Là où les arbres rencontrent les étoiles de Glendy Vanderah

  • Titre : Là où les arbres rencontrent les étoiles
  • Autrice : Glendy Vanderah
  • Éditeur : Charleston
  • Catégorie : tranche de vie

Avec la fatigue de juin, l’envie d’une lecture légère m’est venue naturellement. Là où les arbres rencontrent les étoiles acheté lors de l’Op All Stars de 2022, s’avérait adéquat pour combler ce besoin. Je ne fus pas déçue de ce choix.

Jo bosse comme une acharnée sur sa thèse. Hébergée dans la maison de campagne de son professeur, elle étudie les nids des passerins indigo. Un soir, une fillette âgée d’une dizaine d’années l’y attend au retour d’une journée d’observation. Ne croyant pas à l’histoire d’extra-terrestre qu’elle lui raconte pour dissimuler son identité et l’endroit d’où elle vient, Jo tente de la remettre au shérif en vain. La seule solution semble de gagner la confiance d’Ursa qui repartira au bout de cinq miracles. L’aide de Gabriel, le voisin, sera la bienvenue pour apprivoiser la gamine surdouée. Pourtant, aucun des deux n’aurait pu envisager le tournant que leur vie allait prendre à tous les trois.

Ce roman oscillant entre drame et feel-good offre une richesse de thématiques intégrées au passé et au présent des personnages. Malheureusement, je ne pourrais rendre justice à cette diversité qui m’a fait vivre de nombreuses émotions.

Il existe deux sortes de famille : celle par laquelle on est lié par le sang et celle qu’on construit soi-même. Là où les arbres rencontrent les étoiles nous invite dans l’intimité de Jo, Ursa Major et Gabriel. Depuis les étoiles brillantes, on remonte le long des branches, vers le tronc et enfin les racines profondes qui les ont engendrés. Chacun possède des blessures qui vont être pansées au contact des autres.

Ainsi, Jo a perdu sa mère atteinte du cancer du sein. La gravité de sa maladie a permis de détecter celle de sa fille et de la sauver. Si devant les hommes, la biologiste garde la tête haute, leurs remarques égratignent ses convictions et son amour propre, cela ne l’empêche pas d’avoir de la répartie face à son ex qui tente de la convaincre de recourir à la chirurgie réparatrice, parce que ça le gêne lui. Par ses paroles, il incarne ses nombreux hommes qui pensent avoir le droit de parler du corps des femmes, de leur demander de gommer les épreuves endurées et marquées dans la chair, car ça les dérange, eux. Une femme n’est une femme qu’en ayant deux seins ! L’autrice arrive à décrire avec justesse la révolte et l’insécurité provoquée par le regard masculin sur le corps féminin, mais aussi l’effet positif d’une personne qui ne juge pas, ne craint pas la différence.

Gabriel vit presque reclus chez lui, avec comme seule compagnie sa mère. Désirant vivre en autarcie, il vend sur le bord de la route les œufs de la ferme familiale et se nourrit de son élevage. Les premiers échanges se limitant strictement à l’achat, Jo possède, en bonne citadine, de nombreux a priori sur celui qu’elle surnomme Egg Man. Ces préjugés vont voler en éclats au fil des pages, car cet amoureux de Shakespeare et d’astronomie se révélera à part, différent des hommes qu’elle a l’habitude de côtoyer. Gaby a une personnalité à la fois solaire et lunaire en raison du poids du passé. Compréhensif, sensible, à l’écoute, il offre son aide à Jo quand elle l’interpelle sur cette fillette apparue un soir dans son jardin sans pour autant être la farce du dindon. Il connaît ses limites. Il pourrait être le mec parfait, mais il possède aussi des défauts ou plutôt des idées idiotes qui m’ont fait écarquiller les yeux. Encore heureux, il est doué de la plus belle des qualités : celle de se remettre en question.

La dernière thématique dont je vais parler concerne celle d’Ursa Major. La gamine confronte la rationalité des adultes (et surtout, d’une scientifique) au pouvoir exponentiel de l’imagination. Futée, déterminée et vive d’esprit, elle reste vigilante ce qui lui permet d’éviter les policiers appelés par la biologiste. Des policiers qui ne croient pas la femme qui émet des hypothèses de négligences voire de violences infantiles. Ursa s’immisce dans le quotidien de Jo en s’intéressant à son sujet d’étude et construit leur relation en ne s’écartant jamais de l’histoire qu’elle lui a racontée. Un background extraordinaire à l’image de l’innocente curiosité dont la fillette déborde.

J’ai adoré la majeure partie du roman. Cependant, quelques longueurs se font ressentir dans le rythme qui délaisse la tranche de vie à la fin au profit d’une approche plus américaine pour amener les révélations terribles du passé d’Ursa.

En bref, Là où les arbres rencontrent les étoiles nous entraîne dans un récit aux multiples facettes semblables à la forêt : à la fois paisible et terrifiante. Chaque pas entre les troncs change le décor et provoque des émotions intenses. On découvre le pire de l’humanité comme le meilleur côté. Ce roman raconte la force de trois âmes blessées qui vont apprendre à revivre.

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