- Titre : La fleur de l’illusion
- Auteur : Keigo Higashino
- Éditeur : Acte Sud
- Catégorie : polar
Cela faisait un bail que je n’avais pas lu un polar. Keigo Higashino étant une valeur sûre pour moi, j’ai déterré La fleur de l’illusion de ma PAL.
Quatre histoires, un seul fil conducteur.
Un matin, une femme accompagne son mari à la gare lorsqu’un fou surgit et les massacre au katana.
Alors qu’il participe à la traditionnelle visite du marché aux ipomées avec ses parents, Sōta rencontre Iba Takami avec qui il s’entend bien. Un jour, elle disparaît de sa vie sans explication.
Nao, jeune musicien prometteur se suicide un soir sans signes annonciateurs, ni lettre d’adieu présentant ses raisons.
Le corps d’Akiyama Shūji est découvert par sa petite-fille Lino, un après-midi. La maison est sens dessus dessous, ce qui amène les policiers à penser à un vol qui aurait mal tourné. La disparition d’une fleur marque le doute dans l’esprit de l’enquêteur Hayase.
La mise en place du récit prend du temps. Si vous lisez le résumé copieux à l’arrière avant votre lecture, vous vous rendrez compte qu’il raconte quasiment le tiers du roman. Keigo Higashino décrit ses pions avec le naturel dont il a le secret. Au début, on se demande en quoi les aspects du quotidien, les échanges entre les personnages et le déroulé de l’enquête sont importants. Certains éléments semblent superficiels, anodins et, pourtant, tout a un sens, une cohérence. Chaque pas inscrit par l’auteur est une pièce du puzzle qu’il a créé.
L’écrivain a ce talent d’accrocher son lecteur malgré la banalité qu’il dépeint en lançant son appât, la petite phrase, qui change la donne et engendre le mystère, le questionnement. Je suis toujours épatée de voir à quel point sa plume est efficace. Toutefois, j’ai trouvé les personnages de La fleur de l’illusion trop unidimensionnels. C’est comme s’ils incarnaient un seul principe et non les nuances des personnes.
Hayase se définit par son échec dans son rôle de père. Il s’investit surtout dans l’enquête pour son fils en raison du service que lui a rendu Akiyama Shuji lorsqu’il était adolescent. Lino est une ancienne nageuse professionnelle qui avait décidé de lancer un blog sur les fleurs de son aïeul. On ne comprend pas trop pourquoi, elle s’investit autant dans la résolution de son meurtre. Je ne peux que supposer la raison. Elle ne sait pas quoi faire de sa vie et son grand-père était le seul à ne pas la mettre sous pression face à son échec. Son acolyte Sōta entretient des relations difficiles avec son demi-frère, Yosuke, qui se fait passer pour un botaniste auprès de Lino, alors qu’il est fonctionnaire au sein de la police dans un autre secteur que la cellule qui enquête sur le cas Akiyama. Cette distance ainsi que la remise en question de son avenir (il étudie le nucléaire après Fukushima) le pousse à aider Lino.
Au-delà de ses quelques traits, je ne peux vous dépeindre plus de caractéristiques de ces personnages. C’est sans doute pour cela que la résolution ne m’a pas ébranlée ou surprise outre mesure. Seule la manière de dérouler l’intrigue par Keigo Higashino m’a maintenue en haleine. Je n’ai eu aucun attachement pour ses personnages.
À travers son récit, le romancier aborde diverses thématiques. L’impact de l’incident de Fukushima sur la vie des étudiants et des personnes qui avaient décidé de suivre la voie du nucléaire ou sur leur famille. Il montre des points de vue intéressants sur les raisons qui poussent certains à s’y investir et qui vont à contre-courant des idéologies simplistes. Sōta voulait éliminer les énergies fossiles en développant le nucléaire qu’il croyait plus sûr. Il a une volonté écologique derrière le choix de son futur. S’il doute au début du roman, il réaffirme son investissement dans le domaine après les révélations en changeant d’optique, d’objectifs.
Naoto et Lino incarnent la facilité et le talent ainsi que l’incompréhension que ceux-ci engendrent. Le premier réussit quasiment tout ce qu’il fait. Il est bon en sport, aux études et en musique. La deuxième est douée en natation. Quelle différence me direz-vous ? La facilité concerne les personnes qui apprennent et intègrent plusieurs domaines avec peu de travail, toutefois, elles n’atteignent jamais la perfection même en se donnant à fond, tandis que le talent est l’excellence après des heures de boulot. La facilité a souvent comme conséquence la peur de décevoir les autres, car on n’y arrive pas aussi bien que ceux qui sont doués.
Enfin, Keigo Higashino évoque la biotechnologie et les mutations des plantes qu’elles soient naturelles ou façonnées par la main de l’homme.
En bref, La fleur de l’illusion est intéressant par la multiplicité des histoires contées au départ et la manière dont l’auteur arrive à les relier entre elles autour d’une plante mystérieuse. Si je n’ai pas deviné les révélations, celles-ci ne m’ont pas estomaquée comme d’autres de ses policiers (le Dévouement du suspect X ou Un café maison par exemple) ont pu le faire par le passé. Sans doute par la minceur de la psychologie des personnages qui sont tous trop dans la retenue et l’unidimensionnalité.