère maléfique, Socrate est coincé dans le corps d’un chat noir. Sa condition l’oblige à rester auprès de Skylar qui tient la Librairie des Anges qui se trouve au bord du gouffre à cause d’une erreur de sa gérante. Le félin endosse le rôle de sauveur à son grand dam. Dans un melting pot de mythologie biblique, celtique et japonaise, Florina L’Irlandaise rend femmage à ses coautrices au-delà du simple clin d’œil.

De Cendre et d’Espoir de C. C. Mahon

La romancière nous invite dans un manoir vivant où rôdent l’ordre et la propreté. Astrid veille au grain, plumeau et pelle en main. Lorsque des intrus saccagent les pièces une à une sans qu’aucun meuble ne les remarque le doute l’assaille. Toutefois, elle ne renonce pas à les dénicher. J’ai adoré cette plongée dans le monde féérique ou la magie n’est pas la seule force. Je n’ai pas encore lu le tome de la série Paris des Limbes où Astrid apparaît. Je compte bien y remédier !

Inari-sama (Les héritiers d’Higashi, #3) de Clémence Godefroy

  • Titre : Inari-sama (Les héritiers d’Higashi, #3)
  • Autrice : Clémence Godrefoy
  • Éditeur : Éditions du chat noir
  • Catégorie : fantasy

Terminer la série des héritiers d’Higashi en quelques mois à peine s’apparente à une petite victoire pour moi. Dans ce tome, nous continuons à suivre les avancées des Bakemono qui luttent pour contrer les plans de Yin Daisen. Je vais tourner ma chronique de manière à ne pas spoiler. Mes propos vous paraîtront sans doute vagues à certains moments.

La narration est divisée en plusieurs points de vue au cours desquels nous découvrons enfin les Monts Shiro et les coutumes du peuple Yeni. Ayane poursuit son combat intérieur à la suite des événements chez les Tanuki. Yoriko tente de rassembler des troupes pour affronter les Nogitsune et Midori opère dans l’ombre du palais. Contrairement à Bakemono-san, cette multiplicité ne m’a pas gênée. J’ai adoré retrouver des personnages peu présents dans le second tome et j’ai encore plus aimé les arcs narratifs de Noriko, Yumie et Midori.  

Les trois femmes sont liées entre elles par la force de leurs convictions et leur détermination. Le chapitre de la Nekomata m’a bouleversé tant son évolution depuis Okami-hime est fulgurante et témoignent du pouvoir de l’amitié sur nos actions. Yumie et Midori se rejoignent dans leur combat sur la condition féminine. La première en raison de son statut particulier dans le clan des Yeni et la seconde comme épouse ordinaire des cours princières. À travers Midori, l’autrice expose la réalité des mariées en nommant notamment les vœux de prospérité qui s’adressent à tout le monde, mari et enfants, SAUF à elle. Des traditions qui revêtent un visage encore plus abominable face à la santé fragile de Midori.

Malgré la situation horrible qu’elle doit affronter, la chance semble du côté de l’Orochi, car Ren se démarque des hommes par un respect que peu ont. La relation amicale qu’ils développent est touchante et forte. Ren ne respecte pas seulement l’érudition de Midori, il la considère réellement et compte sur elle.

Un autre personnage que j’ai apprécié est Temma, car elle incarne le principe d’importance de tous dans une bataille. Il ne faut jamais sous-estimer les petits, les fragiles, les invisibles. Ceux que l’on pense aux premiers abords négligeables possèdent des ressources précieuses et inespérées. Ils peuvent changer le cours des événements.

Les héritiers d’Higashi est une trilogie fabuleuse qui nous plonge dans une lutte pour la liberté et le respect des différences que ce soit au niveau des espèces ou des femmes. Au cœur du folklore nippon magnifiquement exploité par Clémence Godefroy, j’ai adoré suivre les nombreux personnages attachants et nuancés.

La candeur de la rose (Les chroniques des fleurs d’opale, #2) d’Ielenna

  • Titre : La candeur de la rose (Les chroniques des fleurs d’opale, #2)
  • Autrice : Ielenna
  • Éditeur : Graphein Editions (auto-édition)
  • Catégorie : fantasy

Début juillet, j’ai eu envie de lire une histoire sombre. J’ai alors sorti de ma pal le second tome de La candeur de la rose dont la magnifique couverture créée par Anna Dittmann avec une typographie de Tiphs, met en avant la deuxième facette des pouvoirs de Diphtil. Une part d’obscurité que nous avions découverte dans le précédent livre. Une fois n’est pas coutume, je vous présente une courte chronique, car le développement de l’intrigue et les personnages sont tellement imbriqués l’un dans l’autre que trop en dire serait divulgâcher.

Ébranlée par les tragédies, Diphtil décide de se rendre à la capitale, lieu où son destin sera scellé selon la prophétie. Le roi d’Edenor à ses trousses, elle doit apprendre à gérer les pouvoirs mortels qui résident dans son cœur et qui gagnent du terrain à chaque larme versée. Toutefois, le chemin s’avère bien plus long, fastidieux et terrifiant qu’elle ne le pensait. Les souvenirs dissimulés remontent à la surface, engendrant rédemption et cruauté. La candeur survivra-t-elle aux démons ?

En ouvrant ce roman, je cherchais les Ténèbres et l’autrice met les a servies sur un plateau d’argent que ce soit dans l’approfondissement de l’univers ou la torture psychologique des personnages. Le seul petit bémol réside en Diphtil et sa déesse de la Mort qui ne sont pas assez exploitées à mon goût. Celle-ci surgit rapidement au fil des pages. Toutefois, elle est reléguée derrière le voile tout aussi vite. Un voile qui se soulève peu avant le combat final. D’ailleurs, j’ai trouvé notre protagoniste fort passive dans ce tome. Elle suit son destin, se laisse porter par lui sans pour autant agir comme actrice de sa vie. Nous sommes loin du désir de liberté exposé dans le premier opus. Elle se confond dans son rôle de narratrice plutôt qu’héroïne et ne revêt sa cape de superwoman qu’à la fin.

Néanmoins, mon intérêt est resté intact grâce aux autres personnages, dont l’arrivée de l’une d’entre eux en chair et en os. Intermédiaire de Dorina, cette sorcière incarne tout ce que j’aime : cynisme, sang froid, connaissance, mordant et sagesse. Elle devient la mentore de Diphtil et la guide de la petite troupe malmenée par les pièges démoniaques. Un jeu du chat et de la souris commence. On se demande d’où les coups vont venir et je ne me suis jamais attendue aux manigances avant la révélation. Ielenna développe les escarmouches en les intégrant à la psychologie et les relations de notre protagoniste avec brio.

En bref, j’ai adoré me plonger dans l’obscurité de ce second tome, même si je pense que l’autrice aurait pu aller plus loin dans l’exploitation de la Déesse de la Mort. Si Diphtil endosse trop son rôle de narratrice, la présence récurrente de la sorcière qui l’alertait dans le précédent tome m’a rendu la lecture agréable par sa prestance, son ton mordant et ses secrets.

Litha, princesse de la brume de Virginie T.

  • Titre : Litha, princesse de la brume
  • Autrice : Virginie T.
  • Éditeur : autoédition
  • Catégorie : fantasy

Quand Virgnie T.  a dévoilé le résumé de son nouveau roman, le mystère qu’il s’en dégageait m’a de suite titillé. Après avoir été rassurée sur le genre de la fantasy et non de romantasy (Cette Plume de l’imaginaire est l’autrice de plusieurs romances. Je l’avais découverte avec la comédie romantique de Noël Une fin d’année givrée), j’ai accepté le service presse, malgré le début de la haute saison. Je remercie infiniment Virgnie T. pour sa compréhension concernant les contraintes de mon boulot. Le livre est sorti le 1er juillet, mais je ne l’ai lu que la semaine passée, au début de mes congés.

Une brume s’élève continuellement aux abords du village où Arlette et Henry vivent. Ces scientifiques l’étudient avec minutie, désireux d’en percer les secrets. Tous ceux qui l’ont traversée n’en sont jamais revenus et les avions ne peuvent la survoler. Un jour, le couple découvre un bébé abandonné à côté du brouillard. N’ayant jamais réussi à concevoir, ils l’adoptent et déménagent en ville pour l’élever. Merry grandit sereinement jusqu’au jour où une maladie incurable la condamne. De retour au village de la brume pour profiter de l’air pur, elle répond à un appel, franchit la barrière fumeuse et marche, désormais, sur les traces d’un destin plus terrifiant que la mort.

Ce court roman (à peine 200 pages) ne renouvelle pas le genre de la fantasy. Il reste, pourtant, une bonne lecture qui permet de souffler quand vous avez des moments plus intenses dans votre vie. Il répondra à cette envie d’évasion, sans prise de tête dont on a parfois besoin. L’univers est simple : une prophétie, une répartition tripartite (humain, fée, démon) et une absence de marginalité dans l’élaboration des personnages. La magie repose sur le lien avec la nature, une force apaisante, guérisseuse et puissante. Essayez-là, elle fonctionne aussi dans notre monde ! Testé et approuvé à de multiples reprises. J

Au cours de cette aventure où le destin manipule les choix, nous rencontrons plusieurs personnages. Je vais m’attarder sur seulement deux d’entre eux : Merry et Rohan. Un couple alors que tu as dit plus haut que ce n’est pas de la romantasy ? N’ayez crainte. Nous n’assistons pas à des rendez-vous galants, même si quelques paragraphes sont mielleux. La menace et l’épée physique comme linguistique restent bien présentes pendant la majeure partie de leurs interactions.

Notre narratrice, Merry, est atteinte d’une grave maladie. Résignée à son sort, elle fait face quotidiennement malgré la douleur. J’ai apprécié la manière dont l’autrice transcrit la dualité interne de la protagoniste. Elle pourrait se suicider, ne penser qu’à elle, elle souhaite que la Faucheuse lui tende la main, cependant, elle reste passive et supporte la souffrance pour laisser à sa mère et son père le temps de profiter des derniers instants en sa compagnie. Cette gentillesse est une façade, car elle est au fond acerbe, sceptique et cynique. Elle pardonne facilement les propos ou la candeur des infirmières, par exemple. Même si elle se moque intérieurement de cette innocence. Cette facette éclate en plein jour lorsqu’elle est poussée à bout de l’autre côté de la brume. Elle ne devient pas méchante, mais franche sur ses émotions. J’ai préféré cette authentique Merry, plutôt que celle qui se noie dans son désespoir, cachée derrière un sourire factice. Un désespoir qui anime ses craintes quand l’espoir pointe le bout de son nez sur le chemin cruel sur lequel le murmure l’a envoyée. Un destin qui révélera une nature bien plus intéressante que prédit au cours de ma lecture.

Chargé de l’instruction de Merry, Rohan est prévisible dès les premières lignes. On voit arriver la douceur, la patience et la bienveillance derrière sa condescendance affichée, comme la pleine lune dans le ciel nocturne dégagé. J’ai, toutefois, apprécié les réparties entre les deux âmes dont la relation se développe trop vite à mon goût. C’était évident dans un roman si court qui rappelle le conte.

Je le classe sur cette étagère en raison de son manichéisme. Ne vous attendez pas à rencontrer un mouton noir parmi les gentils ni à verser une larme devant le passé des méchants. Litha, princesse de la brume empreinte à la fantasy classique et ancienne où le mal n’est ni nuancé ni approfondi.

La thématique principale repose sur la maladie et le combat de Merry : la possibilité de renaître après une période horrible qui nous plonge dans la noirceur. Comment ? En prenant son destin en main et en changeant sa vision du monde. Un monde auquel elle est confrontée, car son éducation humaine soulève des incompréhensions. Une différence entre étrangers qui sera dépassée par le dialogue. J’ai déjà évoqué le deuxième sujet important : le pouvoir de la nature versus la ville polluée des humains.

En bref, Litha princesse de la brume est une lecture qui m’a ressourcée. Reposant sur les bases classiques de la fantasy, elle divertit plus qu’elle n’émerveille ou surprend. J’ai passé un bon moment en lisant le cynisme de Merry qui colore d’une façon plaisante ce conte.