Sur l’écorchure de tes mots de Pascaline Nolot

  • Titre : Sur l’écorchure de tes mots
  • Autrice : Pascaline Nolot
  • Éditeur : Éditions du Chat noir
  • Catégorie : young adult

Après l’excellent Rouge et même si je lis moins de young adult ou la magie est absente, je n’ai pas hésité à me procurer Sur l’écorchure de tes mots sur le site des Éditions du Chat noir au moment de soldes.

Il y a six ans, un drame déchire la famille Castel. Défigurée à vie, Emma vit recluse avec sa mère. Son traumatisme l’empêche de sortir. Le regard des autres sur sa face monstrueuse la paralyse. Pourtant, elle ose se rendre à l’enterrement de celui qui l’a sauvée lors de l’accident. Le destin la pousse à revoir son frère, Sid. Une rencontre fugace, sans mots, qui marque un nouveau départ pour eux.

Dès les premières lignes, le mal-être d’Emma m’a serré le cœur. En quelques minutes, le contexte est brossé avec brio. On a envie de connaître ce qu’il s’est passé et comment elle va évoluer après avoir croisé son frère. Cette histoire de seconde chance est rondement menée. L’autrice dépeint des comportements qui paraissent de prime abord, ordinaires, mais qui cachent des problèmes plus profonds qui sont à la source de la rupture familiale. Je n’ai pas envie de divulguer le thème qui se dissimule derrière eux, car je préfère que vous viviez cette révélation étonnante comme je l’ai vécue. Je pense que ne pas s’y attendre permet également de mieux sensibiliser au sujet les lecteur.rices. Après que ceux-ci se soient attachés aux personnages.

Rompre avec le passé n’est pas chose aisée, surtout quand celui-ci est marqué sur son visage au fer rouge. Cependant, Emma en a marre de la situation. Elle en a marre d’espérer un changement de la part de Sid qui la fuit depuis l’accident. De ce fait, elle décide de couper définitivement les ponts par une lettre d’adieu dont il ne tient pas compte. Loin de les éloigner, cela va les rapprocher, grâce aussi par l’intermédiaire d’un ange : Maïsane.

Il s’agit de la meilleure amie d’Emma, qui va surprendre Sid dans une position douteuse. Cette fille est lumineuse, positive et ne se fie pas aux apparences. Au début, j’avais un peu peur que son rôle se limite à une amourette avec Sid qui servirait à un rapprochement avec sa sœur. Si elle est bien une intermédiaire, mes appréhensions ont vite été levées par ses mots percutants qui filent tel un flèche, droit au cœur. Son honnêteté et sa franchise en font presque un être irréel, surtout qu’elle semble dépourvue de défauts. Cette absence de noirceur m’a, toutefois, fait un bien fou. Probablement en raison de la négativité qui émane d’Emma et de Sid.

Emma s’enfonce dans sa grotte dont les murs sont tapissés de livres. Déjà petite, elle les dévorait par bibliothèque entière. Elle adorait en particulier le théâtre dont elle déclamait les proses. Elle espérait fouler les planches en récitant ses actes préférés. Un rêve partit en fumée en même temps que son visage. La jeune femme n’en a pas délaissé l’amour de la littérature pour autant. Elle a un blog Les mots écorchés, sur lequel elle partage les extraits qui entrent en résonance avec ses émotions, et ses propres écrits. Ce site est sa fenêtre ouverte sur le monde, son échappatoire qui lui donne l’impression de vivre en dépit des haters et des pervers. Les références bibliographiques parsèment le roman de manière judicieuse.

Il est amusant de noter que les mots écorchés sont aussi l’apanage de Sid. Lui, ne s’épanche pas sur le Net. Il n’a d’ailleurs aucun compte sur les réseaux sociaux qu’il fuit pour rester libre. Une belle illusion, car la réalité est tout autre. Le garçon peine à exprimer ses véritables sentiments. Dès qu’il souhaite partager une émotion sincère, celle-ci se bloque dans sa gorge, se distord et sort par sa bouche avec dédain ou rigolade. L’esbroufe lui confère un côté rebelle et l’attitude d’un adolescent immature et impertinent qui se fout de l’école et du monde du travail. Pourtant, il souffre de cette situation. De son incapacité à s’exprimer, à soulager les épaules de son père qu’il voit se courber sous les menaces patronales qui l’obligent à appliquer des décisions qui vont à l’encontre de ses valeurs. Il souffre de sa faiblesse face à la catastrophe, alors qu’il n’avait que 11 ans à l’époque !

En bref, Sur l’écorchure de tes mots est un livre d’espoir, de rédemption et d’amour qui prouve que rien n’est définitif. Un mot, un regard, une main tendue peut libérer la parole, la rendre droite, douce et guérisseuse. Emma et Sid trouvent tous deux le chemin de bonheur qu’ils vont parcourir ensemble pour balayer à jamais la honte qui pèse sur leur cœur.

Publicité

P-S : Joyeux Noël (anthologie)

  • Titre : P-S : Joyeux Noël
  • Autrices : Georgia Caldera, Cécile Chomin, Amélie C Astier, Mary Matthews, Fanny André, Angéline Michel, Fanny Gayral
  • Éditeur : J’ai lu
  • Catégorie : nouvelles

Avec l’arrivée du mois de décembre, j’ai toujours envie d’hiberner. De rester au chaud sous le plaid avec mon chat et de lire de bons bouquins. Cet hiver, mon esprit a eu besoin de lâcher prise en m’immergeant dans des histoires cocooning et chaleureuses. Ainsi, je me suis tournée vers l’anthologie P-S : Joyeux Noël écrite par sept autrices qui nous offrent six récits. Voici mon top trois :

De l’autre côté du miroir : mission, talons, flocons de Cécile Chomin

Par le passé, j’avais déjà lu une comédie romantique de Noël de cette écrivaine. Je n’avais pas accroché, car son humour et sa plume n’avaient pas réussi à estomper les clichés du genre. Dans le monde des livres, une mauvaise expérience ne constitue pas une règle générale. Après tout, on peut rester de marbre devant une histoire de son auteur préféré. Ainsi, j’ai commencé la nouvelle de Cécile Chomin, l’esprit serein et sans préjugé ou presque… j’avoue que le mot talon dans le titre me faisait un peu peur, car il fait référence à la mode dont je ne valorise pas les carcans qu’elle impose. Crainte idiote, parce que j’ai adoré ce récit touchant qui aborde un sujet important : l’amour de soi.  

L’essentiel se trouve au fond de nous, quand on finit par accepter le fait que l’on est quelqu’un de bien. 

Mélie aima sa jumelle. Pourtant, elle ne peut s’empêcher d’entrer en conflit avec Élie, car elle la jalouse pour sa perfection. Sa sœur est l’emblème de la féminité décrite par la société. Alors que Mélie porte des pantalons et des moon boots, Élie est toujours classe avec ses vêtements hors de prix et son maquillage idéal. Envier l’image que l’on perçoit de l’autre est un vilain défaut. Leur grand-mère l’a bien compris. Même morte, elle s’incruste dans leur vie et leur lance via une lettre rédigée sur du papier rose un challenge : les jumelles doivent échanger leur place, vêtements, habitudes et téléphones inclus, et vivre dans les chaussures de sa sœur sans que les autres s’en aperçoivent.

Le style de la nouvelle écrite du point de vue de Mélie est fluide, dynamique et drôle. Ce duel sororal aux punchlines excellentes, porte un très beau message émouvant sur le bonheur et l’acceptation de soi.

Le cercle des Pères Noël disparus de Georgia Caldera

Après une conversation avec son ex, Armance réalise que sa vie est fade. Face aux autres, elle rentre dans le moule et réagit selon leur volonté. Elle n’ose pas être elle-même. Et, c’est encore pire devant sa famille. Lorsqu’elle tombe sur le groupe du Cercle des Pères Noël disparus sur Facebook, elle décide de les rejoindre. Sa rencontre avec Lilas va bouleverser son quotidien.

Si les premières pages du texte me faisaient redouter une simple réconciliation romantique, la suite a vite balayé cette impression à mon grand contentement. L’objectif du cercle est adorable et j’adhère à leurs idées : combattre le Noël consumériste et capitaliste. Mais ce que j’ai encore plus apprécié, ce sont les discussions entre Armance et Lilas qui vont leur permettre de se surpasser.

Deux nouvelles se partagent la troisième place du podium. Je n’ai pas pu les départager et la courbe de mon sentiment d’appréciation a été similaire, mais inversée. Je les décris dans l’ordre d’apparition dans l’anthologie. Je vous explique :

Sapins blancs et moutons noirs de Fanny Gayral

Clara a décidé de briser la coutume ancestrale du réveillon de Noël en famille. Elle a remporté une semaine au ski grâce à un concours et elle compte bien en profiter. Sauf qu’il n’est pas facile de se relaxer lorsque sa famille lui fait passer cet acte comme une haute trahison et la harcèle au téléphone. Tiraillée entre son envie de liberté et sa culpabilité, elle tente tant bien que mal de s’amuser et se refuse à tomber amoureuse du moniteur de ski dont la timidité lui rappelle trop les hommes de sa parenté.

Ce texte intrigue dès le début, car les éléments qui constituent la trame sont révélés progressivement. Cependant, on plonge très vite dans une histoire plutôt banale où Clara découvre les autres gagnants du concours et les propriétaires du chalet où ils logent. Grâce au style simple et fluide, le récit se laisse lire. Je m’attendais à une romance typique et sans grande surprise, jusqu’à ce que l’autrice fasse plutôt appel à un personnage secondaire pour activer la réflexion psychologique de Clara autour du mouton noir, au lieu de mettre en scène uniquement le futur couple. Ainsi, j’ai vraiment aimé la fin même si ça reste prévisible.

Qui veut remplacer le Père Noël ? d’Angeline Michel

Noëlie déteste Noël. C’est pourquoi elle a ouvert son échoppe sur le sable blanc des Îles Grenadines. Pourtant, elle s’envole à l’approche de cette fête pour la Finlande afin d’aider sa mère lors de l’opération de son père. Comme elle aurait dû s’y attendre, ce dernier lui demande de reprendre les rênes de l’entreprise familiale : la fabrique à jouets du Père Noël. Malgré ses réticences, elle accepte et redécouvre d’un nouvel œil ce monde.

La plume légère et empreinte d’humour m’a séduite dès les premières lignes. Toutefois, cette comédie devient au fil des pages une carte postale de la Laponie où tout est beau et blanc, si pure que le Père Noël ne présente aucun défaut et qu’on finit par avoir un étalage de bonnes actions et de perfection, si bien que l’histoire a commencé par me lasser. Elle a un fort côté film de Noël pour ceux et celles qui adorent le genre.

En bref, P-S : Joyeux Noël est une anthologie permettant de lâcher prise et de se détendre sous le pilou lors d’une soirée d’hiver. Certains textes sont dans la lignée des productions sur le thème et d’autres se sont révélées bien plus surprenantes et émouvantes que je ne pensais.  

Permis de Mourir de Delphine Dumouchel

  • Titre : Permis de Mourir
  • Autrice : Delphine Dumouchel
  • Éditeur : Livr’S Èditions
  • Catégories : drame, young adult

À l’annonce de la sortie de Permis de Mourir, j’ai tout de suite été attirée par ce livre au titre dérangeant ainsi que par sa magnifique couverture qui résume parfaitement l’histoire. Si j’avais hésité ne serait-ce qu’une seconde à l’ajouter à ma liste de souhait, l’accroche aurait suffit à me convaincre :

Certains visent le permis de conduire.

Moi, je rêve qu’on me délivre mon permis de mourir.

Je remercie chaleureusement Livr’S Éditions de m’avoir confié cette pépite en échange d’un avis honnête via SimPlement.pro.

Clémentine était une adolescente comme les autres jusqu’à cette fameuse nuit. Il n’aura fallu que d’une seule bêtise pour bouleverser sa vie à jamais. Il y a un an, elle allait enfin connaître le grand amour. Il y a douze mois, c’est le coma qui l’a prise dans ses bras.

Ce court texte est composé de quatre parties : un prologue et trois gros chapitres. Le prologue intitulé, Je passe ma journée au lit, joue avec le lecteur avec brio. Je me suis totalement laissé avoir par l’autrice qui gomme les perceptions en commençant la journée du personnage principal de façon totalement habituelle. La suite raconte l’accident et le quotidien de cette jeune fille qui est normale. C’est là que réside la force de ce roman.

En effet, elle n’a ni pouvoir magique, ni maladie, ni différence. Le récit présente une adolescente quelconque dont la vie a basculé à cause de l’alcool et de la témérité qu’il engendre. Elle a des difficultés à se lever le matin, elle ronchonne devant l’autorité et elle adore trainer avec ses amis. Une fois plongée dans le sommeil, elle reste humaine. Étant la narratrice, elle décrit le monde qu’elle perçoit uniquement par l’ouïe et l’odorat. Elle devine plus qu’elle ne voit. Elle ressent plus qu’elle n’agit. Son corps est devenu une cage qui l’empêche de consoler, de crier, d’aimer. Une prison que Clémentine a construit elle-même. Elle aimerait se réveiller mais elle a peur. Que va-t-elle découvrir ? Qui est-elle devenue ? Ses amis ont-ils changé ?

C’est si simple de rêver plutôt que d’exister en vrai.
Tellement plus facile que d’affronter les changements.

Si cette novella possède une certaine banalité, la plume de Delphine Dumouchel la rend captivante. Elle se lit d’une traite et pas seulement en raison de sa longueur. Son écriture est fluide et dynamique. Elle copie le flux de la pensée en délaissant l’incohérence que cette dernière peut revêtir. Il n’y a pas de place pour l’ennui. Les éléments s’enchainent avec un bon rythme, oscillant entre émotion et légèreté.

En bref, Permis de Mourir est une histoire poignante mettant en scène, à travers Clémentine, les dégâts de l’alcool sur une jeunesse se croyant invincible et qui paie le prix de son inconscience. Le tout est présenté selon un point de vue original qui, je l’espère, touchera le public cible.

Changer l’eau des fleurs de Valérie Perrin

  • Titre : Changer l’eau des fleurs
  • Autrice : Valérie Perrin
  • Éditeur : Le livre de Poche
  • Catégorie : Tranche de vie

Le métier du personnage principal est l’élément qui m’a poussé à acheter Changer l’eau des fleurs de Valérie Perrin. Il faut dire que la profession de garde-cimetière est loin d’être la fonction la plus glamour ou tout simplement la plus utilisée dans le monde fictionnel. Même le fossoyeur doit la détrôner, je pense.

Violette Toussaint côtoie la vie du cimetière de Brancion-en-Chalon au quotidien. C’est un lieu où les secrets des défunts sont dévoilés. A croire que la mort délie les langues ou que le comportement des gens les trompe plus facilement face à celle-ci. Si la garde-cimetière connait la vie de ses voisins vivants ou enterrés, elle leur dissimule la sienne sous son manteau sombre. Personne ne sait le passé qui l’a amenée entre ces tombes. Elle va nous le raconter au fil des pages en alternance avec sa rencontre avec un inspecteur de police qui doit respecter les dernières volontés de sa mère qu’il pensait connaitre.

Le plus souvent, le cimetière est associé à une vision sombre ou triste. Dans ce roman, l’autrice le met en avant comme un endroit de vie à part entière dans celle d’une ville. Non seulement par les professionnels qui y exercèrent (fossoyeurs, prêtre, garde-cimetière, entrepreneurs des pompes funèbres) mais aussi par ceux qui restent et qui se répandent sur les tombes des gens qu’ils ont aimés ou détestés. En parallèle, Violette nous raconte sa propre vie et son passé qui est une succession de drames et de bonheurs. Tous ces événements l’ont fait converger vers ce petit bout de terre et peut-être vers un avenir meilleur.  

La majorité des extraits de vie possède un dénominateur commun : l’adultère. Comme si c’était l’acte le plus présent et incontournable dans les relations humaines. Il y est décliné sous plusieurs facettes par les personnages qui le subissent ou s’y adonnent ou qui y sont confrontés.

Changer l’eau des fleurs possèdent une pléthore de protagonistes qui sont soit traités avec profondeur soit esquissés. Violette est calme, à l’écoute et franche. Pourtant, si elle est totalement intégrée à cet univers particulier et aux humains qui parcourent son cimetière, elle a élevé une barrière. Elle garde pour elle son passé et ce qui l’a amenée à faire ce boulot. Par respect et par protection, elle s’habille de manière sobre devant les défunts et leurs visiteurs. Mais sous son manteau terne, elle dissimule les couleurs de la vie, des robes rouges ou à fleurs. Si la pièce où elle accueille les gens confère une atmosphère sereine et confortable, sa chambre est pimpante. Elle aime cet endroit et connait par cœur les noms, les dates de naissance et de mort, et l’emplacement de ses voisins comme elle les appelle.

Elle est entourée par des hommes qui ont tous un caractère spécial et des particularités comportementales distinctes comme celui qui chante tout le temps du Elvis ou celui qui est une catastrophe ambulante. Les acteurs secondaires m’ont laissée de marbre. Sans doute parce que la partie de l’histoire la plus intéressante est celle de Violette et que ces âmes sont plus pour elle des personnes qui gravitent autour d’elle sans avoir un impact fort sur sa vie.

Si le livre est principalement de la tranche de vie, de la reconstruction de soi après le tragique, il touche également au mystère avec une petite enquête menée par son mari Philippe, sans pour autant être structuré comme un vrai polar. Ce passage est un vrai page turner alors que juste avant le drame en question, auquel je m’attendais, le roman tirait un peu en longueur tout comme la fin.

Valérie Perrin a un style « liste ». A plusieurs reprises, elle utilise l’énumération. D’ailleurs, c’est comme ça qu’elle débute son roman. En listant les qualificatifs des voisins de Violette. Elle use aussi de la répétition de mot ou de bout de phrase par moment ce qui m’a un peu ennuyée car ça alourdit un peu la narration. La musique et la poésie sont des éléments importants dans son écriture. Elle décrit ses personnages en faisant référence à des chanteurs (surtout Français). Une connaissance commune avec l’autrice pour bien les visualiser est donc nécessaire. Les chapitres sont intitulés à l’aide de chansons ou de poèmes. L’ensemble de sa plume est légère et teintée d’humour. Elle arrive à dépeindre la tristesse des situations avec force. Elle émet aussi quelques évidences telles :  

 « Un joli nom, ça n’empêche personne d’être un salaud. » 

En bref, Changer l’eau des fleurs met en scène plusieurs vies qui tournent autour de Violette Toussaint et la sienne. C’est l’histoire de personnes qui font des choix pour avancer dans la vie malgré le poids du passé. Un roman qui aurait été encore meilleur sans les quelques longueurs qui le parsèment.  

Une agate rouge sang de Frédérick Maurès

  • Titre : Une agate rouge sang
  • Auteur : Frédérick Maurès
  • Éditeur : ELP Editeur
  • Catégories : drame, tranche de vie

Je remercie chaleureusement Frédérick Maurès de m’avoir proposé son roman Une agate rouge sang via la plateforme SimPlement.pro en échange d’une chronique honnête.

Mathieu vit dans une petite ville de campagne nommée Saint-Grappin. Professeur de métier, il passe son temps libre à s’occuper du jardin de Madame Marie-Louise qu’il connait depuis sa plus tendre enfance. Dès les premières pages de l’histoire, c’est à son enterrement qu’il se rend. Profondément touché par sa disparition, il se rend souvent sur sa tombe pour lui parler. Soudain appelé par le notaire de la défunte, il ne se doute pas qu’il connaissait si mal cette vieille dame qu’il aime tant. L’appartement de Paris qu’elle lui lègue et dans lequel elle n’a plus remis les pieds depuis fin 1943, va ouvrir la porte de bien des secrets.

Rapidement, je me suis sentie happée par l’ambiance et l’histoire de cet ouvrage entre mystère et quête de soi. L’auteur alterne le présent et le passé en évitant la chronologie croissante des flashbacks. En mélangeant les dates, il tente de dévoiler progressivement son intrigue tout en brouillant les pistes. Toutefois, j’ai assez vite saisi les liens entre les personnages avec un peu d’attention. Cela ne m’en a pas pour autant gâcher le plaisir. Au contraire. Le thème principal du récit et la profondeur des personnages alliés à la beauté de la plume m’ont juste agrippée au point de ne plus vouloir lâcher le livre.

La première impression que j’ai eue de Mathieu fut dérangeante. Cet homme qui détaille d’un œil critique ses voisins assistant à l’enterrement, semble avoir une obsession pour Marie-Louise qui va au-delà de la simple admiration d’une personne douce et juste qui l’a soutenu pendant toute sa vie. Au fil des pages, ce sentiment d’inconfort s’est estompé au fur et à mesure que la personnalité et l’histoire de Marie-Louise s’est révélée. Cette femme est tout bonnement extraordinaire derrière son apparente simplicité, même si son âme n’est pas si pure, si blanche ou si droite que l’on pourrait le croire de prime abord. Elle possède une noirceur et une détermination sans faille pour atteindre son but. Vu les circonstances, certains diront qu’elle a amplement raison, d’autres qu’elle ne vaut pas mieux que les Ténèbres qu’elle poursuit. Je vous laisse juger.

A travers son roman, l’écrivain a décidé de mettre à l’honneur trois femmes de l’ombre bien que l’une d’entre elles est plus mise en avant. Il parle de celles qui pendant la guerre se sont battues pour la résistance, celles dont les livres d’histoire ont longtemps évincé les exploits, celles qui ne sont pas inscrites sur les monuments aux morts. Ces héroïnes qui sont restées discrètes après la libération et qui ont eu la dignité de rester modestes malgré ce qu’elles ont vécu et ce qu’elles ont fait de bien comme de mal. Mathieu va avoir un nouveau regard sur les personnes qu’ils pensaient connaitre par cœur, je me suis rappelée moi-même que beaucoup de mes anciens contemporains ont une histoire importante à partager. Ce ne sont pas simplement les petits vieux qui aiment papoter ensemble autour d’un verre de bière sur la terrasse d’un café.

« Il existe parfois autour de nous des personnes que nous côtoyons presque tous les jours, qui font partie du décor, que nous croyons connaître ou que nous supposons être plutôt comme ci ou plutôt comme ça… mais au final, lorsque l’occasion nous en est donnée, souvent trop tard, nous réalisons que ces personnes étaient totalement différentes de ce que nous avions imaginé ou qu’elles possédaient des qualités exemplaires qui nous avaient échappé. Parce qu’elles étaient discrètes et modestes, qu’elles avaient banni toute vantardise intempestive de leur comportement, privilégiant le « faire » ou le « savoir faire » au « faire savoir ». J’ai toujours eu un faible pour ce type d’individu, qui agit dans l’ombre sans rien attendre en retour, simplement pour la satisfaction d’avoir bien agi ou d’avoir fait le bien autour de soi. »

Frédérick Maurès possède un style singulier. Son verbe est soutenu, métaphorique, parfois poétique, parfois teinté d’une noirceur voire de cynisme : « la dernière marche, tout en haut, crissera d’une manière particulière, comme un oisillon qu’on assassine en l’étouffant lentement.» Ayant choisi la première personne du singulier, il adapte sa plume à l’âge de son narrateur. Ainsi, Mathieu emploi un phrasé et un vocabulaire enfantin et simple dans les passages qui relatent son enfance. Son écriture fait que même si je m’attendais à certaines révélations, celles-ci n’ont pas eu moins d’impact lors de leur lecture.

En bref, Une agate rouge sang est un roman possédant une grande force par la place centrale qu’occupent les femmes et par la plume originale qui m’a immédiatement immergée dans l’histoire dès les premières lignes. C’est une très belle découverte. 

Le café des écorchés de Frédérique Mosimann

  • Titre : Le café des écorchés
  • Autrice : Frédérique Mosimann
  • Éditeur : autoédition
  • Catégorie : tranche de vie, drame

Quand Frédérique Mosimann m’a proposé de chroniquer son livre Le café des écorchés, le titre m’a de suite interpelée. Je remercie chaleureusement la romancière de m’avoir confié ce service presse via SimPlement.pro en échange d’un avis honnête.

L’action se situe à Bordeaux. Pénélope, les épaules voutées, se dirige vers un rendez-vous important la boule au ventre. En chemin, elle tombe sur la devanture d’un petit café dont l’ambiance confortable et rassurante filtre à travers la porte. Attirée comme aimant, elle y entre et sa vie va prendre un nouveau tournant. Elle y trouve deux pairs d’oreille attentives et deux cœurs que la vie a également malmenés.

Cette histoire est une sorte de coup de poing. Elle livre à travers Eugénie, Pénélope et Guillaume des témoignages poignants relatifs à certains problèmes de société actuels. On y retrouve le burn-out, le viol, le manipulateur narcissique, la dureté du monde du travail et la violence conjugale. A travers leurs récits, les personnages parlent sans filtre de leur vécu.

La langue de Pénélope se délie un peu trop vite à mon goût au début du roman devant ces inconnus. Au départ, je pensais que l’intrigue se développerait de manière plus classique autour du dialogue entre les acteurs qui permettrait d’aménager progressivement un espace de conversation salvatrice. L’écrivaine a préféré aller au vif du sujet en posant rapidement de longs monologues où Pénélope et Guillaume parlent de leurs expériences avec peu d’interruptions. Cette méthode n’est pas dérangeante quand on comprend son but : sensibiliser le lecteur à ces problématiques et montrer que l’on peut y survivre. Cependant, je pense que cela aurait plus d’impact d’amadouer le lecteur en développant une atmosphère de confiance avant de lui lancer à la figure ces thématiques dérangeantes et bien trop véridiques. 

Elle aborde également l’art comme thérapie pour s’en sortir et ne pas perdre pied. Bien qu’elle ne décrit pas de scène de peinture ni les toiles des personnages, elle met l’accent sur la guérison par l’art. Des poèmes ponctuent chaque témoignage comme un point final montrant qu’ils ont surmonté leur passé en le partageant avec des âmes chaleureuses, à l’écoute et compréhensives.

La narration relatant le vécu des personnages leur donne de la profondeur et une grande humanité. C’est encore une fois, les misères qu’ils ont traversées qui les rendent si palpables. C’est ce qui a permis la création d’un lien entre eux et la lectrice que je suis.

La plume de Frédérique Mosimann est simple et sans fioriture. Elle est parfaite pour exposer ces thèmes et toucher un maximum de lecteurs. Nul besoin de lyrisme, cela diminuerait la puissance de ses propos. A noter qu’elle a ajouté un guide pour dédramatiser le burn-out et pour aider ceux qui sont touchés de près ou de loin par cette maladie.

En bref, Le café des écorchés est un récit-témoignage qui délivre sans emballage clinquant ou reluisant des problématiques contemporaines qui sont importantes pour Frédérique Mosimann d’autant plus que ce livre puise dans sa propre vie. Délaissant le côté romancé, celle-ci privilégie la dénonciation de la réalité dans laquelle bon nombre d’êtres vivent ou survivent.

Une nuit dans le passé de ma mère de Dimitri Doye

  • Titre : Une nuit dans le passé de ma mère
  • Auteur : Dimitri Doye
  • Éditeur : Autoédition
  • Catégorie : drame, mystère

Les livres qui racontent la vie de gens comme vous et moi avec leurs bonheurs et leurs malheurs est un genre qui passe ou casse. Le style d’écriture et la manière de faire passer les sentiments des personnages ainsi que les thèmes abordés sont très importants pour que je m’y arrête et que j’apprécie leur histoire. J’ai accepté de chroniquer Une nuit dans le passé de ma mère de Dimitri Doye parce que l’idée sous-jacente de son roman a titillé ma curiosité : L’importance que doit avoir le passé dans la vie actuelle et son impact sur le futur. Je remercie chaleureusement l’auteur de m’avoir confié, via SimPlement.pro, son premier bébé qui semble, d’après la postface, avoir mis des décennies de gestation. 

Mélissa stationne sa voiture dans une rue d’un petit village belge. Elle fixe la maison qui lui a fait parcourir trois heures de route pour trouver des réponses. Il y a quatre mois, sa mère a mis fin à ses jours en laissant une lettre incompréhensible. En faisant des recherches pour comprendre son acte et faire son deuil, sa fille découvre une photo qui l’a amenée ici. Vers un homme du passé qui détient les réponses. La première étape, le convaincre de lui dévoiler une histoire manifestement douloureuse, n’est pas si facile que ça. Une fois la porte des secrets ouverte, on ne peut plus la refermer peu importe ce que l’on y découvre.

Dimitri Doye nous entraîne dans un récit de rédemption, de délivrance et de construction d’identité. En revenant vingt ans en arrière, Sébastien va affronter les cauchemars qui le hantent depuis la tragédie qui a touché sa dernière année d’humanités (1995-1996). Mélissa va apprendre ce que sa mère lui a toujours caché et sa manière de voir la vie et autrui va évoluer.

Si le départ du livre semble un peu long, j’ai très vite été happée par le récit et la narration éloquente de l’auteur au point d’avoir du mal à le lâcher. Pourtant, les évènements qui sont racontés ne sont pas extraordinaires, juste dramatiques lorsqu’ils arrivent dans notre vie. Ce sont des faits divers, traités généralement sommairement dans les journaux, que les personnes extérieures lisent, compatissent et oublient trois minutes après avoir laissé l’article sur la table ou éteint la télé. Le roman aurait pu être court. L’instant résumé en cinq minutes et Mélissa repartie en un rien de temps. Le choix de Sébastien de décrire en profondeur l’année scolaire au lieu de synthétiser les élèves à un seul événement tragique de leur vie est une sorte d’hommage et un pied de nez aux journaux qui les déshumanisent presque comme si ce n’étaient que des rats écrasés sur la route.

Le point de vue choisi par Dimitri Doye est universel. Cela permet d’alterner les ressentis des protagonistes et de voir à travers les yeux d’un adulte ayant vécu une expérience traumatisante qui le poursuit depuis vingt ans, et une adolescente de 18 ans qui tout en ayant été confrontée à un drame, possède encore l’énergie de la jeunesse. Peu à peu, Mélissa se remet en question et cesse de juger l’épave qu’elle a devant elle et qui revit avec douleur et bravoure un épisode désagréable pour qu’elle en apprenne plus sur sa mère et son acte.

Ce roman est bourré de philosophies de vie diverses. Il apprend à briser les apparences, à se positionner dans les chaussures d’autrui, à trouver la force de vivre avec un lourd passé et surtout la culpabilité et la responsabilité qui s’en suivent. Qui ne s’est jamais demandé à un moment donné de sa vie comment ça se serait passé si…. ? Un passage m’a profondément touchée par sa véracité :

« Certaines personnes disent que nous avons la vie que nous méritons.

Avant de juger la vie des autres, ces personnes estiment-elles avoir la vie qu’elles méritent ?

Certes, nous récoltons généralement ce que nous avons semé, comme le dit si bien le dicton.

Cependant il arrive bien souvent que nous ne récoltions pas à sa juste valeur ce que nous avons semé ou ce que nous espérions récolter lors des semailles.

Après ce que nous avons vécu, j’ai longuement réfléchi à ce qui s’est produit ainsi qu’aux conséquences sur chacun d’entre nous ; en toute franchise, je ne pense pas que nous ayons fait d’excellentes moissons.

Bien au contraire !

Nous ne méritions pas cette récolte !

Je veux dire par là que nous n’avions rien semé qui justifie cette récolte.

J’ai compris par la suite que la vie était aussi injuste que dans ces livres dont je me délectais ; une personne sans histoire, ne demandant rien à la vie et qui se retrouve malgré elle au cœur d’une intrigue. »

La plume de l’écrivain est agréable et descriptive. Il portraiture les pensées de ses personnages sans filtre et les nargue à l’aide de la petite voix de la raison. Celle qui ne cesse de nous juger, de nous critiquer et de nous houspiller. Bien que la trame soit dramatique, l’humour est présent par petites touches sous la forme du cynisme. Par moment, quelques clichés font leur apparition comme le seul fait de posséder une moto permet de facilement embrasser une fille ou la drague poétique à deux balles de Sébastien ado. Ces phrases me font soupirer mais d’un autre côté, elles collent avec ce que des adolescents âgés de 17 ans peuvent penser après avoir été éduqué par les séries et les films de l’époque. De plus, Sébastien est tellement peu sûr de lui qu’il ne peut se raccrocher qu’à ce qu’il a lu.

L’intrigue est développée de manière intéressante et captivante. La mise en bouche du retour dans le passé narrée par Sébastien me rappelle la façon de construire un roman. C’est un peu comme une mise en abyme du métier d’auteur. Le déroulement du mystère est méticuleusement déployé. Bien que certains indices et un peu de recoupement personnel permettent de savoir des points de l’histoire avant leur divulgation, Un nuit dans le passé de ma mère n’en perd pas pour autant sa saveur. D’ailleurs, j’avoue avoir versé une petite larme à la fin.

Enfin, une certaine nostalgie m’a envahi durant certains épisodes en raison de ma nationalité, de ma personnalité et d’un évènement qui s’est produit également lors de ma dernière année à l’école. Si je ne vais pas m’attarder sur les deux dernières causes, je vais au moins explicité la première. Lire les explications de Sébastien sur la rhéto m’a projetée en arrière et m’a rappelé de bons souvenirs. Comme quoi, les auteurs belges devraient mettre plus en avant les particularités de notre pays non seulement parce que ça fait partie de leur identité mais aussi parce qu’ils peuvent toucher plus facilement leurs compatriotes.

En bref, Une nuit dans le passé de ma mère est un premier roman autoédité magistral. Plus qu’une histoire relatant un drame arrivé à des gens ordinaires, c’est une véritable plongée philosophique sur la vie, le passé et son poids sur l’avenir.

Emi, Lucette et la coiffeuse d’Evelyne Larcher

  • Titre : Emi, Lucette et la coiffeuse
  • Autrice : Evelyne Larcher
  • Éditeur : Librinova
  • Catégories : tranche de vie, policier

Emi, Lucette et la coiffeuse m’a été confié par Evelyne Larcher via la plateforme SimPlement.pro en échange d’un avis honnête. Un grand merci à elle pour sa confiance.

Ce livre nous plonge dans la banlieue parisienne auprès de Lucette, une mamie guadeloupéenne veuve qui mêle sa vie aux habitants de son quartier suite à la mort de son mari Nestor. Le 11 avril au matin, pompiers et policiers arrivent toutes sirènes hurlantes au bas de l’immeuble d’en face. Man Lucette se précipite sur les lieux pour savoir ce qui se passe et voir si la petite Emi Robert va bien car sa maman s’est faite agressée. Son état est grave et elle reste dans le coma pendant plusieurs mois. Les voisins du quartier sont chamboulés par cet événement qui va impacter leur vie. Chacun se demande qui a fait le coup et Lucette semble en déranger plus d’un !

Evelyne Larcher nous entraîne dans une histoire qui ressemble aux premiers abords à un Miss Marple transplanté à Paris. Man Lucette n’hésite pas à se rendre sur les lieux du crime et à s’impliquer dès le début du drame. Toutefois, son enquête est vite remisée à l’arrière plan. En effet, entre son sprint pour passer à travers la barrière des pompiers et les cinquante dernières pages, c’est principalement la vie des habitants du faubourg qui est exposée. D’ailleurs, l’investigation officielle menée par Carrie et officieuse de Man détective piétine longtemps.

Ce roman est avant tout le portrait d’un quartier. Les personnalités, les histoires, les interactions, la solidarité qui se développe suite à l’attaque, y sont décrits. Lucette est une mamie qui est cash. Elle se mêle des affaires des autres et dit ce qu’elle pense. Elle a un caractère bien trempé mais elle fait aussi attention à autrui comme durant sa carrière d’assistante sociale. Elle prend soin de la petite Emi Robert en lui faisant des gâteaux guadeloupéens et en lui contant des légendes des îles. Tour à tour, elle rouspète dans l’épicerie de Rachid et lui donne un coup de pouce quand il en a besoin. Elle imagine la relation amoureuse de la baby-sitter d’Emi avec le dentiste. Elle prend soin du chat du quartier qui assiste à la scène du crime et qui se balade librement dans tous les appartements bien qu’il ait un propriétaire.

La narration et la succession des scènes du passé et du présent des habitants se font souvent sans transition et je me suis sentie un peu perdue par moment. J’avais besoin d’un petit laps de temps pour comprendre à quelle période appartenait le passage.

La force majeure d’Emi, Lucette et la coiffeuse réside incontestablement dans le style d’écriture d’Evelyne Larcher. Sa plume est légère, humoristique, dynamique. Elle est rythmée et parfois poétique. En parlant du mari de la victime qui chronique des livres à la radio, l’autrice dépeint parfaitement sa propre façon de coucher les mots sur le papier : « Il adore quand les mots composent des partitions mélodieuses, harmoniques, rythmées. » Certaines lignes m’ont donné l’impression d’être déclamées en chanson, surtout avec l’utilisation de rimes. Enfin, la romancière use du langage antillais et arabe en les traduisant en notes de bas de page. Cela donne un certain cachet et nous plonge dans la diversité culturelle de ce quartier parisien.

En bref, si vous chercher une grande enquête menée de main de maître par une grand-mère casse-pied et attachante à la fois, passez votre chemin. Mais si vous cherchez un véritable portrait de quartier et si vous adorer les romans avec une écriture dynamique et rythmique alors foncez !