Le Père Noël ne devrait pas faire ça d’Aldo Axel Da Cruz

  • Titre : Le Père Noël ne devrait pas faire ça
  • Auteur : Aldo Axel Da Cruz
  • Éditeur : Autoédition (Librinova)
  • Catégorie : philosophie

Lorsque Librinova m’a proposé de lire, Le Père Noël ne devrait pas faire ça d’Aldo Axel Da Cruz, j’ai été de suite intriguée par l’aspect social et humain que le résumé décrivait. Ainsi, je m’attendais à une fresque psychologique où la noirceur et les non-dits s’exposeraient sur le devant de la scène. Ma première impression s’est révélée fausse. Je remercie Librinova de m’avoir envoyé ce roman en échange d’une chronique sincère.

La pieuse et déterminée Osirace accueille sa famille pour le réveillon de Noël. Contrairement aux autres années, elle redoute cet événement à cause d’un rêve prémonitoire. Le jour j, le Père Noël débarque à la plus grande joie des enfants et à l’angoisse de leur aïeule. Car sous ses airs de gentil bienfaiteur, cet illustre personnage se transforme en trouble-fête en jetant sur la table une tentation : de l’or contre l’assassinat d’une personne. Les convives ont quatre heures pour se décider. Qui de l’argent ou des liens familiaux aura le dessus ?

Le livre se présente sous la forme d’un roman. Cependant, sa structure ressemble plus à une pièce de théâtre. Surtout dans la seconde partie. Le début pose l’angoisse d’Osirace. Ensuite, le démon entre en scène en expliquant au Père Noël qu’il a ramassé dans la rue, l’expérience qu’il souhaite mener. Celui-ci désire soumettre les humains à la tentation et sonder leur âme afin de voir s’ils sont tous méchants. Enfin, l’argumentaire philosophique entre les protagonistes entre en scène.

Je parle d’argumentaire, car il s’agit bien d’un exposer de différentes philosophies. L’histoire nous plonge dans un salon digne des Lumières où Kant et bien d’autres penseurs des siècles suivants s’affrontent. L’auteur fait appel à de nombreuses citations et références qui demandent pour la plupart, un certain niveau de compréhension. Il invoque aussi bien Confucius, Nietzsche que Goldman ou les Bogdanov. La religion est également représentée par la pieuse hôtesse comme par son fils curé.

La manière dont ce débat philosophique questionne l’importance de l’argent et de la vie, me rappelle le théâtre ou une classe de philosophie, car chaque protagoniste donne son avis à tour de rôle comme si un projecteur le mettait en lumière. Il argumente d’une traite, les interventions sont très rares. Ces chapitres se clôturent d’ailleurs par un silence marquant la fin de l’acte.

Majoritairement, le discours est constitué de citations et de pensées que les personnages ont puisées dans leurs lectures. Seuls quelques un exposent leurs propres vécus. C’est pourquoi, Le Père Noël ne devrait pas faire ça est plutôt à mettre dans la catégorie philosophie que sociétale. Plusieurs sujets sont traités : l’irresponsabilité de l’homme, le pouvoir de l’argent, le libre arbitre, la foi, la liberté, l’esprit de famille, etc. D’ailleurs, ce dit Père Noël est plutôt absent. Il pose le décor, reste spectateur du débat qui brise une famille qui se croyait unie.

Les personnages sont lisses. Porteurs des paroles proférées par d’autres, ils n’ont pas de profondeur. Je suis seulement capable de me souvenir d’eux par leur profession, telles des étiquettes posées à côté de leur nom pour les distinguer. Du coup, je n’ai pas ressenti d’émotion lors de leur querelle ou du dénouement dont je me doutais. L’un des exemples le plus frappant qui montre qu’ils ne servent que le discours et non l’histoire, repose sur Noëlla qui est atteinte d’un handicap dont on ne sait rien, et qui ne semble, à aucun moment, différente de ses frères et sœurs, si ce n’est sa méchanceté et son égoïsme qui éclate en premier.

La plume de l’écrivain est très simple si on omet deux-trois formules plus alambiquées qu’il utilise ou les citations qu’il retranscrit. À de nombreuses reprises, il répète la description, le titre des acteurs et même quelques citations. Le déploiement des arguments, surtout celui entre le démon et le Père Noël, m’a paru long.

En bref, Le Père Noël ne devrait pas faire ça est une mine philosophique pour ceux qui adorent se plonger dans les questionnements de la vie, de la tentation et du combat du bien contre le mal. J’ai commencé à accrocher aux livres lorsque je l’ai considéré sous cet aspect d’exposé ou d’essai, et plus comme un roman avec une intrigue bien ficelée.