La Candeur de la Rose (Les Chroniques des Fleurs d’Opale, #1) d’Ielenna

  • Titre : La Candeur de la Rose (Les Chroniques des Fleurs d’Opale, #1)
  • Autrice : Ielenna
  • Éditeur : Graphein Editions (auto-édition)
  • Catégorie : fantasy

J’ai reçu La Candeur de la Rose part 1 d’Ielenna dans l’une des box livresques d’Escape with a book. L’autrice étant présente au Salon du Livre de Wallonie à Mons, j’en ai profité pour le sortir de ma PAL malgré le peu de temps que me laissait septembre pour lire. Heureusement, je l’ai fini la vieille de l’événement au cours duquel je me suis procuré le second tome avec une magnifique dédicace.

Diphtil échappe de justesse au massacre de son village par le royaume d’Edenor. Elle se réfugie dans un monastère humain qui l’accepte uniquement à cause d’une prophétie. La marque sur son front l’identifie comme la descendante de la déesse Dorina. Le prêtre Sarin l’éduque telle une noble pour de noirs desseins. Désireuse de liberté, Diphtil fuit avec son frère et Astiran avec qui elle s’est liée d’amitié pendant ses années de captivité. Arrivera-t-elle à se souscrire à son destin ?

Ce premier opus se présente comme une longue introduction. Si l’attaque de Faritè nous propulse directement dans l’action, la suite prend son temps pour poser les pavés du chemin qui conduit Diphtil vers sa destinée. L’univers est plutôt simple et rapidement dépeint. Cinq races coexistent. Elles descendants chacune d’une divinité élémentaire. Le royaume d’Edenor (les humains) déteste les Neltiads (peuple du vent). En tout point identiques à leur voisin d’un point de vue anatomique, les Neltiads arborent des tatouages caractéristiques sur leurs bras dont est dénuée notre protagoniste. Outre cette différence, Diphtil porte une marque sur le front que Sarin identifie comme divine.

Les dix premières années de captivité sont résumées. Ainsi, on ne vit pas vraiment la naissance de l’amitié entre Diphtil et Astiran. Ce dernier a atterri chez son oncle qui l’exploite à la forge. Les moments qu’il partage avec la jeune Neltiade, lui sont précieux et le guidera à prendre son destin en main. Les deux âmes sont le reflet l’une de l’autre par la soif de liberté qui coule dans leurs veines.

Diphtil a beau avoir tout ce qu’elle veut : un toit au-dessus de la tête, une bonne éducation, des robes somptueuses, elle déteste l’idée de devoir obéir à une quelconque prophétie. Comme dans les romans qu’elle lit, elle désire être libérée par un prince charmant avec qui elle convolera en mariage. Elle sera bien surprise de voir que son sauveur sera son frère, Naid, qu’elle croyait mort. Elle n’hésite pas à le suivre, espérant tourner le dos à un destin prédit par Sarin et les divinités. Un long voyage commence où les rencontres seront tantôt enrichissantes, tantôt funestes.

La cruauté du monde la rattrape bien vite. Diphtil a beau avoir connu le sang lors du massacre de Faritè, elle est la douceur et la naïveté incarnée. Elle voit le bon en chacun, même en Yasalin avec laquelle elle ne cesse de se quereller en raison de leur caractère opposé. Elles sont similaires.  

Commandité par Sarin, Yasalin est une magicienne avide d’or et libertine. Elle dispose de son corps comme elle l’entend, à l’horreur de la prude Diphtil, qui se révèle pourtant entreprenante une fois les lacets de son corset desserrés. Si les miroirs inversent les traits, ils reflètent également des similitudes. Les deux femmes partagent toutes deux une force et une fragilité qui s’expriment de différentes manières et qui les rapprocheront au fur et à mesure des interactions et des révélations.

L’histoire de La Candeur de la Rose ne repose pas seulement sur les intrigues et les coups bas, mais aussi si la relation intime des quatre voyageurs, prenant un tournant romantique. L’amour entre Astiran et Diphtil est évident malgré les détours que leur histoire emprunte. Par moment, j’avais juste envie de secouer notre héroïne tant son aveuglement était immense. J’ai apprécié les taquineries verbales que nos deux tourtereaux se lancent. Ce qui m’a le plus étonné (positivement), c’est le comportement d’Astiran.

Le jeune homme espiègle qui n’ose avouer son amour caché depuis dix ans, se révèle prévenant plutôt que belliqueux face à Naid. Le frère ultra-protecteur voit d’un mauvais œil le rapprochement de l’humain avec sa sœur. Astiran n’entre pas dans son jeu et souhaite sincèrement se faire apprécier de ce raciste et, ce par respect pour Diphtil.

Une deuxième histoire de cœur se forme entre Naid et Yasalin. Bien plus tumultueuse qu’entre Diphtil et Astiran. La mage est mon personnage préféré du tome. J’adore le flou que l’autrice entretient à son sujet tout en ne dissimulant pas le tempérament de la sorcière. Yasalin vit avant tout pour elle. Alors que sa puissance est exceptionnelle, elle n’attaque pas de front les voyageurs, mais joue la carte du rapprochement pour connaître les raisons du commanditaire de sa mission. Je me suis délectée de son double-jeu et de ses répliques. Comme le premier couple, elle porte l’étendard de la liberté, du choix de son destin. Elle l’incarne par son rôle féministe dans le roman.

 « — Plus violent qu’une épée, plus vicieux qu’un poison : si vous désirez tuer une femme, offrez-lui une robe »

L’originalité de cette fantasy aux teintes de romance s’incarne dans la plume d’Ielenna. Je préviens tout de suite que tout le monde ne l’appréciera pas. Sa prose sonne tels les classiques de la littérature, avec une poésie qui lui est propre. La narration au vocabulaire soutenu est celle de Diphtil, éduquée comme une aristocrate. J’ai été déstabilisée par cette narration à la première personne à un moment donné, car celle-ci s’avère omnisciente. Lorsqu’on ne suit plus le groupe, elle ne change pas de narrateur. Je me suis souvenue du prologue qui présente le récit comme une lettre de Diphtil à sa fille, et de la nature divine du ce personnage. Cela n’est donc pas totalement incohérent vu comme ça.

En bref, si vous aimez les plumes poétiques au vocabulaire soutenu qui rappellent les classiques de littérature. Si vous adorez les histoires de destin et de liberté. Si les récits de fantasy où romance et tragédie se mêlent vous plaît, si vous désirez voir la pureté se teinter de noirceur, alors La Candeur de la Rose, part 1 est fait pour vous.