Le secret du Tsar de C. C. Mahon

  • Titre : Le secret du Tsar
  • Autrice : C. C. Mahon
  • Éditeur : Autoédition
  • Catégories : thriller fantastique, historique

L’hiver ayant finalement rejoint ma contrée en janvier, j’ai profité de la présence de la neige pour sortir Le secret du Tsar de C. C. Mahon. Une lecture de saison. Je remercie l’autrice des Plumes de L’imaginaire pour ce service presse et sa confiance !

1709. Nina débarque avec un groupe de serfs à Saint-Pétersbourg. Le Tsar délaisse Moscou pour construire sa nouvelle capitale sur les berges de la Neva. Loin de la ville rutilante qu’elle deviendra, la jeune femme découvre une cité en chantier où la boue et les insectes pullulent. Accompagnée de son amie Mikhaela qu’elle veut protéger à tout prix, elle mentira sur ses compétences de couturière pour la suivre aux cuisines où elle fera la rencontre du vieux Boden. L’étrange coupeur de légume et boucher. Dans cette ville en construction, des disparitions de jeunes femmes inquiètent Nina. Lorsque le tour de Mika arrive, elle est prête à tout pour la retrouver.  

Ce court roman nous plonge dans le récit dès les premières pages. Ensuite, le rythme devient plus lent en raison de la galerie de personnages qui nous sont présentés au fil des rencontres de Nina. Quand le malheur frappe son amie, je n’ai plus réussi à lâcher le livre bien que le déroulement de ce thriller fantastique reste classique. La plume de C. C. Mahon est efficace et brosse les scènes à coup de pinceau épais de noirceur et de réalisme. Elle exploite les lieux, les berges vaseuses d’un fleuve, et les techniques de construction de manière intelligente. Tout s’imbrique à la perfection. Vu la longueur du texte, je ne m’étalerai pas sur le world-building. Je vous laisse le découvrir en apprenant ce que cachent le Tsar et les disparitions des serves.

Le secret du Tsar est une histoire d’amitié. Nina accompagne Mikhaela dans ce nouvel endroit pour la protéger. Travaillant depuis de nombreuses années ensemble, elle ne peut lâcher son insouciante amie pleine de vie. Prudente, la jeune couturière prend des risques en se faisant passer pour une autre. Peu croyante, l’apparition de fantômes va fragiliser son monde et lui donner la confiance d’Ielenna. Contrairement à mes craintes, celle-ci sera une alliée. J’apprécie grandement que C. C. Mahon évite de tomber dans l’habituelle rivalité entre femmes, trop souvent employée dans la situation des deux serves ou dans d’autres genres.  

En bref, si Le secret du Tsar s’édifie sur la structure classique d’un thriller fantastique, l’autrice nous brode une histoire captivante. Si vous avez besoin de ce type de lecture, foncez.

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12 km sous terre de Julien Maero

  • Titre : 12 km sous terre
  • Auteur : Julien Maero
  • Éditeur : Nombre 7 Éditions
  • Catégorie : science-fiction

12 km sous terre est le dernier roman court de Julien Maero que je remercie pour sa confiance. Par ses thématiques, ce récit d’anticipation entre parfaitement dans le menu Automne Rayonnant (You cannot eat the money) du Pumpkin Autumn Challenge.  

Le gouvernement russe requiert l’aide de l’éminent géologue Igor Romanovsky pour enquêter sur un événement étrange qui se déroule à Kola. Lieu d’un des plus profonds forages terrestres, le trou s’élargit de façon inexpliquée. La mission dont le professeur fait partie doit en trouver la cause. Dans les entrailles obscures de la planète, Igor fera une découverte qui chamboulera sa conception du monde.

L’URSS a démarré un forage dans le nord de son territoire, près de la ville de Kola, en 1970. Outre l’étude du sol, l’objectif était d’atteindre le Moho (la limite entre la croute terrestre et le manteau supérieur) avec une profondeur de 15 000 m. Le projet a été arrêté à un peu plus de 12 km pour des raisons politiques et techniques.

Julien Maero base son roman sur ce brin d’histoire. Ce cratère creusé par l’homme, oublié de la plupart des gens, qui se rappelle à eux en s’effondrant sur ses bords. Pourquoi cela arrive-t-il après tant d’années ? Que se passe-t-il dans ces profondeurs ? Qui ou quoi menace la Russie ? L’auteur nous entraîne à la manière de Jules Verne dans une exploration où le mystère se construit en quelques chapitres courts et rythmés. Les secrets des équipiers d’Igor et de la présidente suscitent l’intérêt tel des filaments qui nous emprisonnent et nous attirent entre les pages qui se tournent à une vitesse folle jusqu’à la révélation… Inattendue et extraordinaire.

La chose dissimulée dans les abysses porte un message cher à l’auteur. Elle intègre la conséquence de la bêtise humaine, celle des politiciens avides et des scientifiques sans scrupules. N’essayez pas de deviner quel monstre est dévoilé à la fin (et surtout, ce que sa présence signifie), vous n’arriverez pas à vous l’imaginez tant elle est frappante et atypique. Notez que je ne lis pas beaucoup de science-fiction. Du coup, mon jugement est peut-être altéré. Toutefois, il est indéniable que Julien Maero a réussi à créer à partir du néant issu de ce trou noir terrestre, une conception exceptionnelle du monde en jouant sur la notion du microscopique et du macroscopique, mais pas dans le sens habituel des termes.

Cette fin m’a vraiment bluffée. C’est le point fort du roman. Les personnages sont bien construits, même si certains sont peu esquissés. Igor a la grosse tête. Nommé chef d’équipe, il ne cesse de se disputer avec Ivan qui a plus de qualité de leader. Sa curiosité scientifique lui confère un certain courage face à la menace.

Brossons les autres membres de la mission : Ivan se présente comme un foreur asocial, taiseux et mystérieux. Son attitude soulève la suspicion, car il possède de multiples talents qui les sauvent. Des aptitudes qu’un simple foreur n’a généralement pas. Les frères Rybakov sont des militaires associés au groupe pour le protéger. Et enfin, nous avons Evgeny, un sismologue et Mikhail le pilote d’hélicoptère. Que des hommes ! Oui, mon sourcil s’est levé jusqu’à ce que j’apprenne que la Russie était dirigée par une femme. Une seconde femme apparait au cours de l’histoire et aura un rôle plus ordinaire vu qu’Igor en tombe amoureux. Svetlana prend soin de son père dans les bois, proche de Kola. Elle a fait des études de géologie. L’énigme du forage, la pousse à suivre la mission.

La plume de Julien Maero nous plonge dans les paysages enneigés de la Russie. Il distille des données scientifiques de façon compréhensible. Élaborant le mystère avec brio, il nous emmène dans l’obscurité où l’horreur nous attend. Si vous aimez les animaux faites demi-tour, les humains ne sont pas les seuls à subir la violence brute de la chose.

En bref, 12 km sous terre porte un message percutant. Il intègre et joue avec plusieurs notions scientifiques pour stimuler notre cerveau face au mal qui ronge la planète. Avec sa plume affutée, il nous entraîne vers les abysses insondables et incroyables.

The Winter of The Witch (The Winternight, #3) de Katherine Arden

  • Titre : The Winter of the Witch (The Winternight, #3)
  • Autrice : Katherine Arden
  • Éditeur : Del Rey Book
  • Catégorie : fantasy

Avec l’approche de la fin de l’année, j’ai sorti de ma pal le troisième tome de la trilogie The Winternight avec un mélange d’excitation et de crainte propre à la clôture d’une saga que l’on aime. Cette envie de vouloir connaître la suite de l’histoire mêlée au désir que ça ne s’arrête jamais tant elle nous plaît.

Comme toujours, si vous n’avez pas lu les précédents tomes, je décline toute responsabilité concernant les divulgations.

The Winter of the Witch débute sur les vestiges de l’incendie qui a ravagé une partie de Moscou et de son palais. Dimitri, le prince, désire d’abattre les Tatars qu’il tient pour responsables, bien que l’origine du carnage soit Vasya. Malgré son statut de sorcière et le dégoût qu’il lui porte toujours après sa « tromperie », il souhaite l’acheter : son aide pour dénicher l’ennemi en échange d’un époux. Cependant, il n’aura même pas le temps de lui proposer son marché. Comme dans toute catastrophe, on cherche un coupable pour canaliser la colère du peuple et Konstantin l’a bien compris. Grâce à son éloquence, il dirige leur ire vers la femme qu’il déteste le plus au monde, la sorcière Vasya.

Le troisième opus est divisé en cinq parties qui se concentrent sur des épisodes précis qui clôturent un pan d’histoire avant de commencer l’autre en détenant à chaque fois un élément qui sera important pour la bataille finale. Je ne vais pas les détailler pour éviter de dévoiler tous les retournements de situation. Je vais plutôt me focaliser sur le rythme du roman. Les premiers chapitres m’ont paru courts par rapport à ce que j’avais pu lire lors des précédents livres, par la suite ils reprennent une envergure conventionnelle pour la saga. La cadence de départ s’avère donc élevée, comme si l’autrice plaçait vite ses derniers pions sur l’échiquier, ce qui convoie l’urgence de la situation.

La structure de sa narration, son habilité à construire l’ambiance et les scènes avec une économie de mots, cette capacité à aller droit au but constituent quelques raisons pour lesquelles j’adore l’écriture de Katherine Arden. The Winter of the Witch contient beaucoup d’événements. Même si on est au dernier tome, on découvre encore une partie du monde qu’elle a élaboré avec le royaume inaccessible à ceux qui n’ont pas l’œil. Cette richesse est maîtrisée sans que ça paraisse être de trop. Rien ne semble inutile et tout reste lié à aux précédents tomes, comme si on voyait enfin la ramure de l’arbre après avoir scruté ses racines.

Le troisième volet met en valeur l’importance de la famille avec l’évolution de Sasha que j’ai fortement appréciée. Je ne m’attendais pas à ce qu’il aille jusque là. Un deuxième personnage qui m’a marqué malgré le peu de temps qu’elle apparait est Olya qui démontre que les femmes de cette lignée portent en elles une grande force, comme son sang-froid dans une situation horrifique l’a prouvé.

La romancière lie les filaments de sa narration pour unifier les peuples qui composent la Russie en prônant le droit de vivre sous le même drapeau sans persécution, au-delà des croyances et des apparences. Une alliance pour vaincre le mal, en utilisant également des êtres peu recommandables, afin d’arriver à cette paix qui demande des sacrifices. Elle parle aussi de la difficulté de rester droit dans ses bottes par rapport à ses principes. De résister à la soif de pouvoir qui draine le bon sens en rendant les gens fous de puissance, magique ou non. En gros, la folie des grandeurs que même Vasya va devoir combattre.

En bref, The Winter of the Witch clôture une saga magnifique qui porte des messages forts et teintés de réalisme avec une héroïne qui doit vaincre sa propre noirceur et les préjugés pour obtenir enfin la reconnaissance de sa valeur pour ce qu’elle est et non ce qu’elle devrait être. C’est une trilogie que je relirai avec plaisir dans le futur.

The Bear and the Nightingale (Winternight, #1) de Katherine Arden

  • Titre : The Bear and the Nightingale (Winternight,, #1)
  • Autrice : Katherine Arden
  • Éditeur : Del Rey book
  • Catégorie : Fantasy

The Bear and the Nightingale ouvre une porte sur le folklore de la Russie médiévale. Dans un hameau, Dunya raconte au coin du feu les légendes du pays. Celles-ci nourrissent la petite Vasilisa qui devra s’armer de courage pour protéger les êtres qu’elle chérit tout en restant elle-même.

Le roman est divisé en deux parties. La première dévoile le cadre de l’intrigue en parlant de la famille de Vasya, du remariage de son père, de la relation exécrable avec sa belle-mère (qui rappelle Cendrillon) et de l’environnement dans lequel elle grandit. C’est une grande introduction qui place les éléments de l’univers et les pions sur l’échiquier. On plonge dans la Russie du XVe siècle où croyances chrétienne et païenne se côtoient. La deuxième ne vivant plus qu’à travers les récits oraux et les yeux de Vasya qui prend soin des esprits de la maison et des étables. La seconde partie du livre présente la rupture de l’équilibre lorsque le christianisme par le zèle de la belle-mère qui a une peur bleue des créatures fantastiques, et du nouveau prêtre qui fut envoyé dans ce village perdu, détourne les paysans des gestes quotidiens qui permettaient aux invisibles d’assurer leur rôle de gardien. Une baisse de bouclier qui tombe très mal alors que le réveil de l’ours provoque un terrible hiver.

Ce tome ressemble à un conte où la magie prend vie au cœur même des forêts enneigées russes. Si l’histoire de la naissance d’une sorcière qui protège les anciennes coutumes et qui abordent un comportement en contradiction avec les bonnes manières et le destin d’une fille, n’est pas originale, le récit a tout de même réussi à me captiver grâce au folklore et à l’authenticité de ce royaume des tsars, notamment par l’utilisation de termes russes repris dans un glossaire. Je ne suis pas habituée aux livres qui mettent en scène ce pays ou son histoire. C’est l’habilité de l’autrice à faire vivre cette époque, son environnement, ses croyances, son atmosphère qui m’a convaincue tout comme sa plume poétique et imagée.

Le personnage de Vasilisa est accrocheur et déroutant. C’est le genre de petite fille innocente qui est capable d’émettre des vérités avec une telle franchise et sans animosité que les gens se méfient d’elle. Surtout le prêtre qui ne l’aime pas beaucoup. Quand elle parle avec les esprits, ses paroles portent parfois la naïveté de l’enfant qu’elle est et ça donne un certain cachet. Elle ne dérange pas seulement par ses observations mais également par son côté garçon manqué. Elle préfère courir dans la forêt, monter à cheval et garder sa liberté que de passer ses journées à coudre et à cuisiner.

En bref, The Bear and The Nightingale est une merveilleuse plongée dans les contrées enneigées russes où le folklore continue à survivre grâce aux efforts d’une gamine qui bouscule les conventions pour garder sa liberté et son identité.