- Titre : Rendez-vous au Café du bonheur
- Autrice : Lucy Diamond
- Éditeur : Éditions Charleston
- Catégories : feel-good, comédie romantique
J’ai acheté cette lecture au printemps dernier en suivant mon besoin de rire et de positivité. Du coup, mes attentes n’étaient pas très hautes, je ne croyais pas rencontrer le livre qui changerait ma vie, juste un bouquin qui égaierait un peu cette période anniversaire du confinement qui me plombait le moral sans trop savoir pourquoi. Malheureusement, il n’a pas rempli la petite mission que je lui avais confiée.
Évie travaille dans une boite qu’elle déteste et vit aux crochets de son copain Matthew. Elle se plaît dans ce cocon, bien qu’elle porte en vérité un masque. Lorsque la réalité la rattrape avec la mort de sa tante adorée Jo, elle comprend qu’elle ne possède qu’une chance de vivre vraiment. Acceptant l’héritage de sa parente, elle emménage pour bien des galères à Carrawen Bay pour empêcher le Café du bonheur de sombrer dans l’oubli.
Le pitch de départ est attirant. Les premières pages qui relatent d’une manière saugrenue la venue au monde d’Évie m’ont de suite plu. Elles me promettaient un personnage à part. Le petit mouton noir de la famille qui va se démener comme un beau diable pour faire renaitre de ses cendres le joyeux café du passé. Toutefois, le portrait s’est vite dénaturé. Si Évie est marginale, elle ne l’est que pour sa situation de femme trentenaire sans enfant et sans alliance à l’annulaire, malgré le fait qu’elles vivent depuis longtemps avec Matthew, ce manipulateur invétéré qui ne fait aucun compromis et étouffe sa compagne ainsi que son plaisir.
En effet, on réalise rapidement qu’elle est incapable de gérer sa vie et sa petite personne, ce qui pourrait être intéressant au vu de l’intrigue, mais qui devient pesant au bout de quelques pages, car elle déplace le pion de sa vie uniquement sous l’impulsion des autres et des hommes en particulier. D’ailleurs, Évie est atteinte (j’en parle comme d’une maladie vu son impact dans l’histoire) du syndrome de la princesse en détresse. Ainsi, le mouton noir se délave au cours des chapitres pour devenir gris.
Sa rencontre avec Matthew repose sur un sauvetage tout comme le fera le protagoniste masculin suivant, Ed. En débarquant à Carrawen Bay emplie de souvenirs de sa jeunesse, elle se retrouve confrontée à la dure réalité du café. Elle n’est pas la bienvenue. Les employés ont, en plus, sale caractère. Ils ont pris le contrôle de leurs horaires et de la gestion qui est désastreuse. Cette première épreuve sera résolue trop aisément, vu qu’ils démissionnent. Écarter purement et simplement les fauteurs de trouble ressort pour moi d’une facilité de l’intrigue au lieu de faire briller Évie qui perd de plus en plus son côté femme forte.
Vous l’aurez compris avec ces exemples, le portrait du protagoniste principal brossé avec humour en introduction de l’histoire s’est donc vite étiolé pour devenir fade malgré un personnage empli de défauts contre lesquels il doit se battre pour gérer le café et se (re) construire tout en faisant son deuil.
La fausse image de mouton noir et le syndrome de la princesse en détresse ne sont pas les seuls éléments qui m’ont déplu. Plus le récit avançait et plus j’ai eu cette impression d’assister à une suite d’événements juxtaposés sans réel lien entre eux. Les situations manquent de couleurs, de ce petit truc qui apporte une personnalité propre à l’histoire qui est diablement prévisible.
Au fond, le café survit plus grâce aux autres qu’à sa nouvelle tenancière. De ce fait, les thèmes de l’importance de la solidarité et de l’intégration dans une nouvelle ville, finissent par supplanter celui de départ : profiter de la vie courte comme on l’entend en volant de ses propres ailes. Un choix qui n’est pas déplaisant, mais qui aurait pu être mieux tourné sans avoir recours à des pivots « catastrophes » qui n’ont pas réussi à produire un suspense dans l’histoire d’Évie.
Au niveau de la plume, l’autrice emploie à beaucoup de descriptions qui alourdissent la narration. Si j’avais adoré son humour au commencement de la comédie, je me suis lassée de sa touche comique au fur et à mesure qu’elle levait le voile sur Évie.
En bref, Rendez-vous au café du bonheur fut une lecture décevante. Mon avis est certainement teinté par l’humeur de l’époque et mon besoin avide de positivité, pourtant je ne suis pas sûre que dans d’autres circonstances j’aurai apprécié ce livre, car mis à part un brin de rire, je n’attendais pas grand-chose jusqu’au moment ou l’introduction m’a fait miroiter une fausse image de la protagoniste principale. Seuls les sujets de la solidarité et de l’acceptation parmi une communauté ont relevé le roman.