L’affaire Octavia Effe de Ziska Larouge

• Titre : L’affaire Octavia Effe
• Autrice : Ziska Larouge
• Éditeur : Éditions Académia
• Catégorie : polar

Suivant mon envie de thriller/polar, je me suis plongée dans le deuxième livre de la collection Noirs desseins chez Académia Éditions que je remercie pour ce service presse proposé lors du Salon du Livre de Wallonie à Mons.

Le 8 juillet 2018, un motard est renversé sur une route à Nagué-sur-l’Oust dans Le Gers. Les policiers l’identifient comme étant Mathieu M. le mari de la célèbre romancière Octavia Effe de la série Huit. Le problème ? Les fichiers montrent que cet homme n’a aucune existence légale. Les enquêteurs Joy Froissart et Michaël Cornillac se lancent sur les traces de l’écrivaine disparue dont la maison a été nettoyée de fond en comble.

J’ai eu le coup de foudre pour la plume de Ziska Larouge. Dès le départ, j’ai été conquise par son style cynique, satirique et visuel qui rappelle les séries télé policières mêlant humour et mystère. Sa légèreté et sa simplicité n’enlèvent rien aux thèmes cruels et durs qu’elles traitent au cours de son récit. Elle ne ménage pas ses personnages dont les interactions amènent de l’épaisseur et du réalisme sur cette scène qui nous emmène de la France à la Suisse en passant par la Belgique.

La structure ne fait pas seulement intervenir les enquêteurs ou les acteurs secondaires nécessaires à l’histoire. Certains passages rappellent des rapports d’enquête desquels nous lisons les commentaires. Des interviews et des émissions télé sont retranscrites avec soin, à côté d’articles divers, ainsi que des extraits de la saga Huit. La justesse de ce contenu renforcée par l’intervention de présentateurs et d’ émissions réels, a réussi à me faire douter, à me donner l’illusion qu’Octavia Effe existait vraiment. Je me suis retenue de cherche son nom sur Internet !

Ziska Larouge écrit telle une marionnettiste capable de manipuler ses lecteur.rices. Elle prépare le terrain dès la mise en bouche qui nous avertit d’une part de réalité et d’imaginaire. Cette ligne mince entre les deux mondes est d’autant plus forte quand les révélations nous sont présentées. Attendez-vous à ne pas sortir indemne de cette histoire. Surtout si vous écrivez vous-même. Le sens de certaines paroles vous prendra aux tripes, car la romancière les a poussés à leur paroxysme.

Joy Froissart et Michaël Cornillac ne sont pas seulement policiers, ils sont mariés et viennent d’avoir un bébé. Joy ne supporte pas Lynette et culpabilise sans que son compagnon le remarque. J’ai beau lire de nombreux livres, c’est la première fois que je rencontre le thème de dépression post-partum dans un polar. Je ne pense pas que ce soit un hasard que ce sujet soit aux abonnés absents dans notre belle société. Si on le croise dans les récits, la mère est souvent répudiée et montrée du doigt. Cette maladie est parallèle à l’intrigue principale. Elle n’en reste pas moins traitée d’une manière équilibrée et saine par l’autrice. Elle passe par l’incompréhension de Michaël et de la belle-mère. Cependant, Ziska Larouge ne juge ni ne condamne la maman, l’épouse et la femme.

Malgré le trouble provoqué par cette dépression, Joy garde la tête sur les épaules dans son métier. Son flair implacable l’amène sur la bonne piste. Cette enquête la transformera de bien des façons.

Michaël, quant à lui, est plutôt papa poule. Il prend soin de son enfant comme devraient le faire tous les pères, et se sent désemparé face au comportement de Joy. Toutefois, ne lui attribuez pas tout de suite le trophée du super papa qui s’occupe de son bébé et gère le boulot comme un dieu.

En bref, L’affaire Octavia Effe est une pépite. Son style vibrant, cynique et dynamique gomme la frontière entre réalité et imaginaire avec brio. Si les pièces du puzzle réparties au cours du récit par Ziska Larouge s’imbriquent avant qu’elle lève le voile sur l’affaire, les révélations ne perdent pas de leur importance et de leur cruauté.