- Titre : Les moustaches de la sagesse
- Sous-titre : Conte du chat Salomon qui tomba des étoiles
- Autrice : Sheila Jeffries
- Éditeur : Pocket
- Catégories : drame, conte
Les moustaches de la sagesse a attiré mon regard quand je parcourais les rayonnages d’une boutique de livres de seconde main. Un roman mettant en scène un chat qui provient des étoiles ? Il ne s’agit pas de science-fiction avec un extraterrestre enveloppé dans un corps de félin mais d’une sorte d’ange pour améliorer la vie et apporter du bonheur à sa famille d’accueil. Cette histoire est inspirée de la rencontre entre Sheila Jeffries et un chaton une nuit d’orage et de ce qu’il lui a amené ainsi qu’à son mari et aux gens qui les entouraient comme elle l’explique à la fin du volume.
Auparavant, Salomon était le chat d’Ellen lorsqu’elle était enfant. Celle-ci connait bien des tracas dans sa vie d’adulte. Sa mère demande au chat-esprit de retourner sur terre pour l’aider. Amoureux de son ancienne humaine et plein de bonne volonté, Salomon accepte avec joie et le voilà propulsé dans le corps d’un chaton tuxedo (noir aux pattes blanches). Il part à la recherche de sa précédente propriétaire à bord d’un camion et avec l’aide de son ange gardien. Une fois sur place, il se rend compte de deux choses : le mari d’Ellen est horrible avec elle et il n’est pas le premier chat de la maison. Il va devoir amadouer Jessica la terrible.
Aux premiers abords, l’intrigue parait se diriger vers une petite comédie tachetée d’épreuves noires. En réalité, Les moustaches de la sagesse est bien plus triste et dramatique. On est loin de l’histoire gentillette où le chat héros va apporter du bonheur à coup de pirouettes et d’actes de bravoure inimaginables pour un félin comme tant de films et de livres peuvent le mettre en scène. Ici, Salomon a seulement un rôle réaliste de chat guérisseur. Il ronronne quand tout va mal et apaise par ses ondes sonores. Il fait rire par ses cabrioles avec Jessica comme le font les chats réels. Il n’a donc qu’un rôle de soutien et non de moteur de l’histoire, en plus d’être le narrateur du roman.
La psychologie des personnages et les événements manquent de profondeur. L’autrice explique ce qui se passe ainsi que la raison principale qui se cache derrière les faits, mais le passé de ses protagonistes est quasi inexistant. Du coup, je ne me suis attachée à aucun d’entre eux. A la fin, j’ai eu une petite montée de larmes mais elles ont été causées plus par mon propre vécu avec l’un de mes anciens chats.
Cette absence de travail des acteurs est dommage par rapport à la gravité des drames qui se jouent. C’est comme avoir un traitement superficiel d’un fait bien trop courant et récurrent dans notre monde. En effet, Ellen fait partie de l’une de ses nombreuses femmes, épouses et jeunes mères qui n’osent pas quitter un mari colérique, violent, alcoolique et irresponsable. A cause de la société, de la manière dont on montre les femmes, elle ne pense avoir ni la force ni le pouvoir d’assumer seule l’éducation de son fils John et sa propre vie. Avec cette base, j’ai eu des craintes quant à la fin heureuse que la romancière pourraient offrir. Finalement, la direction choisie est plus convenable que je l’ai supposé même si un élément ne me plait pas totalement. Je n’en dirais pas plus pour ne pas spoiler.
La plume de Sheila Jeffries est plutôt simple et se laisse lire. A l’origine, elle a écrit beaucoup de livres pour enfants et cela se ressent dans la narration et son style. Je crois que ce roman peut donc être abordable pour les jeunes malgré la situation familiale d’Ellen.
En bref, Les moustaches de la sagesse est un petit conte plus sombre que ne le laisse penser le résumé. La légèreté et le manque de profondeur ne rend pas l’histoire assez concrète et touchante pour les adultes mais elle pourrait du coup aider à sensibiliser les jeunes sur la violence faite aux femmes en ouvrant le débat avec eux après la lecture.