Seconde humanité d’Adrien Mangold

  • Titre : Seconde Humanité
  • Auteur : Adrien Mangold
  • Éditeur : L’Homme sans nom
  • Catégorie : science-fiction

Seconde humanité entame la série des tomes compagnons basés sur la catastrophe naturelle imaginée par Adrien Mangold, nommée le Grand Bleu. Il s’agit également de son premier roman que je lis en dernier après avoir apprécié Prototype et savouré Journal intime d’un dieu omniscient.

Pandémie, guerre, apocalypse…

L’humanité aura-t-elle une troisième chance ?

Pour son premier roman, Adrien Mangold explore les destins d’un chercheur, d’un soldat et d’une fillette qui pourraient marquer l’histoire quand d’une inattention naît une pandémie, d’une convoitise une guerre, de l’apocalypse une seconde humanité.

Le Grand Bleu marque le début d’une période où la Terre est recouverte d’eau. Le timing de lecture fut étrange. Au fil des pages, je me suis demandé si j’avais bien fait de me pencher dessus alors qu’on avait à peine vu le soleil depuis un an en Belgique et qu’une tempête frappait les vitres et attaquait les arbres derrière chez moi. Dans Seconde humanité, les survivants de ce déluge ont réussi à bâtir des cités technologiques dont Logosme, la ville du savoir, où se déroule une partie de notre histoire. Les chapitres sont introduits par une sorte de journal. Celui d’une personne du futur dont l’identité reste mystérieuse.

Nous rencontrons le duo tristement célèbre de cet univers qui entre douloureusement en résonnance avec le nôtre. On a beau changer d’époque, d’environnement, il y a toujours des constantes dans l’histoire humaine. Ici, l’épidémie d’Octavia et les impacts sur la population, ses conséquences démographiques et psychologiques. L’angoisse, la haine, l’inconnu, la désignation d’un souffre-douleur, etc. Tout ça n’est pas très loin de nous. Ce qui rend Seconde humanité intéressant est l’angle narratif. Dans ce roman, vous ne trouverez pas les habituels adolescents se révoltant contre l’état ou le héros qui combattent les méchantes firmes pharmaceutiques. Nous côtoyons ceux à l’origine de cet accident.

César Sefria et Samuel Nerion bossent en laboratoire sur la souche d’une nouvelle maladie qui touche les animaux. Un seul moment d’inattention et le virus se répand à Logosme telle une traînée de poudre. Alors que la situation est insoutenable et terrible, l’amitié entre les deux hommes et leur façon de surmonter la haine pour chercher un remède sont intenses et touchantes jusqu’au bout. Pourtant, il aurait été si facile de rejeter la faute sur le vrai coupable, sur l’autre. Ils symbolisent l’essence des laborantins qui souhaitent aider leurs prochains pour éviter les maladies. Quand on voit ce qu’ils perdent, on ne peut qu’être époustouflé par leurs actes purement désintéressés. C’est à la fois douloureux et inspirant. On oublie trop souvent l’humain quand la souffrance nous submerge.

Leurs mésaventures sont coupées par la lecture d’un carnet narrant le destin mêlé d’un archiviste, d’un soldat et d’une fillette. Un passé qui propulse la folie humaine encore plus loin. On explore un monde en transition où la guerre fait rage alors que l’entraide devrait régner pour sauver l’humanité. Une civilisation qui mute en bien comme en mal, mais dont le cœur ne change pas tellement. Le bonheur et l’amour résistent si peu devant le chaos, l’imprévu, l’horreur. Cependant, l’espoir fleurit parmi une poignée d’âmes. Que ce soit avant, pendant ou après le Grand Bleu.

Ces destins successifs ébranlés par les déluges percés par des faisceaux de lumière nous sont délivrés par une plume exceptionnelle. Je l’ai déjà dit et répété dans mes précédentes chroniques, Adrien Mangold a un style à part, original, vivant, dynamique et diversifié. J’ai été happée par la scène du mariage du début avec une impression de lire la prose du XIXe siècle. C’est érudit, léger, solaire et aérien. Je sentais la chaleur de cet après-midi joyeux, ce moment suspendu et éphémère. J’ai adoré les métaphores filées sur la musique et la danse, le rythme des phrases qui m’emportait sur la piste.

En bref, Seconde humanité me fait penser à l’expression le calme après la tempête. Adrien Mangold nous plonge en apnée dans les villes sous-marines jusqu’au sommet de Logosme. Deux histoires séparées de mille ans et pourtant liées par les fléaux naturels et humains. Un récit où quelques âmes traversent le chaos en protégeant la flammèche de l’espoir pour qu’un jour, les malheureux, les victimes, les pestiférer et tous ceux qui le désirent puissent vivre dans la paix et la sérénité.  

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